Face à des grèves d'ampleur, Londres veut un service minimum

10/01/2023 mis à jour: 02:22
AFP
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Londres va présenter mardi des mesures législatives pour instaurer un service minimum pendant les grèves dans certains secteurs jugés vitaux pour la sécurité du pays, ce qui risque d'ajouter de l'huile sur le feu au mouvement social historique que traverse le pays. Le ministre des Entreprises, de l'Industrie et de l'Energie Grant Shapps présentera ses mesures au Parlement à la mi-journée, a confirmé une porte-parole du ministère à l'AFP. "Je ne pense pas qu'une société civilisée devrait se retrouver dans une situation où (...) nous n'aurions pas d'ambulance pour les cas les plus graves pendant une journée de grève", a estimé M. Shapps auprès de Times Radio. Ces propositions de loi ajoutent de l'huile sur le feu en plein mouvement social au Royaume-Uni, le plus important depuis les années Thatcher, face à une grave crise du coût de la vie et une inflation à près de 11%. Transports, police aux frontières, enseignants, infirmières... de très nombreux secteurs sont concernés. Grant Shapps avait estimé la semaine dernière qu'il "doit y avoir un niveau minimum de sécurité sur lequel la population peut compter, même en cas de grève, en particulier dans le secteur de la santé". "Les autres économies modernes européennes ont toutes des niveaux de sécurité minimum", avait-il ajouté. Ce service minimum s'imposerait chez les pompiers, les ambulanciers et dans le secteur ferroviaire, selon un document publié par l'exécutif. La secrétaire générale du syndicat Unite, Sharon Graham, s'insurgeait mardi contre les propositions législatives à venir, qualifiées de "gadget dangereux de la part d'un gouvernement qui ferait mieux de négocier pour résoudre la crise qu'il a causée". Estimant que Grant Shapps masque la vérité et veut importer "les pires pratiques d'autres pays", elle ajoute qu'il pourrait s'inspirer aux contraire de l'Irlande ou l'Espagne en interdisant par exemple les licenciements visant à réembaucher les mêmes salariés à des conditions moins favorables pour eux (technique dite du "fire and rehire"). La divulgation de ces propositions de loi intervient au lendemain de l'échec de discussions entre le gouvernement et les syndicats. Ces discussions ont toutefois marqué une ouverture au dialogue qui contraste avec le ton très dur adopté jusqu'à présent par le gouvernement conservateur. Au cours de ces rencontres, le ministre de la Santé Steve Barclay a envisagé de rendre des hausses de salaires rétroactives sur une partie de l'an dernier, selon plusieurs médias. L'association d'infirmières Royal College of Nursing (RCN) et le syndicat Unite ont critiqué la rencontre de lundi avec M. Barclay, accusant ce dernier d'"intransigeance". De nouvelles grèves sont en préparation, notamment chez les kinésithérapeutes ou chez les ambulanciers qui devraient à nouveau débrayer dès mercredi.  

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