Une citation d’un artiste voyageur, qui a troqué le temps d’une exposition son kimono de judoka contre son pinceau et pour cela, il nous invite à le suivre dans son parcours riche et atypique.
Son nom est Belkacem Kefil, un enfant de Saint Eugène, dont l’imaginaire a été nourri par le bleu azuré de la Marenostrum, une aubaine de lumière et de couleurs a inspiré celui qui allait devenir The Artist et dont les œuvres ont sillonné les galeries de Milan en Italie et celle de Fuerteventura aux îles Canaries en Espagne.
Ce jeune Algérois, qui a pris son bâton de pèlerin pour s’installer dans la ville industrielle de Birmingham et par la suite il a élu domicile à Londres où les nuances du paysage londonien ont aiguisé un penchant pour le post impressionnisme Le spleen parisien a été également pour beaucoup dans l’éclosion d’une tendance artistique dédiée à l’impressionnisme à l’expressionnisme et au réalisme.
Au commencement il y avait ce tracé du crayon et ces tentatives de portrait juste pour le fun suivi d’autres expériences, comme ce grand saut dans l’univers des grands maîtres des arts plastiques, comme Vincent Van Gog et cette passion d’attaquer les œuvres d’autres grands artistes, à l’image de cri du Norvégien Edvard Munch et il en a fait des copies.
L’artiste peintre a également agrémenté les cimaises des galeries algériennes, dont le célèbre espace de la rue Assellah Hocine, une des galeries de l’établissement Art et Culture ainsi que la galerie de la fondation Rabeh et Ahmed Assellah , celle faisant face au jardin Sofia.
Revenant au bercail depuis quelques années, l’admirateur de Van Gogh et de Gauguin a investi d’autres styles et d’autres techniques, tout comme le critique d’art et artiste peintre anglais, Roger Frey, qui en 1910 a inauguré, lors du vernissage de la galerie Grafton, l’ère du post impressionnisme. Sir Belkacem Kefil a expérimenté tant de tendances artistiques, dont le post impressionnisme, une école d’art qui représentait cette référence dépassant la mise en ordre du visible pour une meilleure introspection du moi. Le jeu des contrastes des couleurs et le rapport très subjectif au tracé ainsi que la juxtaposition des tons découlent d’une parfaite harmonie pour nous dévoiler des paysages marins et pastorales à l’aquarelle, des natures mortes, à l’image de la théière et le vase fleuri.
La dernière exposition en date, celle du mois de septembre dernier, Les Cimaises de la galerie Hang’Art sur lesquelles ont été accrochées ces œuvres recèlent des thématiques universelles et d’autres enfouies de l’intiment filiale et au cœur de la matrice identitaire, à l’exemple du magnifique tableau reflétant l’un des plus beau paysage kabyle illustré par le village d’Agouni Gaghrane et bien évidemment le panorama marin surmonté par l’imprenable phare diffusant et miroitant les mille et une lumières.
L’artiste a fait sienne les déclinaisons du post impressionnisme, à savoir le pointillisme, un aspect qui redonne à l’œuvre sa sacro-sainte vérité, tout en la dégageant de tout excès et la conservant dans son dépouillement et son style épuré. Le pointillisme retrouve tous son éclat dans les aquarelles et les peintures à l’huile provoquant autant d’émotion et d’émerveillement
La même attitude est aussi la résultante d’un travail artistique magistralement exécuté par l’auteur de plusieurs œuvres de l’école abstraite qui nous interpelle sur ce rapport de l’être au cosmos, des entités ailés, signe d’un jaillissement des sentiments et des émotions de l’âme. Les tons et les formes s’enchaînent et rompent avec la linéarité et se fondent dans une explosion de texture et de couleurs
Le surréalisme abstrait réinterprété à travers des aquarelles et des d’autres techniques diffusant au sein de l’espace une certaine spiritualité et une grande idée de la paix intérieure «The last exibition» exposition dont une partie a été réalisé à l’heure du digital, un outil qui a apporté une sensibilité artistique toute éclectique. M. Kefil rappelle dans son Instagram que l’art est subjectif et il est du ressort de chaque amateur de l’art d’exprimer ses sentiments intimes par rapport à l’œuvre artistique, cette approche dépasse les attitudes hâtives et spontanée pour nous inviter à vivre pleinement dans l’intimité de la création . La série de portraits du style cubiste issue d’une palette qui foisonne et une interprétation magistrale des pulsations qui rythment la conditions humaine, à l’image du portrait de cette femme alertant sur son statut, l’exagération des contours de la bouche et le débordement de la couleur rouge sur le côté gauche de l’œuvre en sont les signes ostentatoires de cet SOS lancé par le personnage dessiné à la main et valorisé avec l’apport du digital, d’autres œuvres, dont le style portrait, ont capté notre intérêt, une aquarelle baignant dans des couleurs pastels, valorisant une composition de formes rehaussées de trois yeux hérissés témoignant des dures épreuves de la vie, des épreuves se manifestant à travers une ondulation de reliefs traversant l’âme gratifiée d’un arc, d’un sourire symbole de l’espoir qui fait vivre.
D’autres tableaux à entamer, tout un enchaînement de contrastes de couleurs jaunes, oranges et marrons évoluant dans la sérénité que dégage la couleur bleue, une manière de dire cette fusion entre l’éternelle Sahara et l’ensorceleuse Méditerranée, ainsi nous attestons de cette grande maîtrise d’un nouveau langage esthétique qui se résume dans cette grande liberté dans le choix des thématiques et leur réinterpréation avec autant d’audace et de nonchalance, réfutant tout cloisonnement et conformisme. Le tout est présenté par moments dans un fond de toile pointillé, épousant tantôt le surréalisme, tantôt l’abstrait, un art qui se décline comme un couronnement d’une grande phase dans la vie d’un peintre.
Le symbolisme, qui est également l’une des variantes du post impressionnisme, tout comme le pointillisme et les nabi, un merveilleux univers exploré par l’Algérienne-Britannique Belkacem Kefil, ce dernier a aussi inséré le symbolisme berbère au sein d’un dispositif esthétique en quête de la perfection, l’aquarelle teintée de symbolisme et du surréalisme s’est forgée au cœur de cette mer Méditerranée généreuse et hospitalière porteuse de ce génie amazigh.
Enfin, le monde de l’innocence fait aussi partie de planète magique de l’artiste, le baby art est la série des trois œuvres dédiée à l’enfance, comme celle présentant un chérubin coiffé d’une casquette dans un fond bleu accueillant une représentation enfantine, transmettant toute une joie de vivre, la petite nounou s’accrochant à son icecream it’s so funny ! sans oublier le petit oiseau baignant dans un back pointillé et le lapin esquissé avec brio juste pour le plaisir des sens.
Cette démarche artistique se veut la consécration d’un artiste peintre qui a inscrit son art dans une dimension humaine en empruntant une polyvalence de style et une variété de technique pour titiller nos sensibilités, nos regards et nos esprits, un pari gagné pour cet auteur d’œuvres d’une grande facture, le geste artistique se joint à un grand calme olympien pour nous annoncer d’autres chefs-d’œuvre, ceux du judoka artiste-peintre. Un véritable Waza-ari artistique. M. Mahfoud