Edulcorant : L’aspartame est «peut-être» cancérogène, selon l’OMS

15/07/2023 mis à jour: 01:16
AFP
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L’aspartame, un édulcorant sans valeur nutritive, est incorporé aux boissons à faible teneur en calories comme les sodas light

L’OMS considère désormais que l’aspartame, un édulcorant artificiel utilisé dans les sodas, est «peut-être cancérogène pour l’homme», mais la dose journalière considérée comme étant sans risque reste inchangée, a-t-elle indiqué vendredi. 

«Nous ne conseillons pas aux entreprises de retirer leurs produits et nous ne conseillons pas non plus aux consommateurs d’arrêter complètement leur consommation», a déclaré le docteur Francesco Branca, directeur du département Nutrition, santé et développement de l’OMS, lors de la présentation de deux évaluations de cet édulcorant. Le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a pour la première fois évalué le niveau de danger de l’aspartame. Réunis du 6 au 13 juin, ces experts ont conclu que l’édulcorant «était peut-être cancérogène pour l›homme» (groupe 2B de la classification). Selon Paul Pharoah, professeur d’épidémiologie du cancer au centre médical Cedars-Sinai à Los Angeles, «le grand public ne devrait pas s’inquiéter du risque de cancer associé à un produit chimique classé dans le groupe 2B». Parmi les autres produits classées dans ce groupe figure l’extrait d’aloe vera ou l’acide caféique, indique-t-il.  

Neuf à 14 canettes par jour 

La décision de placer l’aspartame dans ce groupe a été prise sur la base des «indications limitées» relatives au cancer chez l’homme, en particulier, pour le carcinome hépatocellulaire, qui est un type de cancer du foie, selon l’OMS. Des indications limitées ont aussi été observées concernant le cancer chez les animaux de laboratoire. «Les indications limitées concernant le carcinome hépatocellulaire proviennent de trois études menées aux Etats-Unis et dans dix pays européens. Il s’agit des seules études épidémiologiques portant sur le cancer du foie», a déclaré aux journalistes la Dr Mary Schubauer-Berigan, du CIRC. Selon le Dr Branca, des études supplémentaires sont nécessaires pour clarifier davantage la situation.

 Le Comité mixte d’experts des additifs alimentaires de l’OMS et de la FAO (agence de l’ONU pour l’alimentation et l’agriculture) s’est quant à lui réuni du 27 juin au 6 juillet pour évaluer les risques liés à l’aspartame. Il a conclu que les données évaluées ne fournissaient aucun motif suffisant justifiant une modification de la dose journalière admissible établie depuis 1981 à un maximum de 40 mg par kilogramme de poids corporel et donc qu’une personne peut consommer de l’aspartame «sans risque» dans la limite de cette quantité journalière. 

Avec une canette de boisson gazeuse light contenant 200 ou 300 mg de cet édulcorant, un adulte pesant 70 kg devrait consommer plus de 9 à 14 canettes par jour pour dépasser la dose journalière admissible, en supposant aucun autre apport en aspartame provenant d’autres sources alimentaires. «Le problème se pose pour les gros consommateurs de produits contenant de l’aspartame, mais nos résultats n’indiquent pas qu’une consommation occasionnelle présente un risque», a-t-il dit.
 

Examen approfondi 

Cet édulcorant sans valeur nutritive est largement utilisé depuis les années 1980 comme édulcorant de table. Il est incorporé aux boissons à faible teneur en calories comme les sodas light, aux plats préparés, aux chewing-gums, à la gélatine, aux crèmes glacées et aux céréales pour petit-déjeuner, ainsi qu’aux médicaments, tels que les pastilles contre la toux, et à d’autres produits comme le dentifrice. 

Réagissant à ces études, l’Association internationale des édulcorants (ISA) a souligné que le groupe 2B place l’aspartame dans la même catégorie que le kimchi et d’autres légumes marinés. Le comité mixte «a une fois de plus réaffirmé la sécurité de l’aspartame après avoir procédé à un examen approfondi, complet et scientifiquement rigoureux», a relevé la secrétaire générale de l’ISA, Frances Hunt-Wood. Mais pour Camille Dorioz, responsable de campagnes de l’association 
 

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