L’«offre politique» du président de la République, Abdelmadjid Tebboune, n’a pas eu apparemment un écho favorable auprès de la classe politique de l’opposition. «Cela s’apparente à un ballon-sonde venu sous la forme d’une initiative officieuse appelée rassemblement», a déclaré à cet effet le coordinateur national du Mouvement démocratique et social (MDS), Fethi Ghares. Lors d’une conférence de presse tenue au siège de son parti, celui-ci a estimé que ce «rassemblement» n’est qu’une «forme de soumission au choix du régime».
Une initiative lancée, rappelle-t-il, «dans un contexte répressif, dont l’objectif est de transformer un climat politique révolutionnaire en un climat du pouvoir de fait». Il est aussi question de «semer le doute» au sein de la population réclamant le changement, «pour lui faire sentir que les objectifs ne peuvent être atteints», afin, poursuit-il, «d’accepter ce fait accompli».
Le coordinateur national du MDS, qui, faut-il le rappeler, a passé près de neuf mois en prison entre juin 2021 et mars 2022, a estimé que la répression caractérisant la scène politique nationale actuellement «est une question de temps». «C’est un moyen provisoire pour arriver à une situation politique donnée», a-t-il tranché. Un rapport de force donc que le régime voudrait rééquilibrer en sa faveur, avant de revenir à la situation d’avant-février 2019. «Il cherche un multipartisme de façade. Un soutien critique», a-t-il déclaré. Pour Fethi Ghares, si le processus devant mener au changement démocratique souhaité a été «ralenti» – il se refuse de parler d’échec – c’est «à cause de l’élite politique» victime de ses «insuffisances intrinsèques» et de «la logique répressive du pouvoir».
«Le changement avec ou sans l’opposition»
Pour le premier responsable du MDS, «le changement se fera avec ou sans l’opposition». Autant donc, renchérit-il, faire en sorte d’être en phase avec les aspirations du peuple. «Il faut s’unir contre ce régime. Le changement démocratique est inéluctable. Il se fera avec ou sans nous.
Le régime en a conscience, c’est pour cela que sa répression est à la hauteur de ses craintes», a-t-il dit à ce sujet. Revenant sur la mise en demeure adressée par le ministère de l’Intérieur au MDS, Fethi Ghares a expliqué que ce qui est reproché au parti est le fait «d’accueillir des activités de la société civile ou en lien, par exemple, avec la défense des détenus d’opinion».
En somme, poursuit-il, des activités «qui ne soutiennent pas le régime». Cette mise en demeure, ajoute-t-il, est «dans la continuité de la répression qui cible la classe politique, avec toutes les mises en demeure et procédures lancées contre le PST, RCD ou UCP». «Le régime ne tolère plus d’opposition», a-t-il lancé, avant d’affirmer que «le parti poursuivra son combat, que ce soit à l’intérieur ou en dehors du siège».
D’ailleurs, ces contraintes que vivent les formations politiques de l’opposition sont la preuve, indique-t-il, que le régime «n’est pas prêt à faire la moindre concession». Intervenant à la fin de la conférence de presse, l’ancien responsable du FFS, Ali Laskri, a tenu à relever la symbolique de la date du 14 mai, puisque c’est une année jour pour jour, rappelle-t-il, qu’a eu lieu la dernière marche du hirak.