Élargir les routes n’empêche pas les embouteillages (alors pourquoi s’acharner ?)

10/01/2023 mis à jour: 18:49
AFP
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Ajouter des voies, des voies et encore des voies, jusqu’à ce que les routes atteignent des largeurs jamais vues, est-ce vraiment le remède aux problèmes d’embouteillages qui perturbent de nombreuses agglomérations ? Le New York Times s’est penché sur le problème en étudiant les situations de plusieurs grandes villes américaines, à commencer par Los Angeles. Du côté de L. A., l’Interstate 710 est peut-être la route la plus tristement célèbre en raison de sa circulation souvent très obstruée. Des voitures de particuliers y côtoient les camions de fret, lesquels multiplient les allers-retours entre la ville et le port de Long Beach. L’ensemble fait perdre un temps considérable aux uns et aux autres, sans parler des effets désastreux sur la qualité de l’air ambiant. Régulièrement, pour tenter de désencombrer le trafic, de nouveaux projets d’aménagements sortent du chapeau des responsables politiques. Il s’agit d’ajouter une ou plusieurs voies aux routes existantes, ce qui génère des travaux importants –qui généralement rendent la circulation encore plus compliquée– et, surtout, ne règle absolument pas le problème. Ce qu’il y a de trompeur avec ce genre d’initiative, c’est que dans un premier temps, elle peut sembler efficace: effectivement, il y a plus d’espace, on a davantage l’occasion de doubler les véhicules trop lents, et en cas d’accident, il est plus simple de sécuriser les voies concernées et de laisser le trafic se poursuivre sur d’autres. Seulement voilà : une circulation plus fluide, c’est davantage d’automobilistes qui se disent que prendre leur voiture est une bonne idée. Et la galère reprend. Les études le montrent : quelques années après l’élargissement d’une rocade ou d’une autoroute, les soucis constatés par le passé tendent à se reproduire. Quand le trafic est de nouveau saturé et que les émissions de gaz à effet de serre sont au plus haut, c’est alors le début d’un nouveau cycle. D’abord une réflexion sur les prochaines mesures à engager, ensuite des appels à projets, et puis la décision tombe: il faut... ajouter des voies. Bref, on ne s’en sort pas.

En Californie, le département des Transports dépense chaque année des milliards de dollars pour élargir les routes, explique le New York Times. Et bien que d’autres solutions soient proposées par les organismes travaillant sur la régulation du trafic routier, celles-ci continuent à être laissées de côté ou à être financées de façon très insuffisante, ce qui ne permet pas de les pérenniser. Favoriser les déplacements des piétons, accroître considérablement la part des transports en commun: ces alternatives-là sont constamment négligées au profit du tout-automobile.

À Jersey City (dans le New Jersey) ou Houston (Texas), autres exemples étudiés de près par le New York Times, les situations sont similaires. Si quelques États commencent à réaliser que des routes démesurément larges ne changeront rien sur le long terme, les mentalités évoluent difficilement dans leur ensemble. Au cours des cinq prochaines années, les États recevront un total de 350 milliards de dollars, soit environ 328 milliards d’euros, pour transformer les routes à grande vitesse. La majorité de cet argent sera utilisée pour ajouter des voies, y compris dans certains États démocrates censés mener une lutte ambitieuse contre les dérèglements climatiques.

Cependant les choses bougent. A Los Angeles, l’Interstate 710 devait être encore élargie. La somme de 60 millions de dollars (56 millions d’euros) avait été dépensée rien que pour le design et la planification de sa nouvelle version, dont les travaux devaient s’étaler sur deux décennies. Finalement, en mai dernier, le projet a été abandonné. «Nous ne voyons pas l’élargissement comme une bonne stratégie pour L.A.», résume James de la Loza, responsable de l’agence de planification du secteur des transports du comté de Los Angeles.

La fin des ajouts de voies n’est cependant pas pour demain, puisque dans plusieurs États (Texas, Oregon, Maryland), de gros projets sont en train d’être lancés dans ce sens. Idem à New York, où la Brooklyn Queens Expressway, toujours très embouteillée, devrait subir un nouvel élargissement dans les années à venir, ce qui portera son nombre de voies à six.

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