De son vrai nom Julián López Escobar, El Juli faisait déjà mime de toréer à deux ans avec un torchon, racontait son père dans les années 1990. Une carrière précoce dont la fin a été soudainement annoncée fin juillet par le toréro. Ses adieux ont commencé samedi soir dans les arènes madrilènes de Las Ventas pour s’achever le lendemain dans celles de Séville, deux temples de la tauromachie.
«Ce n’est pas une retraite, c’est la fin d’une étape magnifique», a écrit le matador sur son compte Instagram. Décrivant sa profession comme «dure et difficile», il explique vouloir désormais se consacrer à sa famille et à ses autres occupations. Considéré comme l’un des plus grands toreros de son époque, le quadragénaire s’est fait connaître très tôt comme un «jeune prodige des arènes». Né à Madrid le 3 octobre 1982, El Juli est le fils d’un «novillero», torero combattant de jeunes taureaux, des années 1970 qui a dû arrêter sa carrière à la suite d’une blessure.
Interdit d’arènes car trop jeune
Pour sa première communion, le petit Julián est autorisé à toréer sa première vachette à l’âge de 8 ans. Il entre à 10 ans à l’Ecole de tauromachie de Madrid «où il fait le délice de ses professeurs», relate en 1995 la première dépêche de l’AFP sur cette «future grande vedette de la tauromachie» haute de 1,50 m. A l’époque, le directeur de l’Ecole taurine de Madrid, Gregorio Sánchez, assure qu’on ne peut «donner aucun conseil à ce petit génie car il sait déjà tout».
Accompagné en permanence par son père, El Juli combat des taurillons quand les «aficionados» réclament de lui faire affronter rapidement des animaux de plus grande prestance pour mettre sa véritable valeur à l’épreuve. En 1997, le directeur des arènes françaises de Nîmes, Robert Pilès, est condamné à 10 000 francs d’amende pour avoir fait toréer El Juli en septembre 1995, alors qu’il n’avait pas 16 ans, âge légal requis. Trop jeune, le Mozart de la tauromachie, comme l’a surnommé son avocat lors de ce procès, est interdit d’arènes en France mais aussi en Espagne. Qu’à cela ne tienne, l’adolescent au talent insolent part faire ses armes au Mexique, où il devient une superstar.
La «Julimania» est lancée. Revenu en Europe, il prend l’alternative, la cérémonie durant laquelle le jeune novillero devient un torero, en 1998 à Nîmes.
L’année suivante, il est le torero le plus actif de la saison avec 135 corridas. Selon les estimations publiées à l’époque, ses gains prévus cette année-là sont évalués à 66 millions de francs soit environ 10 millions d’euros... à 17 ans. Blessé à plusieurs reprises, il a remercié en juillet, lors de l’annonce de sa retraite, les médecins «dans les mains desquels il a été 18 fois».
En avril 2013 notamment, lorsqu’il reçoit un «très grave coup de corne» à la cuisse droite à Séville.Pour le directeur des arènes de Madrid, le Français Simon Casas, El Juli se distingue non seulement par «son engagement, son courage, mais surtout par sa technique au-delà du commun : il trouve la réponse à toutes les problématiques que posent les taureaux».
«Dès tout jeune, ce surdoué avait l’intuition de l’animal», a-t-il dit à l’AFP, estimant que le matador s’en allait au bon moment. «Il part au faîte de sa gloire. Très peu de toreros ont eu une carrière aussi longue en restant dans le top 5. Il faut savoir s’arrêter».