Seulement 150 enfants autistes sont déclarés atteints, dont 87 sont scolarisés, sur une estimation de quelque 800 cas cachés dans la wilaya de Bordj Bou Arréridj, par crainte d’être diagnostiqués, a indiqué à El Watan Ameur Salah, président de l’association des autistes de la wilaya, en jugeant que le dépistage élargi avec une meilleure prise en charge précoce est donc de mise avant qu’il ne soit trop tard. «Nous sommes marginalisés et ignorés ; a comme vous pouvez le constater, il n’y a pas grand monde dans la salle, pourtant nous avons adressé plusieurs invitations, mais sans écho. Ils sont tous partis avec le wali en tournée dans la daira de Djaâfra et qui a délégué la médiatrice administrative pour le représenter», nous dit-il lors de la journée mondiale de sensibilisation à l’autisme, tenue, jeudi, à la salle Bachir Ibrahimi et animée par des experts du domaine. «L’autisme n’est pas une maladie, mais un trouble du neuro-développement d’origine inconnue. D’où cette journée qui consiste à sensibiliser en vue de corriger cette anomalie comportementale, caractérisée par l’hyperactivité et l’incohérence des mouvements chez l’enfant autiste.
Plus le traitement et la prise en charge sont précoces ; mieux il y aura des résultats. Il faut persévérer, ne jamais perdre espoir ; ces enfants sont réceptifs et ils ont toutes les capacités d’apprendre et de se perfectionner. Et si nous parvenons à réduire à 30% le taux d’agressivité et d’hyperactivité, nous pourrions dire que notre mission était accomplie», ont soutenu des intervenants, parmi les psychologues et les retraités de l’éducation. En marge de cette journée, des mères et des pères d’enfants autistes que nous avons abordés crient à l’unisson à la marginalisation. «Il est impossible pour moi d’inscrire mon enfant dans une école aux antipodes du domicile familial. Du coup, je me contente de lui payer un orthophoniste de ma poche sans aucune aide et de quelque part que ce soit, et à ma connaissance, il n’y a même pas un pédopsychiatre ici pour aller le voir. Il y a une carte pour cette catégorie d’enfants, mais avec les lourdeurs et les tracasseries administratives, nous avons fini par baisser les bras», regrette dit Fatehi, père d’un enfant autiste de 11 ans. Même cas pour Zohir, père de Ziad, 12 ans, qui a dû arrêter son activité de commerçant pour s’occuper à plein temps de son fils. «Je ne peux pas aller travailler en laissant mon enfant dans cet état. Pour avoir la conscience tranquille, j’ai tout plaqué pour lui consacrer tout mon temps. Puisque l’occasion m’est offerte, je lance un appel au ministre de la Santé d’affilier les enfants autistes à son ministère, là où ils seront mieux pris en charge». Samia, mère de Wael, 12 ans, dénonce la marginalisation dont les parents d’enfants autistes sont victimes. «J’ai un enfant autiste, mais il est très brillant ; il a de bonnes notes en classe. Pourtant il n’échappe pas aux brimades et aux moqueries de ses camarades. Je prie les responsables de nous prêter un peu d’attention, nous ne savons à quel saint nous vouer», a-t-elle lancé. Des psychologues, des orthophonistes, des psychologues cliniciens, des enseignants et des nutritionnistes étaient également présents lors de cette journée pour porter leur contribution dans l’accompagnement de cette frange de la société qui n’a rien choisi et qui n’a de tort que d’être née différente des autres.