Fermé depuis 2003, ce site stratégique reprendra du service fin 2024 : Complexe agroalimentaire de Corso, fin d’un gâchis ?

27/08/2023 mis à jour: 01:57
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Photo : D. R.

Après 20 ans de cessation d’activités, le complexe agroalimentaire de Corso renaît petit à petit de ses cendres. Sérieusement endommagé par le séisme de 2003, ce site hautement stratégique et l’un des plus grands d’Afrique, a fait l’objet mercredi dernier de la visite du ministre de l’Industrie et de la Production pharmaceutique. M. Aoun a eu droit à un exposé détaillé sur l’importance de ce complexe et l’état d’avancement des travaux de sa réhabilitation.

Intransigeant, le ministre a donné des instructions fermes pour que ce grand mastodonte  reprenne du service avant fin 2024. L’enjeu n’est pas des moindres ; ce complexe qui s’étend sur une superficie de 28 ha permettra à l’Algérie d’augmenter considérablement ses capacités de stockage des céréales et de légumes secs. Réalisé en 1978, le site est géré par Eriad Alger devenu Agrodiv en 2018.

On y trouve 35 silos de 70m de hauteur pouvant emmagasiner jusqu’à 1,25 million de quintaux de céréales. Sa fermeture depuis 2003 a été vécue comme un coup très dur par ses anciens employés (800), les agriculteurs et les habitants de toute la région. «C’est un gâchis aux conséquences incalculables pour l’économie nationale et locale. Le site employait avant le séisme plus de 800 personnes», dira Ali, un élu à l’APC de Corso.

En sus des silos, le complexe abrite une minoterie, une grande semoulerie, une boulangerie industrielle d’une capacité de production de 150 000 baguettes/j, un carport, plusieurs hangars, des ateliers annexes, des bâtiments administratifs, un centre médico-social ainsi que des structures communes pour les employés. Ces ouvrages ont été endommagés à différents degrés par le séisme de 2003. L’étude de confortement a été établie en juillet 2003 par le bureau d’étude GPDS (génie parasismique, dynamique et sismologie), présidée par le Professeur Chelghoum Abdelkrim.

Ce dernier avait alors proposé la démolition totale de la batterie n°5 et ses 9 silos, cisaillée à la base et inclinée de 30°, et  le renforcement des quatre batteries, la semoulerie et la tour modérément endommagée avec une réhabilitation totale de l’ensemble du complexe. Néanmoins, mis à part la démolition de la batterie n°5 en 2020, l’opération de réhabilitation a débuté en juin dernier.

Après des années de tergiversation et de bricolage, les autorités le cèdent au groupe Benamor dans le cadre du partenariat public-privé. Mais l’opération a viré au fiasco. Bien qu’il a bénéficié d’un crédit bancaire (1134 millions de dinars) jamais remboursé, Benamor n’y a injecté aucun centime alors qu’il devait investir 8,8 milliards de dinars après avoir bénéficié d’un crédit. Pis, une bonne partie des équipements a été bradée et d’autres déplacées hors site.

Stockage de céréales

Le matériel d’une unité de production de pâtes d’une valeur de 80 milliards de centimes avait été vendu à seulement 2 milliards de centimes comme déchets métalliques. Le scandale éclate en 2017. Protégé sous l’ère Bouteflika, Benamor finit par être rattrapé par la justice qui l’avait condamné à 8 ans de prison ferme l’année passée. Lors de sa visite au complexe, le ministre de l’Industrie et de la Production pharmaceutique a donné des instructions fermes pour que les travaux de confortement soient menés dans les délais et selon les normes requises. «Je vais renforcer le site et il sera hyper-résistant. Mieux qu’avant. Il pourra tenir plus d’un siècle», assure le Pr Chelghoum, confiant.

Entamée il y a 2 mois, l’opération de réhabilitation a été confiée à l’EPE Sersid, une filiale du groupe Imetal alors que la maîtrise de l’œuvre sera assurée par le bureau d’études Setam. Le cabinet GPDS servira, quant à lui, d’assistant technique. Le montant du projet est de 80 milliards de centimes, et on est déjà à 15% d’avancement, a-t-on expliqué. Les autorités accordent beaucoup d’intérêt à ce projet et comptent relancer ses activités dans une année. Finies donc les tergiversations et la gabegie qui ont caractérisé sa gestion post-séisme.

L’objectif étant d’améliorer les capacités de stockage des céréales du pays, une des priorités du gouvernement. En juillet dernier, le ministre de l’Agriculture et du Développement rural a fait état de 36 silos de 250 000 qx et 350 centres de proximité pour le stockage des céréales qui sont en cours de réalisation à l’échelle nationale. L’Algérie peut emmagasiner à présent 28 millions qx, cette quantité sera portée à 9 millions/t à l’horizon 2025, selon le ministère.

Durant la campagne céréalière 2021/2022 (de juin à fin mai), le pays avait importé 10,6 millions de tonnes de céréales, contre 13,1 millions de tonnes durant la campagne 2020/2021. En matière de stockage, le complexe de Corso peut, à lui seul, couvrir les besoins de 5 wilayas en blé dur et tendre. Le confortement du site permettra aussi le redémarrage de la boulangerie industrielle, de la minoterie et l’ouverture d’un centre de formation spécialisé dans les métiers de l’agroalimentaire. Une aubaine pour la région durement touchée par le chômage et le manque de projets  d’investissement. 

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