Élections générales en Afrique du Sud : Les petits partis d’opposition espèrent gagner du terrain

15/04/2024 mis à jour: 03:35
AFP
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Les premières élections démocratiques ont eu lieu en 1994 mais le pays reste le plus inégalitaire au monde, selon la Banque mondiale

Sur un bout de gazon d’un township de Johannesburg, des militants s’égosillent devant quelques dizaines de curieux : «Nous avons besoin de nouveaux dirigeants», répètent-ils, espérant gagner des voix lors des élections prévues en Afrique du Sud le 29 mai. 

Le pays d’Afrique australe tient des élections générales dans moins de deux mois, dans un contexte de mécontentement grandissant alimenté par un climat socio-économique morose qui pourrait coûter au Congrès national africain (ANC), au pouvoir depuis la fin de l’apartheid, sa majorité absolue au Parlement.  Rise Mzansi compte parmi la myriade de petits partis d’opposition qui espèrent remporter une part du terrain perdu dans les urnes par l’ANC. «Elève-toi, Songezo», scande le petit groupe de militants en introduisant leur chef de file et candidat, Songezo Zibi, 48 ans. 

Le prétendant à un siège de député, ancien journaliste, prend alors la parole. «Je ne vais pas vous mentir et vous dire que nous allons résoudre tous vos problèmes. Ce n’est pas réaliste», dit-il lors d’une opération de porte-à-porte vendredi dans le quartier déshérité d’Eden Park. Cette stratégie de campagne particulière s’explique par la désillusion d’une grande partie des 62 millions de Sud-Africains après trente ans de règne de l’ANC. Les premières élections démocratiques ont eu lieu en 1994 mais le pays reste le plus inégalitaire au monde, selon la Banque mondiale. Le taux de criminalité est parmi les plus élevés de la planète. Les affaires de corruption font toujours régulièrement les gros titres et l’économie en berne est plombée par un chômage endémique. «Les gens ne veulent pas aller voter. Ils ont abandonné la politique», commente auprès de l’AFP Songezo Zibi, en chemise blanche, jean et baskets. Lors des élections de 2019, seuls 49% des électeurs inscrits s’étaient rendus aux urnes. 


«Pas de miracle» 

«Le problème, c’est la confiance. Les gens n’attendent pas de miracle. Ils veulent savoir si vous dites la vérité ou non», poursuit M. Zibi, appelant à participer à ce grand moment où il est possible de  renouveler la classe politique et faire les choses autrement. Avec son franc-parler et comme angle d’attaque la lutte contre la corruption ou la réduction des dépenses, le candidat a déjà séduit des donateurs. Fondé seulement l’an dernier, Rise Mzansi a collecté l’équivalent de près de 900 000 dollars entre octobre et décembre, soit plus qu’aucun autre parti, selon les autorités électorales. 

Convaincre l’électorat est une autre paire de manches. Emploi, sécurité... : dans le quartier bordé de petites maisons grises, clôtures délabrées et cabanes en tôle ondulée, presque tout manque. Et Zibi «ne nous offre rien», peste Lindiwe Dlamini, 27 ans, au chômage. Les sondages accordent au petit parti moins de 1% des suffrages en mai. Son leader espère grimper jusqu’à 5%, soit une vingtaine de sièges sur les 400 au Parlement. Rise Mzansi n’est pas entré dans la coalition montée par le premier parti d’opposition, l’Alliance démocratique (DA). 

Le chef de la DA, John Steenhuisen, a récemment qualifié les membres du petit parti ainsi que ceux des autres mouvements qui ont refusé d’entrer dans la coalition de mercenaires déterminés à diviser le vote de l’opposition, dans une stratégie pour ensuite négocier un accord avec l’ANC. S’il perdait sa majorité parlementaire en mai, le parti historique pourrait être contraint de former un gouvernement de coalition. «Nous ne sommes pas du tout obsédés par l’idée d’entrer au gouvernement», affirme Songezo Zibi, qui décrit son parti comme un mouvement «social-démocrate à mi-chemin entre le communisme et le capitalisme». 
 

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