Les Etats-Unis ont ainsi offert au Japon, proche allié avec lequel ils cherchent à resserrer encore davantage leurs liens, une place que nombre de nations auraient rêvé décrocher. «Deux astronautes japonais prendront part à de futures missions américaines, et l’un d’eux sera le premier non-Américain à atterrir sur la Lune», a déclaré le président des Etats-Unis, Joe Biden, lors d’une conférence de presse commune à Washington avec le Premier ministre japonais FumioKishida.
Ce dernier, en visite officielle, a salué «un formidable succès dans le domaine spatial», en annonçant que le Japon fournirait en échange un rover lunaire ultrasophistiqué. Le programme américain Artémis a pour but d’établir une présence humaine durable sur la Lune, et doit y envoyer la première femme et la première personne de couleur. Entre 1969 et 1972, le programme Apollo y avait emmené 12 hommes américains, tous blancs. Il s’agit des seuls humains à avoir foulé le sol lunaire jusqu’à présent.
«L’Amérique ne marchera plus sur la Lune seule», s’est réjoui le patron de la Nasa, Bill Nelson, dans une vidéo publiée sur les réseaux sociaux. «La diplomatie est bonne pour les découvertes. Et les découvertes sont bonnes pour la diplomatie», a-t-il ajouté. L’agence spatiale japonaise (Jaxa) est «extrêmement heureuse», a déclaré à l’AFP un porte-parole de l’agence. «Nous ferons de notre mieux» pour honorer cette collaboration américano-japonaise, a-t-il ajouté. La première mission Artémis à envoyer des astronautes sur la Lune, Artémis 3, est planifiée pour 2026. La Chine compte aussi y envoyer des humains d’ici 2030.
Un rover «maison mobile
Tokyo et Washington coopèrent déjà étroitement dans le domaine spatial, notamment dans le cadre des opérations de la Station spatiale internationale. Ils prévoient «d’approfondir leur coopération concernant l’entraînement des astronautes» pour atteindre leur nouvel objectif, selon une déclaration conjointe de leurs deux dirigeants. Mais pour qu’un astronaute japonais devienne effectivement le premier non-Américain sur la Lune, «des étapes importantes» devront «être franchies», selon cette déclaration. Le rover que fournira le Japon sera pressurisé, contrairement aux véhicules lunaires commandés par la Nasa à des entreprises américaines. Dans un rover pressurisé, les astronautes n’auront pas besoin de porter de combinaison et pourront parcourir de plus grandes distances. «Il s’agit d’un habitat mobile, d’un laboratoire, d’une maison et d’un explorateur lunaire», a déclaré Bill Nelson. Deux astronautes devront pouvoir y vivre jusqu’à 30 jours d’affilée, a précisé la Nasa, qui a dit souhaiter pouvoir l’utiliser à partir de la mission Artémis 7.
Quid des Européens ?
L’Agence spatiale européenne (ESA) a, elle, déjà trois places réservées au sein du programme Artémis. Il a été acté qu’un astronaute européen serait à bord d’Artémis 4 et d’Artémis 5. Mais les astronautes européens resteront-ils alors en orbite autour de la Lune, ou iront-ils sur la surface ? Cela «fait l’objet de discussions supplémentaires», a dit à l’AFP Daniel Neuenschwander, directeur de l’exploration à l’ESA. Le troisième siège n’a pas encore été attribué à une mission particulière. L’ESA contribue en échange de manière importante à l’effort lunaire, en fournissant notamment l’étage de propulsion du vaisseau des astronautes et un module d’habitation pour la future station en orbite lunaire, Gateway.Interrogé au sujet d’une possible déception européenne conséquente à l’annonce au sujet du Japon, M. Neuenschwander a dit «comprendre qu’il y ait des considérations allant au-delà de l’espace menant à cette coopération proche entre les Etats-Unis et le Japon», et étant «davantage géostratégiques».
Le programme Artémis a été inauguré en 2022 avec Artémis 1, qui a fait voler avec succès un vaisseau à vide autour de la Lune. Artémis 2 est prévue pour 2025 et doit envoyer quatre astronautes pour un voyage autour de la Lune, sans s’y poser. Il s’agira de trois Américains et d’un Canadien, déjà en cours d’entraînement. Artémis 3 doit ensuite être la première mission habitée à atterrir sur la surface lunaire depuis 1972.
La composition de son équipage n’est pas encore connue. Interrogée par l’AFP au sujet de la mission à laquelle un premier astronaute japonais prendrait part, la Nasa a simplement répondu ne pas avoir fait d’annonce d’équipages au-delà d’Artémis 2. Le Japon est par ailleurs devenu en janvier le cinquième pays à avoir réussi à se poser sur la Lune, en y faisant atterrir un robot.