Élection présidentielle aux États-Unis : Cerner le vote Trump, ce casse-tête des instituts de sondage

11/05/2024 mis à jour: 00:00
AFP
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Donald Trump lors d’un meeting à Rapid City, dans l’Etat du South Dakota - Photo : D. R.

La présidentielle de 2020 a donné lieu à des erreurs d’une «ampleur inhabituelle», les pires depuis vingt voire quarante ans, selon un rapport de l’AAPOR.

Vous avez pensé quoi du match hier soir ? Et sinon, vous voterez pour qui en novembre ? A six mois de la présidentielle, les instituts de sondage américains se démènent pour atteindre les électeurs de Donald Trump, qui leur échappent systématiquement depuis huit ans. La victoire du républicain sur la démocrate Hillary Clinton, en 2016, avait pris l’Amérique par surprise. 

Mais c’est surtout la dernière élection, remportée par Joe Biden, qui a obligé les sondeurs à un examen de conscience. La présidentielle de 2020 a donné lieu à des erreurs d’une «ampleur inhabituelle», les pires depuis vingt voire quarante ans, selon un rapport de l’AAPOR, l’association américaine des instituts d’études d’opinion.

Pourquoi les sondages ont-ils, jusqu’à la veille de l’élection, et en dépit des mesures correctrices prises après 2016, surestimé le vote Biden, et sous-estimé le vote Trump ? Don Levy, directeur de l’institut de recherches de l’université Siena, qui publie avec le New York Times des enquêtes très suivies, ne croit pas une seconde que les partisans du magnat républicain soient trop «timides» pour afficher leur préférence. 

En revanche, ils sont «plus réticents à participer à un sondage», voire franchement hostiles. «Donald Trump a demandé à ses partisans de ne pas répondre aux sondages et franchement nous n’avions jamais été confrontés à cela», abonde Celinda Lake, dont l’influente société de sondages travaille pour le parti démocrate. «En 2020, nous avons constaté que les personnes interrogées étaient plus réservées quand il s’agissait de donner leurs intentions de vote», explique aussi à l’AFP Doug Schwartz, qui dirige un autre institut réputé, au sein de l’université Quinnipiac. Il affirme toutefois, sans entrer dans les détails, que «nos efforts ont permis de réduire les refus».

Plus difficile et plus coûteux 

Tous s’accordent à dire que joindre les électeurs, à l’heure des smartphones avec leurs filtrages d’appels, est de plus en plus difficile et coûteux. Pour corriger la sous-représentation des électeurs du candidat républicain, Don Levy (Siena) pose désormais la question de l’intention de vote (Biden ou Trump) «d’entrée de jeu».

Même si les partisans du magnat de 77 ans, une fois leur préférence affirmée, raccrochent sans répondre aux autres questions, cette réponse au moins sera prise en compte, dit-il à l’AFP. Par ailleurs, il ne jure que par l’entretien téléphonique, sur la base des listes électorales et en veillant à sur-représenter dans les échantillons des partisans potentiels de Donald Trump, par exemple des électeurs blancs, sans diplôme universitaire et vivant à la campagne. 

Celinda Lake, elle, établit des «réservoirs» de potentiels électeurs du républicain, avec des techniques de modélisation statistique, mais refuse de se cantonner aux seuls entretiens téléphoniques. Au téléphone, «vous allez avoir des interlocuteurs plus âgés» et «qui travaillent selon des horaires réguliers», plutôt que des jeunes ou des personnes en emploi précaire, note-t-elle, en plaidant pour une approche «mixte».

«Nous utilisons internet, nous envoyons des textos, nous appelons les portables et les lignes fixes», poursuit-elle en indiquant que ses sondeurs cherchent à contacter la même personne «plusieurs fois». Par ailleurs, «nous faisons de plus en plus attention à la manière dont nous commençons nos questionnaires», dit encore Celinda Lake à l’AFP, afin de ne pas apparaître «trop biaisé» ou «trop progressiste».

«Swing states» 

«Par exemple, nous allons demander aux gens ce qu’ils ont pensé du match de football américain de la veille, ou une autre question qui leur fait penser ‘‘Voilà quelqu’un qui est comme moi’’.»  

Les instituts de sondages sont aussi décidés à déployer les grands moyens dans les «swing states», Etats susceptibles de basculer d’un camp à l’autre. Les Etats-Unis élisent leur président via un système de grands électeurs répartis par Etat. Pour gagner, Joe Biden et Donald Trump ne doivent pas remporter une majorité des voix à l’échelle nationale, mais gagner, même avec un très faible écart de voix, dans un certain nombre d’Etats charnières.

En 2024, les commentateurs et chercheurs en ont identifié six, voire sept, dont l’Arizona, la Géorgie, le Nevada, la Pennsylvanie... Paradoxalement, la volonté des instituts de sondage de mieux explorer ces Etats, voire certaines circonscriptions précises, pourrait faire plus de mal que de bien, redoute Don Levy (Siena). «Certaines personnes (vivant dans les swing states) pourraient se sentir ‘‘sur-sondées’’. Et cela pourrait aussi avoir une influence» sur la fiabilité finale des enquêtes, prévient-il.

Steve Bannon condamné en appel

La peine de quatre mois de prison prononcée contre l’idéologue populiste de droite américain Steve Bannon, ex-influent conseiller de Donald Trump à la Maison-Blanche, a été confirmée hier en appel. Steve Bannon, 70 ans, avait été condamné en octobre 2022 à quatre mois de prison pour «entrave aux pouvoirs d’enquête du Congrès» en raison de son refus de coopérer avec l’enquête parlementaire sur l’assaut du Capitole le 6 janvier 2021.

Un autre ex-conseiller de Donald Trump à la Maison-Blanche, Peter Navarro, également condamné à quatre mois de prison pour les mêmes faits, a commencé à purger sa peine en mars 2024.

Steve Bannon peut encore faire appel de cette décision de la cour d’appel fédérale de Washington. Le 6 janvier 2021, il avait échangé au téléphone avec M. Trump. Ce jour-là, des centaines de partisans du président républicain sortant avaient pris d’assaut le Capitole, siège du Congrès américain, afin de tenter d’y empêcher la certification de la victoire de son adversaire démocrate Joe Biden à l’élection de novembre 2020.


 

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