Le Programme alimentaire mondial (PAM) de l’ONU a annoncé hier avoir lancé depuis fin juillet des «tests » en vue de reprendre la distribution d’aide alimentaire à la région éthiopienne du Tigré, rapporte l’AFP qu’il a suspendue en mai pour des détournements.
Le PAM ainsi que l’agence d’aide internationale du gouvernement américain USAID ont suspendu début mai leur aide alimentaire à la région septentrionale du Tigré, ravagée par deux ans de guerre, avant d’étendre le mois suivant cette décision à l’ensemble de l’Ethiopie, en raison de détournements «généralisés et coordonnés». «Le 31 juillet, le Programme alimentaire mondial a commencé à tester et à vérifier des contrôles et des mesures renforcés pour fournir une aide alimentaire dans quatre districts du Tigré, afin de garantir que l’aide alimentaire parvienne aux personnes les plus vulnérables», selon un communiqué, précisant avoir «distribué des sacs de blé pré-emballés de 15 kg à un peu plus de 100 000 personnes éligibles à l’aide». Le PAM a également annoncé avoir repris l’enregistrement des bénéficiaires de l’aide alimentaire et mis en place un «marquage des sacs pour permettre un suivi précis des denrées». L’organisation a prévu de déployer des mesures similaires dans d’autres districts du Tigré, ainsi que dans les régions Amhara, Afar et Somali, sans préciser le calendrier.
De son côté, l’USAID a déclaré mardi que «l’aide alimentaire américaine en Ethiopie reste suspendue», tout en assurant travailler «en étroite collaboration avec le PAM». Entre novembre 2020 et novembre 2022, le Tigré a été le théâtre d’une guerre meurtrière entre les autorités fédérales et les autorités rebelles de cette région du nord de l’Ethiopie. Durant le conflit, le Tigré et ses six millions d’habitants ont été longtemps privés d’assistance. La distribution d’aide avait progressivement repris, avant sa suspension par le PAM et l’USAID. Les autorités éthiopiennes ont critiqué la suspension des aides alimentaires, affirmant que cela «punit des millions de personnes».
Environ 20 millions de personnes, soit 16% des 120 millions d’Ethiopiens, dépendent de l’aide alimentaire, estimait fin mai l’agence humanitaire de l’ONU (Ocha), en raison des conflits et d’une sécheresse historique dans la Corne de l’Afrique qui ont provoqué le déplacement de 4,6 millions de personnes à travers le pays. De nombreux Tigréens ont été forcés de sauter des repas à cause de la suspension de l’aide alimentaire, d’autres à se prostituer pour se procurer de la nourriture, a estimé vendredi Ocha. L’Ethiopie accueille aussi sur son sol près d’un million de réfugiés venus majoritairement du Soudan du Sud, de Somalie et d’Erythrée.