Exposé au musée du Bardo : Le bijou algérien, un doigté et une richesse exceptionnels

28/03/2022 mis à jour: 18:09
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Le bijou algérien, au même titre que d’autres éléments du patrimoine national immatériel, dénote d’un savoir-faire et d’une richesse exceptionnels. Héritage séculaire, il est le fruit de multiples croisements et influences, que des mains savantes et des défenseurs de l’authenticité ont su préserver de l’altération et de l’effacement.

Depuis le 27 février dernier, une exposition intitulée «Le bijou algérien : identité et authenticité», est visible au musée du Bardo à Alger, et ce, jusqu’à la fin avril. Elle donne à voir les principaux types de bijoux traditionnels, typiques des différentes régions du pays, remontant aux XIXe et XXe siècles. En même temps qu’elle permet aux visiteurs d’apprécier la finesse et l’originalité d’un patrimoine ayant résisté aux aléas du temps et autres menaces de dépossession.

Du bijou kabyle émaillé et rehaussé de corail des Ath Yanni, aux articles sobres ciselés en relief des Aurès, en passant par ceux de l’Atlas saharien aux ornementations inspirées de la faune et de la flore locales, la panoplie de l’artisanat algérien est d’une diversité peu égalée.

D’or, d’argent ou de cuivre, les riches collections existantes renseignent sur le passage et le brassage d’antiques civilisations sur la terre Algérie. «Dans le chapitre du bijou kabyle, on retrouve la technique de l’émail cloisonné (découpé) qui remonte à la haute antiquité et qui existait chez les Byzantins», explique la commissaire de l’exposition, Sana Alleg, par ailleurs chargée de la collection bijou, poterie et céramique au sein dudit musée. Et de citer, entre autres, les variétés de fibules (Idwirren) ornant les robes d’apparat des femmes kabyles, dont celles rehaussées de la technique décorative des pendeloques. «Les formes géométriques comme l’Oméga existent depuis la période néolithique, voire depuis au moins 8000 ans avant Jésus Christ et se trouvent également sur les articles de poterie», ajoute-t-elle.

Le bijou Chaoui, aux motifs singuliers

Dans le périmètre réservé aux bijoux chaouis en argent, l’on retrouve des colliers pectoraux, des pendants de tempes (lamecharef, tachouchent ou encore dlabeche) ornés de pierres en pâte de verre, des colliers à plusieurs chaînettes fines, des ceintures (lahzam) de divers volumes et symboles, de longs colliers (charka), des chevillières (rdif) ou encore des diadèmes (ledjbine). «Les motifs décoratifs sont empruntés à la nature.

On retrouve ainsi l’outarde, le serpent, le lézard, le coq, etc», commente encore Mme Alleg, notant que «les bracelets sont appelés en fonction des techniques d’ornementation, à l’exemple de (Deg Hdjar), en référence aux petits reliefs caractérisant ce bijou». Autre particularité observée, la présence des boîtes à amulettes (harz), suspendus aux colliers, de diverses tailles et usitées en guise de talisman contre le mauvais œil, selon la croyance locale. Un élément, par ailleurs, largement porté pour le même dessein par les femmes autant que les hommes targuis, dans le Grand Sud. 

La commissaire de l’exposition indique qu’entre autres accessoires accompagnant l’habit festif de cette population berbère, figure «chemassa», un collier descendant au menton et dont la forme arrondie rappelle le soleil. De même que khelkhal eddah (chevillière appelée pareillement en kabyle), des bracelets sertis de motifs animaliers, dont les œufs de poisson, des colliers aux motifs végétaux, des jugulaires à chaînettes, la khamsa (pendentifs en forme de main ou en allumettes), etc.

«Les stations de repos de l’Atlas saharien ont connu plusieurs influences et brassages, comme ceux de l’Afrique subsaharienne, d’oùu l’usage de pierres précieuses et semi-précieuses, ainsi que des matières comme le cuir pour la confection des bijoux», fait encore savoir la conservatrice du patrimoine, notant que les femmes targuies, de rang noble, se parent de bijoux de prestige à l’instar du «khoumeyssa», un collier couvrant largement le buste. R. A. I.

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