Élections législatives en Grande-Bretagne : Même dans leur fief du Surrey, les conservateurs à la peine

08/06/2024 mis à jour: 05:28
AFP
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Rishi Sunak, Premier ministre conservateur, pourrait quitter le 10 Downing Street

Changer» après le «gâchis»  des conservateurs, au pouvoir depuis 14 ans : dans le Surrey, fief historique des Tories britanniques, les électeurs sont tentés de donner sa chance à l’opposition lors des élections législatives du 4 juillet. Avec ses coquettes maisons de pierres et de briques, ses fenêtres fleuries et sa rue principale longée de nombreux petits commerces, Godalming et ses 20 000 habitants est une ville typique de la campagne du sud huppé de l’Angleterre. Ici, à un peu moins d’une heure de train de Londres, les électeurs – dont beaucoup de familles et de retraités aisés – ont toujours envoyé un député conservateur à Westminster. 

Depuis 2005, il s’agit de Jeremy Hunt, actuel chancelier de l’Echiquier (ministre des Finances) et désormais l’une des figures majeures des Tories menacées de perdre leur siège. Selon les sondages, le parti libéral-démocrate (centriste) pourrait arriver en tête le 4 juillet dans cette circonscription de Godalming & Ash. Un véritable coup de tonnerre, qui témoigne de l’usure des conservateurs après cinq Premier ministres et leur gestion du Brexit, non majoritaire ici, de la pandémie de Covid et plus récemment de la crise du pouvoir d’achat provoquée par la forte inflation. «Je me situe plutôt à droite, mais cette fois (...) je ne sais pas pour qui je vais voter, ni si je vais voter tout court», explique Claudette Forrester, ancienne salariée dans la finance de 61 ans, rencontrée par l’AFP dans la rue principale.  Cette habitante, qui s’occupe désormais de sa fille handicapée, se dit déçue par les conservateurs. «J’ai l’impression qu’ils ne savent pas ce que les gens normaux doivent subir. Quand vous faites vos courses, vous comptez chaque penny parce que la nourriture est hors de prix», se plaint-elle. «Nous avons besoin de changement, nous avons besoin d’améliorations», abonde Ian, retraité de 70 ans, ancien employé du NHS, le système public de santé, rencontré devant le supermarché Waitrose, enseigne prisée des ménages aisés. Lui votera Labour, positionné au centre-gauche et en tête des sondages au niveau national.


Délaissés 

«Je veux que le gouvernement conservateur s’en aille. Il a fait des mauvaises choses pour ce pays», dit-il, citant la déliquescence du NHS après des années de sous-financement et la pandémie.Beaucoup d’autres électeurs rencontrés par l’AFP à Godalming évoquent ce sujet, l’une des préoccupations majeures des britanniques dans cette campagne électorale, mais aussi les scandales du gouvernement de Boris Johnson, comme celui des fêtes organisées à Downing Street pendant la pandémie. Et la plupart affirment qu’ils voteront pour le libéral-démocrate Paul Follows, élu local inconnu au niveau national.


«Je ne pense pas que la région ait changé en terme de valeurs (...), c’est une zone anti-Brexit», aux opinions modérées, estime le candidat dans un récent podcast du Guardian. «Ce qui a changé c’est Jeremy (Hunt) et le parti conservateur». Ils «se sont droitisés de manière importante et les gens, dans une région progressiste comme ici, se sentent délaissés», ajoute-t-il. Même Charlie Crowford, retraité de 54 ans et électeur fidèle des conservateurs, assure que les derniers gouvernements ont été un «gâchis complet». «Les gens en ont marre des conservateurs», reconnaît-il, même s’il votera encore pour eux le 4 juillet. Surtout pour Jeremy Hunt, «une figure nationale» et «un potentiel chef pour le parti». 

Appartenant au courant le plus au centre chez les Tories, Jeremy Hunt avait tenté en 2019 d’en prendre la tête, finalement battu par Boris Johnson. Apprécié localement, bien au-delà de son propre camp, «ça va être un combat très difficile», a-t-il reconnu récemment, alors qu’il multiplie les opérations de porte-à-porte.  Comme lui, d’autres pointures du parti - le ministre de la Défense Grant Shapps, ou la ministre des relations avec le Parlement, Penny Mordaunt - sont menacés ailleurs dans le pays, posant la question de la ligne du parti après les élections et la défaite annoncée depuis des mois dans les sondages, au profit de l’opposition travailliste. D’autant que d’autres pointures de cette aile modérée, comme Michael Gove, également élu du Surrey, ou l’ancienne Première ministre Theresa May, ont décidé de ne pas se représenter.    

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