La styliste emblématique Miuccia Prada et son coéquipier Raf Simons ont marqué les esprits en présentant dimanche à Milan leur nouvelle collection masculine conjuguant élégance et confort, qui vise à «libérer le corps» de l’homme, loin des conventions.
Très attendu par les fans de mode en cette troisième journée de la Fashion week, axée sur la période printemps-été 2024, le défilé s’est déroulé dans un hall austère de la Fondation Prada qui plante le décor pour un vestiaire masculin sobre, mais raffiné.
Le point de départ, c’était la «chemise blanche, la plus simple». Et à partir de cette base, «vous pouvez faire tout ce que vous voulez», et la modifier en fonction de l’«individualité» de chacun, a commenté Miuccia Prada. La liberté du corps passe par le port du short, omniprésent et décliné à l’infini, en noir, blanc, écru ou gris, assorti à des chemises et vestes du même ton. La cravate semble bannie, à contre-courant d’autres griffes qui viennent de l’exhumer. La silhouette de l’homme Prada est épurée, les coupes sont souples et les matières fluides, en popeline de coton, denim ou cuir. Petite entorse à la liberté de mouvement, les chemises sont rentrées dans le short ou le pantalon à pinces, et la taille est resserrée, contrastant avec la largeur des épaulettes.
Chemise dépoussiérée
La traditionnelle chemise a été dépoussiérée, parfois sophistiquée parfois nonchalante, avec des manches ultra-longues et des touches de fantaisie, comme des motifs floraux, des franges ou une multiplicité de poches. «Quand vous suivez le défilé, vous voyez un costume d’homme classique», mais à y regarder de plus près, il s’avère «complètement différent», assure Raf Simons. Selon lui, il «permet au corps, qui est toujours en mouvement et en transformation, de se sentir libre».
La même recette est appliquée à toute une gamme de vêtements, dont des imperméables, des gilets de reporters et des tenues de sport. Mais Prada n’a pas enterré ses classiques, comme ces manteaux amples à double boutonnage en blanc surmontés d’un petit col de la même couleur, revisités pour l’occasion. Raf Simons, un créateur belge de 55 ans passé chez Jil Sander, Dior puis Calvin Klein, est co-directeur créatif de Miuccia Prada depuis 2020. La griffe avait scellé en janvier un historique passage de témoin à la tête du groupe, fondé en 1913 par le grand-père de Miuccia Prada et dont sa famille détient 80%. Andrea Guerra, ancien dirigeant du géant des lunettes Luxottica, a pris les rênes de Prada afin d’assurer la transition en attendant l’arrivée aux commandes de la société de Lorenzo Bertelli, 35 ans, fils aîné de Miuccia Prada, 74 ans, et de l’ancien PDG, Patrizio Bertelli, 77 ans.
Combat contre la «fast fashion»
Interrogé par l’AFP fin janvier sur la lutte menée par sa mère contre la «fast fashion», Lorenzo Bertelli avait déclaré vouloir «poursuivre ce combat» si le groupe lui confiait un jour le rôle de PDG. Adepte d’une mode «durable», Miuccia Prada milite depuis longtemps contre la «fast fashion», cette tendance marquée par un renouvellement rapide des vêtements proposés à la vente. La production de masse de vêtements pratiquée par certaines enseignes a des conséquences néfastes sur l’environnement, alors que l’industrie textile figure parmi les plus polluantes de la planète.
Quant à la promesse de Prada d’atteindre la neutralité en termes d’émissions de carbone d’ici 2050, Lorenzo Bertelli a relevé que le groupe «espère l’avancer» et que les objectifs intermédiaires étaient «en bonne voie». La maison de luxe compte réduire d’ici à 2026 de 29% ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à 2019 concernant ses sites de production et sa flotte de véhicules ainsi que sa consommation d’électricité et de gaz.