Embargo sur le pétrole russe : Discussions difficiles au sein de l’Union européenne

09/05/2022 mis à jour: 13:01
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Photo : D. R.

Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a annoncé, vendredi, que si aucun accord ne serait trouvé pendant le week-end, il convoquerait une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de l’UE «la semaine prochaine».

Des négociations se poursuivront «en début de semaine» entre les 27 Etats membres de l’Union européenne (UE) pour lever les obstacles au projet d’embargo européen sur le pétrole russe, a rapporté hier l’AFP citant des sources diplomatiques. Projet freiné par plusieurs Etats membres, notamment la Hongrie.

Les ambassadeurs des 27 à Bruxelles se sont réunis hier sans parvenir à s’accorder sur la mise en œuvre du sixième paquet de sanctions contre Moscou, présenté mercredi par la Commission européenne. Ce projet prévoit un embargo sur le pétrole russe d’ici à la fin de l’année, dont la réalisation soulève des problèmes importants pour certains pays membres.

«Des contacts à tous les niveaux se poursuivront en début de semaine dans l’objectif d’aboutir le plus rapidement possible à un accord complet sur ce sixième paquet», a déclaré un diplomate européen. Le Conseil européen «est uni sur la nécessité d’adopter» ces mesures. «Des progrès très importants ont été réalisés sur la plus grande partie» d’entre elles, a-t-il affirmé.

Le Premier ministre hongrois, Viktor Orban, dont le pays dépend fortement de la Russie pour son approvisionnement énergétique, avait durci le ton vendredi matin, estimant que la proposition de Bruxelles portait «atteinte» à l’unité de l’Union européenne.

L’unanimité des 27 est requise pour l’adoption des sanctions. «Il n’y a pas de blocage politique, mais la nécessité de garantir des sources alternatives d’approvisionnement aux pays enclavés dépendant du pétrole russe par oléoduc. Et ce n’est pas chose facile», a assuré le diplomate. «Il s’agit de nouvelles infrastructures et de changements de technologies, qui supposent non seulement des financements européens, mais aussi des accords entre plusieurs Etats membres. On avance, mais ça prend mécaniquement un peu de temps», a-t-il ajouté.

La proposition soumise mercredi aux 27 prévoit un arrêt des importations de pétrole brut russe dans les six mois, et des produits raffinés d’ici à fin 2022.

Ce que veut Budapest

Une dérogation d’une année jusqu’à la fin 2023 était prévue pour la Hongrie et la Slovaquie, mais elle a été jugée insuffisante. Elle a été portée jusqu’à fin 2024 dans une nouvelle mouture du projet discutée vendredi, et la République tchèque se voit également accorder cette possibilité, selon des sources concordantes. Mais Budapest souhaite un délai de cinq ans.

Pour assurer son approvisionnement en pétrole, la Hongrie aura besoin d’un nouvel oléoduc la reliant à la Croatie qui dispose d’un accès à la mer. Elle réclame désormais des garanties sur l’engagement de Zagreb pour construire cette infrastructure et sur des financements européens, a expliqué un autre diplomate.

L’unité politique sur le pétrole est «garantie» mais «il faut du temps pour régler les problèmes de certains Etats membres», a expliqué un troisième diplomate. L’objectif des Européens était initialement une entrée en vigueur du sixième train de sanctions pour la célébration de la 72e journée de l’Europe le 9 mai. Cette date est également célébrée en Russie comme le «Jour de la victoire» sur l’Allemagne nazie, a-t-on appris de sources diplomatiques.

Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a annoncé vendredi que, si aucun accord n’était trouvé pendant le week-end, il convoquerait une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères de l’UE «la semaine prochaine», après la «Journée de l’Europe» le 9 mai. «Je suis convaincue que nous adopterons ce paquet. Si cela prend un jour de plus, cela prendra un jour de plus», a déclaré, de son côté, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen.

De son côté, la Maison-Blanche a annoncé un peu plus tard dans un communiqué que «le G7 tout entier s’est engagé aujourd’hui à interdire ou supprimer progressivement les importations de pétrole russe».

Cette décision «va porter un coup dur à la principale artère irriguant l’économie de (Vladimir) Poutine et le priver des revenus dont il a besoin pour financer sa guerre» contre l’Ukraine, affirme l’Exécutif américain.

Son communiqué ne précise toutefois pas quels engagements exactement a pris chacun des membres du G7, à savoir l’Allemagne (qui en a la présidence cette année), le Canada, les Etats-Unis, la France, l’Italie, le Japon et le Royaume-Uni. Le G7 tenait hier, en visioconférence, sa troisième réunion de l’année, avec la participation du président ukrainien, Volodymyr Zelensky. 

 

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