Sa situation juridique reste des plus floues bien que le directeur des domaines faisant partie de la délégation assène : «C’est une terre de l’Etat». En pénétrant pour la première fois dans le périmètre s’étendant sur plus de 20 hectares de ce no man’s land, on a l’impression de revoir ces bidonvilles que le développement a presque enterrés. Disons que les 160 familles qui le peuplent et dont beaucoup vivent d’élevages et de cultures vivrières restent les oubliéEs du développement. Et pour cause, dès qu’on aborde le chemin cahoteux et sinueux qui mène jusqu’au point qui fait office de centre de ce douar enclavé entre fermes et Sénia, on reste impressionné de constater qu’en 2023, il existe encore des ceintures de la misère que certains ex-ministres de la république disaient avoir éradiquées. C’est dans ce contexte qu’est intervenue, samedi, la visite du chef de l’exécutif, du secrétaire général de la wilaya, PAPW, chef de daïra et quelques directeurs d’exécutifs entre autres. Certains pères de familles y sont quand même nés dans ce patelin qui ne figure dans aucun agenda d’une quelconque administration, mis à part l’Assemblée populaire communale de Tiaret qui a consenti à déposer trois grandes citernes de 3000 litres chacune pour que cette population s’alimente en eau potable et réalisation d’une petite chaîne pour l’éclairage public pour les soustraire de l’insécurité. Le reste relève de la débrouillardise. Pour l’énergie électrique, la rétrocession bat son plein alors que pour la scolarisation de quelque 300 enfants, «la satisfaction est relative», quand bien même ces élèves ne mangent plus à leur faim dans la cantine depuis la reprise en janvier dernier. Idem pour les collégiens qui étudient à quelque 2 kilomètres plus loin au niveau de l’ensemble urbain Ait Ameur Meziane Saïd (ex-Kerdjou). «La situation de ces cantines qui n’offrent plus de repas à ces bambins devrait être éclaircie», tempête Ali Bouguerra. «Il n’est pas question de laisser un quelconque citoyen algérien en proie à la hogra», renchérit le wali à l’endroit d’une voix qui s’élève du fond de la foule. C’était M. Chikhaoui qui disait : «Vivre enfoui sous terre sans que personne daigne se soucier.» Concernés donc par le devenir de ces Algériens pas comme les autres, les chefs de daïra de Tiaret, directeur de l’agriculture, du logement et celui des domaines entre autres devraient plancher pour trouver une solution radicale tant que la volonté de l’Etat est soulignée de valoir de meilleures conditions de vies à ces citoyens de seconde zone à l’aune de ces batailles engagées dans le cadre du développement des zones d’ombre. Le wali, avant de regagner ses bases, a quand même instruit le chef de daïra à l’effet de recenser cette population et proposé l’inscription d’une opération d’injection d’un ensemble d’habitat rural groupé qui sied à la nature de ces terres agricoles. «Je vous promets que ce douar fera l’objet d’un suivi rigoureux», conclut le chef de l’exécutif sous une joie contenue de la foule de quidams mais aussi, fait insolite au milieu d’une dispute qui éclata entre deux résidants, dont chacun réclame l’ancienneté dans ce village. L’occasion pour Larbi Ouadhahi d’expliquer que l’APC de Tiaret a procédé depuis 2017 au recensement de quelque 2700 habitations relevant de l’habitat précaire. Sur ces 2700, il y a le cas du bidonville de Karman à l’autre bout de la ville et d’autres pâtés comme à Salsoul, Derssaya, Zaballa, Diar El Hana, cité Chaib Mohamed et d’autres disséminés au niveau de la cité des Pins et à la rue Thiers au cœur de la ville de Tiaret.