FAF : situation de non-droit

04/04/2022 mis à jour: 18:34
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La démission de Charaf Eddine Amara du poste de président de la Fédération algérienne de football (FAF) a produit les effets annoncés depuis longtemps par ceux qui mettaient en garde contre la situation et le climat qui régnaient dans le football algérien. 

Les bons résultats récoltés par l’équipe nationale sous l’ère Djamel Belmadi ont anesthésié le monde et les acteurs du football national. Les voix courageuses qui mettaient en garde contre l’euphorie ambiante n’ont pas été écoutées. Bien au contraire, elles ont été systématiquement étouffées parce qu’elles avaient osé dire que les performances de l’équipe nationale étaient tout simplement l’arbre qui cachait la forêt. Cela a suscité une levée de boucliers de toutes parts. Il a suffi de trois (3) mois et de deux débâcles successives (CAN 2022 et deux matchs de barrages qualificatifs à la Coupe du monde Qatar 2022), pour que tout s’écroule comme un château de cartes. Comme on dit « le mensonge a beau prendre l’ascenseur, la vérité arrive toujours avant lui en empruntant l’escalier ». 

Aujourd’hui, le football algérien est dans tous ses états. La démission du président Charaf-Eddine Amara place la fédération dans une situation inconfortable. Une large partie de l’opinion demande le départ collectif des membres du Bureau fédéral. Ces derniers ne sont pas de cet avis. Certains d’entre eux ont manifesté des velléités de rester en place et même de postuler pour la succession du président démissionnaire. La raison principale de la démission du désormais ex-président de la FAF puise son mobile dans l’élimination des Verts de la Coupe du monde Qatar 2022. 

C’est un échec collectif qui ne peut être amputé au seul patron du groupe Madar. Tout le Bureau fédéral est associé à la réussite ou à l’échec dans une mission collective. La responsabilité des membres de l’organe exécutif et de supervision de la FAF, est collégiale dans l’échec comme dans la réussite. L’élimination de la Coupe du monde 2022, après le fiasco de la CAN Cameroun 2022, ne doit pas être imputée à Charaf-Eddine Amara seul. 

La responsabilité des membres du Bureau fédéral est égale à celle du président. Pour cette raison, et d’autres aussi, les membres du Bureau fédéral doivent suivre la voie que leur a indiqué le président avec qui ils ont partagé le programme d’action et ont accédé au Bureau fédéral regroupés dans sa liste. De toute façon, les problèmes sont à venir pour le Bureau fédéral. Le prochain président de la FAF viendra avec un programme et une équipe ou sans les deux ? La composition de la commission électorale élue, et qui a organisé l’assemblée générale élective le 14 avril 2021, était-elle légalement constituée ? 

Son président Abdelmadjid Yahi était-il membre de l’Assemblée générale de la FAF lorsque des mains expertes ont sorti son nom d’un chapeau ? Les ligues de wilaya qui n’ont pas procédé à la mise en conformité de leur statut avec la loi sur les associations de 2012 et le décret exécutif 14-330 du 27 novembre 2014 seront-elles autorisées à prendre part au vote alors qu’aux yeux de la loi elles sont dissoutes ? 

Tout le monde sait que les dirigeants fédéraux, qui se sont succédé à la fédération, ont toujours refusé d’appliquer la loi pour utiliser les 48 voix des ligues de wilaya pour maintenir le statu-quo et propulser le candidat-président aux commandes de la fédération. Le ministère de la Jeunesse et des Sports (MJS), garant du respect de la loi, des statuts et des règlements en vertu de l’article 181 de la loi du 23 juillet 2013 signée par le président de la République n’a jamais mis en œuvre les pouvoirs de contrôle que lui confère la loi pour punir ceux qui ne respectent pas les textes. 

Quatre membres du Bureau fédéral cumulent des fonctions électives, que la loi interdit, sans être inquiétés. Il est temps que les pouvoirs publics mettent un terme à cette situation de non-droit. 

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