A Londres, après des manifestations et des dégradations d’équipements, les opposants à l’extension de la taxe sur les véhicules les plus polluants ont saisi la justice contre cette mesure qu’ils estiment injuste et coûteuse en pleine crise du coût de la vie.
Restreinte au centre de Londres à son introduction en 2019, la zone ULEZ (Ultra Low Emission Zone) avait déjà été considérablement élargie en 2021 et doit être étendue au Grand Londres le 29 août.
Les conducteurs de voitures à essence généralement fabriquées avant 2006 (norme Euro 4) et de véhicules diesel généralement fabriqués avant 2015 (norme Euro 6) doivent ainsi débourser 12,50 livres (14,80 euros) par jour pour entrer dans la zone concernée, sous peine de payer une amende de 160 livres.
Pour les camions et les cars, il faut payer 100 livres (116 euros) par jour. Les taxis sont exemptés, mais le nouvel élargissement ne passe pas, et la Haute Cour de Londres devait étudier hier le recours de plusieurs communes du Grand Londres, où beaucoup d’habitants s’opposent à cette mesure.
«Ce n’est pas juste, ils frappent les gens de la classe ouvrière encore une fois», s’indigne Chris Fordham, 62 ans, en route pour un supermarché dans le sud-est de Londres au volant de sa camionnette de 2012 roulant au diesel. «Je pense arrêter de travailler», ajoute cet entrepreneur dans la construction, qui traverse la capitale presque tous les jours et souffre déjà de l’inflation élevée depuis des mois.
Malgré une consultation publique ayant montré que la majorité des Londoniens s’opposent à cet élargissement, le maire travailliste de Londres Sadiq Khan, réélu en 2021, a entériné la mesure en novembre dernier. Selon lui, une zone ULEZ plus étendue permettra d’améliorer «la dangereuse pollution de l’air» dans la ville. Selon un rapport de 2019, cette pollution a été à l’origine de 1000 hospitalisations par an à Londres entre 2014 et 2016 «Nous savons qu’ULEZ fonctionne et qu’elle a déjà permis à plus de 4 millions de personnes de respirer un air plus propre et de réduire les émissions de près de moitié dans le centre de Londres», a indiqué son porte-parole. Plus de 200 villes en Europe ont mis en place de telles zones de circulation à basses émissions.
L’ONG Greenpeace a regretté dans un communiqué le recours des communes, estimant qu’elles «ont engagé le mauvais combat» et «devraient plutôt travailler (avec le maire) pour créer un système de transport qui permette aux gens de se déplacer sans empoisonner notre air».
Selon l’opérateur Transport for London (TfL), moins de 200 000 véhicules roulant actuellement dans la future zone ULEZ étendue tomberaient sous le coup de la taxe, à cause d’émissions trop élevées. Mais, après une demande d’accès aux données, l’association d’automobilistes RAC a calculé que plus de 850 000 véhicules seraient concernés rien qu’à Londres. La mairie a lancé un programme de mise à la casse subventionné pour les vieux véhicules. Mais les opposants le jugent insuffisant.»
«Ce n’est pas le bon moment avec la crise du coût de la vie», estime ainsi Sarah Farmer qui vit à Swanley près de Londres. Cette trentenaire enceinte de son deuxième enfant vient régulièrement dans la capitale avec sa Ford Mondeo de 2003 pour son travail de femme de ménage ou voir des proches. Et pas de chance, la camionnette diesel de 2014 qu’utilise son mari maçon est aussi hors des clous.