Elections législatives en France : Un scrutin difficile pour le président Macron

11/06/2022 mis à jour: 07:22
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Le président français, Emmanuel Macron, a beaucoup tardé à prendre conscience que les législatives seraient loin d’être une partie de plaisir

Alors que les Français sont appelés aux urnes pour les élections législatives qui renouvelleront, ce dimanche et le dimanche 19 juin, la Chambre des députés, les regards sont braqués sur la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes), portée par Jean-Luc Mélenchon et qui regroupe son parti, La France insoumise, allié au Parti socialiste, au Parti communiste et aux écologistes d’Ecologie-Les-Verts. 

Cette union de la gauche qui ne dit pas son nom est une première en France au premier tour d’une élection. Cette union, lit-on dans le journal de droite Le Figaro, «est une donnée inédite et majeure, qui aura des conséquences partisanes au-delà de ce scrutin». 

L’intrusion politique de ce mouvement n’est en tout cas pas pour plaire au président Macron, réélu grâce aux voix de la gauche en avril dernier et qui pensait que les législatives ne seraient qu’une formalité. Une erreur de jugement puisque plusieurs sondages donnent la Nupes à égalité avec la majorité sortante d’Emmanuel Macron (Ensemble !), et d’autres en tête au premier tour. 

La droite républicaine (Les Républicains) fait pâle figure. Et l’extrême droite du Rassemblement national est loin derrière, tout comme le parti Reconquête d’Eric Zemmour. 
 

Au second tour, rien n’est encore joué. La Nupes pourrait-elle décrocher la majorité des sièges ? Les commentateurs ne misent pas sur ce cas de figure, qui n’est cependant pas à exclure totalement. A contrario, rien ne dit pourtant que les macronistes obtiendront la majorité absolue à l’Assemblée nationale, qui compte 577 députés. 
 

LE COUP POLITIQUE DE MÉLENCHON
 

Dans les médias écrits, radio et télévisés, le duel Macron-Mélenchon est à présent clairement identifié et le chef de file de la Nupes est vilipendé comme étant l’ennemi à abattre. On est loin des sourires lorsque le trublion de la gauche, arrivé troisième à la présidentielle d’avril, annonçait aussitôt un «troisième tour», demandant que les Français «l’élisent Premier ministre» lors des législatives à venir.
 

Les médias s’en sont amusés, à tort. L’hebdomadaire de la gauche sociale-démocrate Challenges, qui lance une charge insensée contre Mélenchon, est obligé de la reconnaître : «Avec habileté, il a pris de court ses adversaires en appelant les Français à ‘‘l’élire Premier ministre’’.» «Un coup tactique qui lui a permis de continuer d’occuper l’espace médiatique tout en gardant intact le souffle qui l’avait porté à 22% des voix lors du premier tour. 

Dans le même temps, il réussissait l’impossible en réalisant l’union de la gauche derrière lui, avec la Nupes (Nouvelle Union populaire écologique et sociale), un ovni politique qui rassemble communistes, socialistes, écologistes et Insoumis autour d’un programme commun et d’un contrat de gouvernement qui verrait, 20 ans après Lionel Jospin, le retour d’une ‘‘gauche plurielle’’ à Matignon.»
 

De son côté, le président Emmanuel Macron a beaucoup tardé à prendre conscience que les législatives seraient loin d’être une partie de plaisir, nommant, tardivement, une Première ministre à l’opposé des vœux majoritaires des Français. Le Figaro note ainsi : 

«Alerte rouge en macronie. Alors que Jean-Luc Mélenchon porte le débat public à incandescence à la veille du premier tour des élections législatives, Emmanuel Macron sonne la mobilisation générale. Et envoie ses troupes sur le terrain. A commencer par lui (…). Derrière lui, tout le gouvernement s’est déployé pour tenter d’enrayer la dynamique de la Nupes.»
 

DOUTE ET INQUIÉTUDE EN MACRONIE
 

Face à cette incertitude de la majorité présidentielle prise de doute et inquiète, les espoirs se font jour à gauche en raison de la tonalité sociale, écologique et progressiste de son programme : salaire minimum à 1500 euros, retraite à 60 ans, gel des prix, transition énergétique, planification écologique… L’hebdomadaire de la gauche radicale Politis se fait lyrique : «Un mois après la naissance de la Nupes, il nous arrive encore de nous réveiller, le matin, envahis par une de ces bouffées heureuses, mélange d’aise et d’optimisme incrédule qui chassent l’emprise d’un mauvais rêve. 

Celui qu’ont durablement entretenu la désunion crasse, les calculs boutiquiers, les manœuvres d’ego au sein des écuries politiques. Certes, par le passé, nous avons vécu des alliances, parfois même durables, entre la gauche et l’écologie. 

Mais la Nouvelle Union populaire écologique et sociale porte une dimension bien plus puissante : l’intégration poussée, pour la première fois, des enjeux écologiques, sociaux, démocratiques et sociétaux qu’impose une époque aux défis irréfragables.»  

Pour le politologue Jérôme Jaffré, «Emmanuel Macron et ses proches ont sous-estimé l’absence d’élan qui suit une présidentielle, où le Président sortant est réélu et non plus conquérant». «Une partie des électeurs a voté pour lui sous contrainte, car ne voulant pas voir Marine Le Pen arriver au pouvoir. 

Ce vote ne valait donc pas soutien politique», fait-il remarquer dans Le Figaro. La position dominante de la Nupes dans le récit médiatique de cette campagne qui s’achève a aussi été renforcée par la victoire judiciaire que le mouvement mélenchoniste a remporté au Conseil d’Etat. 

Face au ministère de l’Intérieur qui voulait inscrire les candidats de la Nupes selon leurs partis d’origine, l’instance a tranché : «La Nupes devra être comptabilisée comme une nuance politique à part entière.» Une dernière inconnue est cependant à prendre en compte : le taux d’abstention. 

Les études d’opinion tablent sur un nouveau record à plus de 50%. Mais rien n’est jamais sûr en la matière.

 

Walid Mebarek

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