Elections législatives au Japon : Le Premier ministre sur la défensive

26/10/2024 mis à jour: 09:40
AFP
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Shigeru Ishiba, Premier ministre japonais

Face à des sondages en berne et aux retombées d'un scandale financier au sein de son parti, le nouveau Premier ministre japonais Shigeru Ishiba apparaît sur la défensive juste avant les élections législatives de demain où il se voit menacé de perdre sa majorité.

 Selon un nouveau sondage publié vendredi par le quotidien Yomiuri, le Parti libéral-démocrate (PLD, droite conservatrice) et son partenaire de coalition Komeito (centre droit) pourraient peiner à obtenir les 233 sièges synonymes de majorité absolue à la chambre basse du Parlement. Un tel résultat serait quasiment inédit dans l'histoire du PLD, qui a gouverné le Japon presque sans interruption depuis les années 1950 et sa pire performance depuis 2009, la dernière fois qu'il a perdu le pouvoir. 

Ce serait aussi un revers cuisant pour M. Ishiba, qui s'est lui-même fixé l'objectif modeste de conquérir 233 sièges avec son allié : un nombre inférieur obligerait le PLD à chercher d'autres partenaires ou à diriger un gouvernement minoritaire. 

Shigeru Ishiba, 67 ans, est devenu Premier ministre le 1er octobre après avoir été élu à la tête du PLD, et a aussitôt convoqué des législatives anticipées pour tenter de consolider son pouvoir, espérant pouvoir miser sur une «lune de miel» dans l'opinion. Mais la baisse du pouvoir d'achat et l'inflation en nette hausse dans l'archipel depuis 2022, motif de mécontentement des Japonais, pèsent sur sa campagne. Et surtout, le dirigeant se voit rattrapé par les suites d'un vaste scandale financier au sein du parti, qui a déjà contribué à l'impopularité de son prédécesseur Fumio Kishida. Plusieurs dizaines de membre du parti avaient été sanctionnés en interne pour avoir omis de déclarer l'équivalent de plusieurs millions d'euros, récoltés via la vente de billets pour des soirées de levées de fonds et que le PLD leur a ensuite reversés. 

Désireux de tourner la page, Shigeru Ishiba s'était engagé à ne pas soutenir la campagne des membres impliqués dans le scandale: or, selon le quotidien Asahi, le PLD a versé 20 millions de yens (122 000 euros) aux sections locales dirigées par ces responsables, provoquant la fureur de l'opposition.


Le peuple en colère 

M. Ishiba a affirmé jeudi que l'argent était destiné aux sections et non aux candidats. «Il est vraiment frustrant que de tels articles sortent à un moment comme celui-ci», s'est-il indigné lors d'un discours de campagne, assurant que «ces candidats n'utiliseront pas l'argent». «Nous ne pouvons pas être vaincus (aux élections, ndlr) par ceux qui ont des opinions biaisées», a-t-il ajouté. 

De quoi s'attirer des répliques cinglantes de ses adversaires, dont le populaire ex-Premier ministre Yoshihiko Noda, qui dirige la principale formation d'opposition et deuxième groupe du Parlement, le Parti démocrate constitutionnel (PDC, centre-gauche). «Quelle que soit la façon dont on le regarde, ce sont des fonds en liquide (utilisés) pour soutenir secrètement (ces candidats). 

M. Ishiba se cherche des prétextes que personne ne comprend», a tonné M. Noda, 67 ans, lors d'un discours de campagne. «Il est en colère contre ces articles de presse ? Qu'est-ce qu'il raconte ? C'est le peuple japonais qui est en colère (contre lui)», a-t-il ironisé. L'horizon s'assombrit pour la coalition au pouvoir, après des sondages déjà peu encourageants le week-end dernier. 

Selon le sondage du Yomiuri publié hier, dans les circonscriptions, seuls 87 des 266 candidats du PLD sont en tête dans les intentions de vote, tandis que 133 sont au coude-à-coude. D'après le journal, le PLD devrait également perdre des dizaines d'élus dans les sièges attribués à la proportionnelle, selon le système électoral nippon hybride qui ajoute une dose de proportionnelle aux scrutins majoritaires dans chaque circonscription. 

Mais il est cependant peu probable que le PLD quitte le pouvoir, étant donné l'état de division de l'opposition, et si tel était le cas, il reviendra bientôt aux manettes, avertit Rintaro Nishimura, spécialiste de politique japonaise du cabinet de conseil The Asia Group. «C'est très difficile à prédire, mais à chaque fois, les électeurs punissent le PLD et finissent immanquablement par revenir vers lui», observe-t-il, alors que le PLD réunit des factions rivales aux idéologies flexibles.

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