Face à l’afflux des réfugiés soudanais : Le Tchad décrète l’état d’urgence alimentaire

17/02/2024 mis à jour: 08:00
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Le Tchad a déclaré l’«état d’urgence alimentaire et nutritionnelle» sur tout son territoire, selon un décret rendu public hier dans un des plus pauvres pays du monde, où ont afflué en dix mois plus d’un demi-million de réfugiés fuyant la guerre au Soudan, rapporte l’AFP. 

Le décret du président de transition, Mahamat Idriss Déby Itno, signé jeudi, ne détaille ni les actions mises en œuvre ni le nombre de personnes concernées, mais le Programme alimentaire mondial de l’ONU (PAM) a alerté en novembre dernier sur un «arrêt imminent» de son aide face à l’afflux des réfugiés soudanais s’il ne parvenait pas à réunir les fonds internationaux nécessaires. 

Le PAM fournissait alors «une assistance alimentaire et nutritionnelle à 1,4 million de personnes» au Tchad, soit le nombre de déplacés internes et de réfugiés dans ce pays semi-désertique d’Afrique centrale, en raison des conflits en cours sur son territoire et chez ses voisins, Soudan, Centrafrique, Niger, Nigeria, Libye et Cameroun. Mais depuis le début, le 15 avril 2023, de la guerre au Soudan entre l’armée du général Abdel Fattah Al Burhan et des paramilitaires emmenés par son rival, le général Mohamed Hamdan Daglo, quelque 546 770 nouveaux réfugiés sont arrivés au Tchad, selon les derniers chiffres début février du Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR). Le Tchad, qui accueille de très loin le plus grand nombre de réfugiés soudanais, essentiellement venus du Darfour fuyant la guerre civile déclenchée en 2003 dans cette région de l’Est soudanais, en abritait déjà plus de 400 000 avant le nouveau conflit. 
 

Au total, ce pays classé par l’ONU comme le deuxième le moins développé au monde, doit gérer plus de 1,57 million de «personnes en déplacement forcé», dont plus de 1,1 million de réfugiés. Les autres sont des déplacés internes, en raison de la rébellion de divers groupes armés contre la junte militaire du général Déby. «En décembre, le PAM sera contraint de suspendre son assistance aux déplacés et aux réfugiés du Nigeria, de la Centrafrique et du Cameroun, en raison de l’insuffisance des fonds. 

A partir de janvier 2024, cette suspension sera étendue (...) notamment aux nouveaux réfugiés du Soudan, qui ne recevront pas de nourriture», précisait le 21 novembre l’agence onusienne. «Pour assurer un soutien continu aux populations touchées par la crise au Tchad au cours des six prochains mois», elle mettait en avant un «besoin d’urgence de 185 millions de dollars». L’ONU vient de lancer en février un appel de fonds de 4,1 milliards de dollars pour répondre cette année aux besoins humanitaires des Soudanais, dans leur pays et les pays voisins. 

En 2023, elle n’a reçu que la moitié des financements demandés. Depuis le 15 avril, quand le chef de l’armée, le général Abdel Fattah Al Burhane et son adjoint devenu rival et patron des FSR, Mohamed Hamdan Daglo, ont démarré leur guerre, des milliers de civils ont été tués, dont entre 10 000 et 15 000 dans une seule ville du Darfour, selon les experts de l’ONU. Près de huit millions de personnes, dont la moitié d’enfants, ont fui leur foyer. Plus de la moitié des 48 millions de Soudanais,  environ 25 millions de personnes, ont besoin d’assistance, dont 18 millions sont confrontés à une insécurité alimentaire aiguë, déplore l’ONU. 

Début février, Médecins sans frontières (MSF) a déjà fait état de la mort d’au moins un enfant toutes les deux heures dans le camp de Zamzam au Darfour, où vivent entre 300 000 et 500 000 déplacés. Selon l’Unicef, sans soutien international supplémentaire, «il est probable que des dizaines de milliers (d’enfants) meurent» au Soudan.

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