L’ONU a remis hier aux autorités maliennes le dernier camp de l’ancienne mission de Casques bleus, chassée fin 2023 par la junte au pouvoir dans ce pays en proie au djihadism. Environ 7,3 millions d’électeurs étaient appelés hier pour choisir 165 députés.
Cette consultation est importante pour les dirigeants du pays qui visent la majorité la plus large possible pour appliquer l’agenda de rupture et de justice sociale avec lequel ils ont été portés au pouvoir il y a huit mois. Bassirou Diomaye Faye a été élu président au premier tour en mars, dénué de toute expérience exécutive mais tiré vers le sommet par l’enthousiasme et l’aspiration au changement d’une population jeune et éprouvée par trois années de confrontation politique et de crise économique.
Son mentor Ousmane Sonko, qui aurait dû être à sa place si sa candidature n’a été invalidée, est devenu Premier ministre. Pendant des mois, ces avocats d’un «panafricanisme de gauche» ont mené une cohabitation conflictuelle avec une Assemblée toujours dominée par l’ancienne majorité présidentielle.
Le président Faye l’a dissoute dès que les délais constitutionnels l’ont permis, en septembre. Les électeurs doivent décider de donner ou non au duo Faye-Sonko les moyens de tenir ses promesses: améliorer la vie d’une population dont une grande partie se bat au quotidien pour joindre les deux bouts, partager avec elle les revenus des ressources naturelles comme les hydrocarbures et de la pêche qui auraient été bradés à l’étranger, combattre la corruption, transformer l’Etat et la justice. Le coût de la vie reste une préoccupation majeure, comme le chômage, à plus de 20%. Les nouveaux gouvernants sont à leur tour confrontés à la vague de ces centaines de compatriotes qui partent chaque mois en pirogue chercher un avenir meilleur en Europe.
Historiquement, les Sénégalais mettent en cohérence leur choix de la présidentielle et des législatives et le parti des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité (Pastef) de O. Sonko est donné favori, selon les experts.
En face, l’opposition est dispersée, en dépit d’accords entre coalitions. L’ancien président Macky Sall, écourtant la période de réserve traditionnellement observée par ses prédécesseurs, a fait campagne à distance. Son dauphin présumé, l’ancien Premier ministre Amadou Ba, battu à la présidentielle, présente sa propre liste. Le maire de Dakar, Barthélémy Dias, a échangé les diatribes avec O. Sonko. Ils reprennent à leur compte le grief formulé par un certain nombre de Sénégalais selon lequel O. Sonko a beaucoup parlé et peu agi.
Ce dernier s’est défendu tout en arguant de l’état dans lequel lui et le président ont trouvé le pays et des multiples résistances à l’entreprise de changement des pratiques et du système. Depuis leur installation, les autorités ont baissé les prix du riz, de l’huile et du sucre. Elles ont lancé des audits tous azimuts et la réévaluation d’accords avec des partenaires étrangers. Elles ont initié une réforme de la justice et viennent de présenter un projet de transformation de l’économie et des politiques publiques sur 25 ans. L’opposition les accuse d’amateurisme et de soif de règlements de compte.