Escale : Amerigo Vespucci l’hôte d’El Djazaïr

20/08/2022 mis à jour: 19:49
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Un véritable enchantement, cette œuvre d’art dont la coque en noir et blanc, auréolée de frises dorées ,nous replonge dans l’histoire des vaisseaux du XVIIIe siècle.

Détrompez-vous, ce n’est ni le car-ferry Tarek Ibn- Ziad ni le Corsica qui ont attiré les foules en cette soirée du mardi 20 juillet, celui qui déclencha les mille et une rafales des caméras et smartphones n’est autre que le chef-d’œuvre de la marine militaire italienne. Le navire école, le voilier Amerigo Vespucci, une pièce rarissime sortie directement des annales de la gloire des expéditions maritimes.
Du square au plus beau voilier du monde.
 

On est encore au square Port Saïd, la vue de ce navire accostant au quai 9 du port d’Alger est juste magnifique. Un navire dépositaire de toute la tradition marine italienne du nom du navigateur Florentin Amerigo Vespucci, celui qui a traversé le nouveau monde permettant au géographe allemand Martinwaldseemuller de doter ces nouvelles contrées sans nom du patronyme d’Amerigo et qui est devenu par la suite l’Amérique. Quittons à présent le brouhaha de l’ex-square Bresson et l’intense embouteillage causé par le tournage d’un nouveau film avec le grand comédien Réda Kateb et prenant le passage des voûtes pour atteindre le port et faire immersion dans un nouveau monde, celui de ce splendide bateau «qui fait sa star» face à la ville d’Alger. 
 

A notre arrivée, l’accueil rappelle la légendaire hospitalité des Algériens à travers la disponibilité affichée par les membres de la marine nationale à nous orienter et nous informer de ce grand événement traduisant cette forte amitié portée par les valeurs de la paix au sein de la Marenostrum, des plongeurs chevronnés n’ont pas manqué ce rendez-vous unique en son genre, celui de monter à bord du premier navire école mis en mer en 1931. 
 

Une des chances qui ne se renouvellent pas et il faut être l’ambassadeur d’Italie himself pour croiser le voilier deux fois dans sa vie. M. Giovanni Pugliese, qui dans l’allocution qui a suivi la cérémonie du pavillon (les couleurs) marqué par la singularité du protocole du sifflet propre à la marine militaire, a tout d’abord rappelé l’image de la grandeur de l’Italie que véhicule ce voilier et son histoire appuyant ces propos d’une anecdote qui s’est déroulée dans la mer méditerranée à propos d’un échange par signaux lumineux entre un porte-avions Américain USS Independence et le voilier Vespucci. Cette routinière présentation à distance a été gratifiée d’une célèbre phrase prononcée par le porte-avions de l’US Navy louant la beauté de voilier Amerigo Vespucci : «Tu es le plus beau bateau du monde», une citation honorant la marine italienne dite en juillet 1962 en plein mer Méditerranée.
 

Le must des must de la marine militaire
 

A bord du bateau, l’assistance est bouche bée, voire impressionnée par les cuivres rutilants, les aussières lovées et les cordages en chanvre soigneusement rangées au pied des mâts. De leurs côtés, les officiers veillent au grain et nous éclairent des détails concernant cet impressionnant trois-mâts. Parmi eux, le lieutenant Stephano Manfredi, un chef ingénieur, très marqué par l’accueil chaleureux et l’hospitalité des autorités algériennes en signalant au passage la visite très instructive du musée national de l’armée et le monument aux martyrs, enchaînant la discussion sur les atouts majeurs de voilier légende, qui a été construit en 1930 dans les chantiers navals de Castellammarre di Stabia près de Naples. Une année après, il a été mis à l’eau le 22 février, date commémorative du décès, en 1512, du navigateur italien Amerigo Vespucci. 

Un navire écumant mers et océans, affichant un drapeau italien flottant au vent à travers des mille et un lieux permettant de méditer longuement sur la devise du trois-mâts : «Non chi comincia ma quel che persevera » ou « pas celui qui commence, mais qui persévère» une valeur sûre occupant une bonne place sur le pont principal du voilier, magistralement gravé, illustrant le prolongement séculaire de l’esprit insulaire et nautique chez les Italiens. 

Après avoir étanché notre soif en ce début de soirée de juillet chaude et humide, ce jeune ingénieur toscane, pure produit de la formation de la marine italienne, a joint le geste à la parole en nous invitant à apprécier les 100 m de longueur et 54 m de hauteur jusqu’à à l’extérieur du grand mât. Les chiffres attestent de la grandeur de ce navire bateau, notamment les deux mille mètres carrés de surface, les vingt-six voiles en toile et les sept mètres de la partie de navire qui se terminent sous l’eau. 

L’esprit du voilier se conjugue à l’heure écologique, puisque les voiles demeurent en jute et les cordes en fibres végétales. Plusieurs amateurs et passionnés de la mer présents sur les lieux, tout en scrutant le moindre détail de ce bijou de l’excellence italienne, alliant ingénierie maritime et savoir-faire manuel, ont tout poussés un grand wahou  !! » 
 

Un véritable enchantement, cette œuvre d’art dont la coque en noir et blanc, auréolée de frises dorées, nous replonge dans l’histoire des vaisseaux du XVIIIe siècle. 
 

Le« Più bellodelmondo» 
 

Ce bateau école naviguant depuis son port d’attache dans L’Arsenale della Spezia dans la région de la Liguria est, selon son commandant Massimiliano Siracusa, un imposant vieux Gréement dédiée à la formation des officiers de la marine militaire. Plus de 85 campagnes de formation ont été dispensées, dont celle qui a servi au training des officiers de l’académie navale de Livourne. Il a souligné également l’importance de la coopération avec la marine algérienne et les meilleures perspectives pour le futur. Il est utile de rappeler que le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a été chaleureusement accueilli à Naples lors de sa dernière visite d’Etat en Italie, une salve de 21 coup de canon a été tirée en son honneur du bord de Voilier école Amerigo Vespucci. 
 

Toujours à bord, cette belle escapade italienne sur les eaux algériennes a éveillé pour les amoureux d’El-Mahroussa le passé glorieux de la marine algérienne, notamment la reprise du Penòn par Khierddine Barbarousse en 1529 et l’échec de l’expédition de Charles Quint en 1541, des échanges entre initiés ont évoqué, à l’occasion la légende de Sidi Bouguedour. Enfin, les hôtes d’Amerigo Vespucci ont été invités à visiter les autres compartiments du voilier, notamment la salle de réunion, et conviés par la suite à signer à l’occasion le livre d’or, un autre lieu sublimissime sur la mer. 
 

Et pour clore le tout en beauté, le sens gustatif a été tout simplement titillé de bonnes gourmandises toutes italiennes dans un esprit de convivialité au gré d’une petite brise de la mer méditerranée. Ce fleuron de la flotte italienne continue à jeter des passerelles pour accueillir chercheur et écologistes pour la promotion de la science et le développement durable, sans oublier sa contribution dans la consolidation de l’éthique pacifique.L’Amerigo Vespucci agit également en tant que partisan d’une certaine diplomatie maritime avec un fort potentiel de soft power au service de la paix et de la démocratie. 

Il est vingt-deux heures, l’heure de quitter le navire et regagner le tonton ville pour le dernier cérémonial du thé, sauf que la nuit et ses mystères nous miroitent la beauté de ce joyau architectural dont la classe se renouvelle de jour comme de nuit et ce à la faveur d’un éternel coup de vernis. Le jour se lève sur le port d’Alger, le Vespucci prend le large, bon vent !
YAM
 

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