Le président américain élu Donald Trump a menacé hier l’Union européenne (UE) de taxes douanières si elle ne réduit pas son excédent commercial avec Washington en lui achetant du pétrole et du gaz. «J’ai dit à l’Union européenne qu’elle devait combler son énorme déficit avec les Etats-Unis en achetant à grande échelle notre pétrole et notre gaz», a écrit le milliardaire républicain dans un message sur son réseau social Truth, relayé par l’AFP.
«Sinon, ce sont les tarifs douaniers jusqu’au bout !!! », a menacé Donald Trump. Dans son commentaire, D. Trump semble plutôt évoquer le déficit commercial des Etats-Unis avec l’UE. Les importations de biens en provenance de l’UE s’élevaient à 553,3 milliards de dollars en 2022, tandis que les exportations des Etats-Unis vers les Vingt-Sept représentaient 350,8 milliards de dollars, selon les chiffres américains.
L’UE a réagi hier en se disant prête à envisager les «moyens de renforcer une relation déjà solide, y compris en discutant de nos intérêts communs dans le secteur de l’énergie» avec Donald Trump, selon un porte-parole de la Commission européenne. L’UE souligne également qu’il faut prendre en compte l’ensemble de la balance commerciale. Bruxelles a certes un excédent commercial «substantiel» en ce qui concerne les biens, mais les Etats-Unis ont de leur côté un excédent également «substantiel» en ce qui concerne les échanges de services.
«Cela n’est pas toujours pris en compte dans le type de messages auxquels vous faites référence», a indiqué ce porte-parole, interrogé sur le message publié par D. Trump sur son réseau social. La présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a déjà évoqué début novembre la possibilité que les Etats-Unis fournissent plus de gaz naturel liquéfié (GNL) à l’UE en remplacement du gaz russe. Donald Trump, qui prend ses fonctions en janvier, a menacé d’imposer des droits de douane sévères aux partenaires commerciaux des Etats-Unis, notamment le Canada, le Mexique et la Chine, ce qui pourrait avoir des répercussions sur l’économie mondiale.
L’UE a conclu le 6 décembre un vaste accord commercial avec quatre pays sud-américains du Mercosur (Argentine, Brésil, Paraguay, Uruguay) visant à créer une zone de libre-échange de 700 millions de consommateurs. Mme von der Leyen a alors assuré que l’accord créerait des ponts commerciaux au moment où «des vents forts soufflent dans la direction opposée, vers l’isolement et la fragmentation», un commentaire considéré comme une allusion aux menaces de Donald Trump d’augmenter les droits de douane. Les menaces tarifaires du président américain élu pourraient, selon des analystes, être une fanfaronnade ou un moyen de pression en vue des futures négociations commerciales lorsqu’il prendra ses fonctions.
Mais il n’a cessé d’insister sur le fait que des droits de douane «correctement utilisés» seraient positifs pour l’économie américaine. «Notre pays est actuellement perdant face à tout le monde», a-t-il déclaré en début de semaine. «Les taxes douanières rendront notre pays riche».
Shutdown
L’annonce de Trump intervient alors que les Etats-Unis se trouvaient au bord de la paralysie budgétaire hier après les échecs successifs de plusieurs textes au Congrès, et alors qu’aucune issue à la crise ne se dessine pour le moment. A minuit, heure locale (05H00 GMT aujourd’hui), l’Etat fédéral se retrouvera en situation effective de «shutdown ».
A la clé: le chômage technique pour des centaines de milliers de fonctionnaires, le gel de plusieurs aides sociales ou encore la fermeture de certaines crèches. Une situation extrêmement impopulaire auprès des Américains, d’autant plus à l’approche de Noël. Le Congrès est pourtant bien parti mardi pour éviter cette situation quand le président républicain de la Chambre des représentants, Mike Johnson, a annoncé être parvenu à un accord avec les démocrates.
Celui-ci comprenait notamment plus de 100 milliards d’aides à des régions américaines récemment sinistrées par des catastrophes naturelles. Las, l’accord négocié a été torpillé le lendemain par Donald Trump et Elon Musk.
Le président élu a dénoncé un texte «ridicule et extraordinairement onéreux». Son allié, l’homme le plus riche du monde, a, lui, lancé une virulente salve de posts sur son réseau social X pour exprimer son opposition, exhortant les élus à «tuer le texte». Le rebondissement a pris de court le Congrès et donné un aperçu d’une présidence Trump avant même la prise de fonctions du républicain le 20 janvier. Avec un style, similaire à son premier mandat, ne s’embarrassant pas des conventions, quitte à provoquer un certain chaos.
L’opposition fracassante d’Elon Musk a également illustré l’influence grandissante du patron de SpaceX et Tesla sur les grandes décisions politiques. Au point, pour certains élus démocrates, d’ironiser sur un «président Musk», auprès duquel Donald Trump serait réduit à un rôle de vassal.