Le parcours du quotidien El Watan durant ses trente-deux ans d’existence a toujours été jalonné d’embûches et d’entraves de différentes natures.
Chantage à la publicité, menaces terroristes, emprisonnement de journalistes, harcèlement judiciaire, suspension d’impression sur les rotatives publiques, trois vérifications approfondies des comptes par l’administration des impôts (un record), etc. Mais à chaque fois, le journal a réussi à surmonter les obstacles et faire face aux contraintes qui se sont posées à lui.
Au milieu d’un environnement devenu au fil des années très hostile, la SPA El Watan a relevé un énorme défi, celui de posséder ses propres moyens d’impression en association avec le quotidien indépendant en langue nationale El Khabar. En quelques années, les deux journaux ont réussi à acquérir quatre rotatives, réparties à travers Alger, Oran, Constantine et Ouargla.
Une prouesse commerciale qui a largement assuré l’indépendance de ces journaux. El Watan est devenu en quelques années un des fleurons de la presse nationale et une référence sur les plans national et international. Tout cela grâce aux efforts soutenus des travailleurs et à la stratégie de développement adoptée par les membres fondateurs.
Qui a intérêt à voir disparaître ce titre de presse, devenu une véritable institution ? En premier, les ennemis de la presse libre et démocratique, puis viennent les milieux de la corruption qu’El Watan a toujours combattus. Il y a aussi le camp des radicaux islamistes et des sponsors du terrorisme, heureusement tous largement minoritaires devant la masse des citoyennes et des citoyens qui considèrent que l’acquis démocratique à travers le pluralisme politique et la liberté de la presse contenus dans la Constitution ne sont pas négociables.
Aujourd’hui, le quotidien El Watan fait face à une tentative d’asphyxie financière. Ses comptes bancaires sont bloqués et sa dette lui est réclamée dans son intégralité, alors que la pratique voudrait qu’elle soit rééchelonnée.
La société, à titre d’exemple, va avoir l’insigne honneur de figurer parmi les premières à payer une taxe sur les journaux invendus qui n’a jamais été réclamée par l’administration fiscale depuis l’indépendance. Mais où est la justice fiscale comme énoncé dans la Constitution ?
Après un mouvement de grève de plusieurs jours, les travailleurs ont pris la décision de reprendre l’activité, étant convaincus que la levée du blocage des comptes pour libérer les salaires sera prononcée en leur faveur par la justice, conformément à la loi. Une décision sage et courageuse pour des femmes et des hommes arrivés au bout de leur patience pour assurer la sortie quotidienne du journal.
Face à la situation catastrophique dans laquelle est plongé le quotidien El Watan, la justice a son mot à dire mais cela devra être accompagné d’une intervention rapide des pouvoirs publics pour rétablir le journal dans ses droits et mettre de l’ordre dans le secteur de la presse profondément sinistré.