Embrouillement médiatique en France : Le cétacé et les réfugiés

21/06/2022 mis à jour: 04:21
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Informations tous azimuts pour sauver une orque dans la Seine et silence radio pour 296 réfugiés en détresse. Une fois de plus, le décalage médiatique a pu surprendre…

C’est un véritable coup de gueule qu’a poussé Patrick Le Hyaric dans la lettre qu’il publie sur son blog et qu’il envoie régulièrement à ses abonnés par la voie de mails.

Dans un dernier long texte où il fait comme à l’accoutumée le tour de l’actualité, l’ancien député européen communiste et ancien directeur du quotidien l’Humanité s’inquiétait il y a quelques jours du malheur de réfugiés dans la détresse qui n’ont pas rencontré l’enthousiasme de la solidarité informationnelle et au contraire le sursaut de solidarité médiatique qui s’est levé pour sauver un cétacé, en l’occurrence une orque qui, sans doute malade s’était engouffrée dans l’estuaire de la Seine, entre Le Havre et Rouen, après avoir quitté l’océan.

«Elle ne trouvait plus le chemin du retour vers la mer et ses congénères. A moins que se sentant affaiblie, elle prît la décision d’aller finir ses jours en eau douce. D’importants moyens ont été déployés pour lui faire retrouver son chemin. Guidage par drone, mobilisations de spécialistes et de scientifiques, services publics divers. Les caméras de télévision se sont déplacées pour suivre l’animal. Chaque jour, les journaux et chaînes d’informations en continu nous ont tenus en haleine, nous donnant des nouvelles de l’orque».

Patrick Le Hyaric rappelle comment de nombreuses associations pour la nature et la biodiversité se sont mobilisées. Même le préfet de Seine-Maritime rendait publiques de longs communiqués sur l’évolution de la situation de l’orque en perdition qu’il fallait absolument protéger.

Les télévisions commençaient à expliquer comment elle serait soignée pour éviter une fin «tragique». Sauf que l’animal finit par trépasser sans qu’aucun secours ne puisse la sauver : «C’est dire si l’affaire était importante ! On s’en réjouit. L’attention au bien-être animal progresse. Et c’est bien», explique Le Hyaric qui met cependant en parallèle cet élan altruiste avec un autre événement concomitant.

«Au même moment, l’équipage de l’Océan Viking, le navire de secours aux migrants de SOS Méditerranée, négociait sans succès avec plusieurs pays européens pour pouvoir débarquer les 296 migrants-réfugiés en attente à bord depuis le 19 mai. Parmi ces passagers de l’Océan Viking, il y a quarante-trois femmes dont six sont enceintes, un bébé d’à peine 3 mois, plusieurs autres enfants et des mineurs isolés.

Pour ces enfants, ces bébés, ces femmes enceintes, ces jeunes hommes, ni drone, ni scientifique, ni médecin, ni caméra, ni flash d’information. Finalement, à bout de force, les réfugiés ont pu débarquer à Pozzallo en Sicile». L’auteur du texte se demande s’il n’y a pas «quelque chose qui cloche, quelque chose qui ne tourne pas rond dans ce monde. L’humanité a quitté le cœur des décideurs !»

 


 

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