Quelque 61 millions d’électeurs dans ce pays de 85 millions d’habitants étaient appelés à voter hier pour les législatives.
Les résultats des législatives, auxquelles participent un nombre record de 15 200 candidats, sont attendus demain, et la nouvelle assemblée se réunira en mai. La télévision d’Etat a montré des images de bureaux de vote où femmes et hommes faisaient calmement la queue, séparément, pour s’approcher des urnes avant de ressortir, un doigt encré de bleu pour preuve de leur vote.
Mais des experts s’attendent à un taux de participation faible, un dernier sondage publié par la télévision d’Etat ayant indiqué que 41% des personnes interrogées allaient «sans doute» voter. Lors des dernières législatives, en 2020, seuls 42,57% des électeurs se sont déplacés, soit le taux le plus faible depuis la proclamation de la République islamique en 1979, selon les statistiques officielles.
L’enjeu de la participation est d’autant plus crucial pour le pouvoir qu’il le présente comme une preuve de sa légitimité sur la scène internationale sur fond de fortes tensions géopolitiques. «Les ennemis de l’Iran veulent voir si le peuple est présent» car, dans le cas contraire, «ils menaceront votre sécurité d’une façon ou d’une autre», a prévenu l’ayatollah Khamenei. Selon lui, «les Etats-Unis, une majorité de pays européens, les sionistes malveillants, les capitalistes et les grandes entreprises» ont «peur de la puissance du peuple iranien».
Les Etats-Unis ont déclaré jeudi «ne pas s’attendre» à ce que les élections iraniennes soient «libres et équitables». Le corps des Gardiens de la révolution, la puissante armée idéologique du pouvoir, a également estimé qu’une «forte participation» permettrait de décourager d’éventuelles «interventions étrangères» dans le contexte de la guerre à Ghaza opposant Israël au Hamas palestinien soutenu par l’Iran.
Aucun bouleversement des équilibres politiques au sein de la seule chambre du Parlement (Majlis) n’est attendu, selon des experts. Le camp majoritaire, composé de groupes conservateurs et ultraconservateurs parfois rivaux, va continuer à la dominer très largement, comme il le fait dans le Parlement sortant dont il contrôle plus de 230 des 290 sièges. Les formations centristes, réformatrices et modérées ont été marginalisées depuis le scrutin de 2020 et ne peuvent espérer qu’une poignée d’élus après la disqualification d’un nombre important de leurs candidats. Les conservateurs vont également renforcer leur contrôle de l’Assemblée des experts, un collège de 88 religieux chargé de nommer et éventuellement de démettre le guide suprême.
Un total de 144 candidats sont en lice, mais des personnalités notables ont été disqualifiées, au premier rang desquelles l’ancien président modéré, Hassan Rohani (2013-2021). Ce scrutin est le premier depuis le vaste mouvement de contestation qui a secoué le pays après la mort, en septembre 2022, de la jeune Mahsa Amini, quelques jours après son arrestation par la police pour non-respect du strict code vestimentaire du pays.