Evocation / Il y a une année disparaissait Salem Klari

09/04/2024 mis à jour: 12:42
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 La vie  de  Salem fut une leçon d’abnégation, de courage et de résilience.
 

Nous sommes au début des années 90. Je faisais mes débuts dans le journal régional Le Pays - Tamurt. À Tizi Ouzou, le desk photos de l’APS, l’API, était sur le point de fermer. Salem Klari, photojournaliste flamboyant de cette agence, est venu alors rejoindre les rangs de l’hebdomadaire où officiait à la sportive un certain Makhlouf Faked «Wa ma adṛaka» ! 

Le duo a su insuffler une nouvelle dynamique à l’info sportive régionale diversifiée, rarement traitée par les grands quotidiens. Par un concours de circonstances, j’étais appelé à contribuer dans cette rubrique très prisée par le lectorat, lors de l’édition de la Coupe du monde de 1994. Au journal qui boucle les mardis, on se retrouvait souvent à la Nouvelle-Ville avec l’incontournable Achour Belghezli, alias Moh Achour, assassiné par les terroristes en février 1996. A force de rencontres répétées, très vite une amitié  s’est créée entre nous. Il nous arrivait souvent, sur l’heure du midi à 14h, de partager un repas au lait caillé à la crémerie du coin, ce que raffolait particulièrement Dda Makhlouf. Moh Achour étant un percussionniste dans une autre vie, chaque bout de table était prétexte pour «taper» des doigts comme sur un clavier un air musical du terroir. 

Et Salem avec son sourire contagieux ajoutait de la luminosité à la lumière du jour avec ses anecdotes à faire éclater de rire un antipathique. Ces moments de confraternité joyeux nous procuraient la force pour affronter le climat aride, au sens propre et au sens figuré, de la Nouvelle-Ville de Tizi Ouzou. Après l’aventure du Pays -Tamurt  fermé en septembre 1995, on s’est retrouvés à trois au quotidien Le Matin à partir de 1998. Malgré la charge de travail qu’exige un journal dirigé par un Benchicou des grands jours, les rencontres après le travail se raréfiaient, mais le café qu’on partageait le matin chez Dda Chabane était un moment de ressourcement et de convivialité. 

Puis, Salem est parti dans une autre aventure professionnelle, moi, je suis parti chez Liberté et Le Matin, lui aussi est parti pour de bon, tout comme le sera plus tard le canard qui assumait Dilem et Mustapahe Hammouche. Entre-temps, je suis parti sous d’autres cieux, et mon ami Salem écumait toujours les milieux sportifs et journalistiques, avant de partir presque sur la pointe des pieds rejoindre, l’année dernière, à 73 ans, le firmament du ciel. Même s’il ne l’a pas eu facile, le fils de Tagmount Oukarouche aura vécu humble et digne. Sa vie fut une leçon d’abnégation, de courage et de résilience.  

 
Par Yahia Arkat

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