Elections générales en Afrique du Sud : Le parti radical EFF lance sa campagne

11/02/2024 mis à jour: 06:12
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Le leader de la gauche radicale sud-africaine Julius Malema a lancé hier la campagne de son parti en vue des prochaines élections générales, taxant l’ANC au pouvoir et menacé d’un revers électoral historique, rapporte l’AFP. 

Devant des milliers de soutiens rassemblés dans un stade quasiment plein de Durban (est), capitale de la province clef du KwaZulu-Natal comptant le plus grand nombre d’électeurs, le chef du deuxième parti de l’opposition a accusé le Congrès national africain (ANC) d’«apartheid économique». «Qu’est-ce que la liberté sans emploi ?» a-t-il fustigé, «qu’est-ce que la liberté sans électricité ?» Le président Cyril «Ramaphosa continue à tuer notre peuple», a asséné J. Malema. «Nous voulons le pouvoir pour l’utiliser de manière décisive», a-t-il ajouté. 
 

La première puissance industrielle du continent est confrontée à une grave crise de l’énergie engendrant des coupures d’électricité allant jusqu’à 12 heures par jour. Le climat socioéconomique est également marqué par un chômage endémique et des inégalités croissantes. Dans ce contexte morose et avec une image écornée par des affaires de corruption, l’ANC, à la tête du pays depuis la fin de l’apartheid, risque de perdre sa majorité absolue au Parlement pour la première fois à l’issue des prochaines élections, selon les enquêtes d’opinion. 

Les quelque 27,5 millions de Sud-Africains inscrits sur les listes électorales devront se rendre aux urnes entre mai et août pour renouveler leur Parlement, qui désignera ensuite le prochain  Président. La date précise du scrutin doit encore être annoncée. Ces derniers mois, les partis de l’opposition ont activement cherché des stratégies d’alliances pour déloger l’ANC. Le premier, l’Alliance démocratique (DA), encore largement perçu comme un parti blanc, a monté une coalition avec dix petites formations politiques. Administrant la ville du Cap, le DA a toutefois fermement refusé de se rapprocher de l’EFF, invoquant de profondes divergences de «valeurs et principes». 

L’EFF, qui s’inspire du marxisme-léninisme, a notamment ouvertement affiché son soutien à la Russie après son offensive en Ukraine début 2022. Hier, Julius Malema a qualifié le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, de «seigneur de guerre». Malgré ces frasques, la cote de popularité du parti est en hausse et il pourrait ravir la place de premier mouvement de l’opposition dans le pays. Selon un récent sondage Ipsos, l’EFF et le DA se tiennent dans un mouchoir de poche avec 17 et 20% des intentions de vote. 

Aux élections générales de 2019, l’EFF n’avait obtenu qu’à peine plus de 10% des voix. Julius Malema, qui fait l’objet de plusieurs procédures judiciaires, promet régulièrement emplois et éducation gratuite pour tous, ainsi que le retour de la terre aux Sud-Africains noirs avec l’application de mesures d’expropriation sans compensation. Malema, 42 ans, a fondé l’EFF en 2013 après avoir claqué la porte de l’ANC, dont il dirigeait la Ligue des jeunes. 

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