La publication des vidéos de l’ancien secrétaire particulier du général Gaïd Salah, Bounouira Guermit, sur les réseaux sociaux a provoqué un véritable tsunami sur la Toile et mis en état de choc l’opinion publique nationale.
La presse s’est gardée de publier rapidement le contenu de ces vidéos, qui auraient fuité de la prison militaire de Blida et qui portent gravement atteinte à la probité du général de corps d’armée et chef d’état-major Saïd Chengriha. Sinon, pour l’essentiel, le contenu des trois vidéos ne comporte que des généralités et surtout beaucoup de contrevérités sur le parcours professionnel de certains hauts responsables militaires et sur des faits politiques. Le but essentiel de l’adjudant-chef Guermit étant évidemment de charger le chef d’état-major et, par conséquent, porter un rude coup à l’institution militaire.
On voit déjà mal comment un haut gradé de l’armée aurait pu se transformer en un grand trafiquant de drogue et d’armes durant les années 1990 et 2000 sans que sa hiérarchie soit alertée ? L’accusation nous paraît très légère, proférée par un homme qui a tout de même volé des dossiers classés top secret. Bien sûr, le sous-officier Bounouira Guermit n’inspire pas confiance, même s’il avait celle du général Gaïd Salah, l’ancien homme fort du régime de Bouteflika.
Un militaire véreux qui a bien profité de sa proximité avec l’ancien vice-ministre de la Défense pour se constituer un patrimoine foncier et immobilier digne des grosses fortunes du pays. Premiers ministres, ministres, walis, hommes d’affaires, députés…, tout le monde lui graissait la patte pour qu’il intercède en leur faveur auprès de Gaïd Salah. L’homme était également connu pour être un régionaliste qui affichait clairement sa haine des militaires originaires de Kabylie, notamment. Comble de l’ironie, Guermit accuse Chengriha de régionalisme.
Une fausse accusation, puisque Chengriha est entouré de hauts gradés de toutes les régions du pays, y compris de Kabylie. Par ailleurs, la sortie de ces vidéos a coïncidé avec la tenue, le lendemain, du procès de Guermit. Ses avocats l’ont probablement averti qu’il risquait la peine capitale, si l’accusation de «haute trahison» était retenue contre lui. Il savait donc que son sort était scellé.
Les conditions grâce auxquelles les vidéos ont été exfiltrées de la prison militaire de Blida demeurent par contre obscures. Peuvent-elles suggérer que Bounouira Guermit ait bénéficié de complicités de très haut niveau ? Pas sûr, selon certains analystes, qui n’écartent pas l’éventualité que ces vidéos aient été filmées il y a plusieurs jours avant la tenue du procès.
Il ne s’agit pas pour nous ici de défendre le chef d’état-major Saïd Chengriha (il n’a sûrement pas besoin de nous pour cela), mais de dire qu’il y a une volonté manifeste d’ébranler la principale institution du pays, l’Armée nationale populaire (ANP), sur laquelle repose l’Etat algérien, dans le cadre d’une lutte de clans ou pour préserver des intérêts maffieux.
C’est ce que représente Guermit, un délinquant contrarié dans ses ambitions maffieuses qui cherche à régler des comptes et à se venger de ceux qui l’ont neutralisé. Toucher à l’institution militaire constitue, pour la majorité des citoyennes et des citoyens, le pas à ne jamais franchir. Même si certains hauts gradés, actuellement en prison ou en fuite, l’ont mal représentée.