En apesanteur : Des expériences pour aller sur Mars et rester sur…Terre

15/10/2023 mis à jour: 09:30
AFP
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Beaucoup d’autres expériences sont ainsi «duales», avec un intérêt pour les spationautes comme pour les simples Terriens

 Écoulement sanguin, croissance végétale, orientation spatiale, autant d’expériences menées en apesanteur dans l’Airbus A310 Zéro-G, qui pourraient servir des missions spatiales habitées, mais aussi aider la recherche sur Terre

 

Comme sur la Station spatiale internationale (ISS), ces expériences visent à s’affranchir de la pesanteur que subit tout corps à la surface terrestre et qui a pour effet de «masquer» d’autres forces potentiellement à l’œuvre. Avec l’expérience KRABS, les chercheurs embarqués dans la campagne d’automne de vol en microgravité étudient les conséquences d’une perturbation de l’écoulement sanguin dans l’espace. 

«Le but de l’expérience est d’étudier l’agrégation des globules rouges dans des situations où l’écoulement ralentit» à cause de la microgravité, explique Thomas Podgorski, directeur de recherches CNRS à l’Université Grenoble-Alpes. Une étude a montré des épisodes d’écoulement stagnant chez des membres de  l’équipage de la Station spatiale internationale, avec le risque de formation de caillots sanguins. KRABS observe ce phénomène d’agrégation de globules rouges, très rapide, à l’aide entre autres d’un microscope et d’un laser embarqués dans l’avion. Pour «mieux comprendre les propriétés d’écoulement du sang, qui sont finalement assez peu explorées», y compris sur Terre. Beaucoup d’autres expériences sont ainsi «duales», avec un intérêt pour les spationautes comme pour les simples Terriens. 

 A ceux qui questionnent leur utilité, le responsable au CNES (Centre national d’études spatiales) du projet des vols paraboliques, répond que l’ambition est de «faire de la recherche pour répondre à la quête de connaissances». Il serait «illusoire de penser que l’essentiel de cette recherche concerne les vols habités et l’exploration», dit Sébastien Rouquette.

 Comme en témoigne l’expérience du laboratoire COMETE, qui étudie les effets de la gravité sur notre perception de l’espace et du temps. Un sujet que le chercheur Gilles Clément explore depuis «une quarantaine d’années», notamment avec les astronautes de la Station spatiale internationale. Leur système vestibulaire, essentiel à l’équilibre, «s’adapte très rapidement à l’absence de pesanteur». 

Mais cette adaptation est mesurée après qu’ils ont «passé deux jours dans l’espace, le temps d’y aller avec le vaisseau, de s’arrimer à l’ISS et de s’installer».Dans l’Airbus A310 Zéro-G, «l’expérience cherche à mesurer l’effet des toutes premières minutes de microgravité» sur l’organisme. Avec pour objectif d’essayer de «comprendre comment on s’adapte aussi vite, pour essayer de voir s’il y a des techniques de réhabilitation dans le traitement qu’on pourra utiliser avec les patients». 

En l’occurrence une cohorte de patients suivis à l’université de Caen pour des troubles de l’équilibre «identiques à ceux des astronautes au début et au retour des vols». Les sujets environnementaux ont aussi leur place. Avec HAMSTER, qui étudie les échanges d’énergie entre une source lumineuse et des feuilles de végétaux.

 Ou encore EVAPER, une expérience du laboratoire MADIREL, qui étudie la microphysique des nuages, applicable à la climatologie. L’unité mixte de l’université d’Aix-Marseille/CNRS essaie de mesurer les temps d’évaporation des gouttes nuageuses soumis à un rayonnement infra-rouge. 

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