C’est un tableau noir qu’a dressé le Parti des travailleurs (PT), à l’occasion du troisième anniversaire du hirak, à propos de la situation politique et des droits de l’homme et des libertés dans le pays. «L’interdiction de toute activité politique commémorative du soulèvement du 22 février 2019, l’arrestation de dizaines de citoyens et les arrestations continues viennent confirmer, si besoin était, encore la régression sans précédent depuis 1988 sur le terrain des libertés d’opinion, d’expression, d’organisation politique, de presse, de manifestation et rassemblement, arrachées grâce au sacrifice de 500 jeunes», a indiqué, dans un communiqué, le secrétariat du bureau de cette formation politique, pour qui, «la criminalisation/judiciarisation de l’action politique est érigée en système».
«Plus de 300 détenus politiques et d’opinion, des milliers d’interpellations, des centaines de mises sous contrôle judiciaire dans le cadre de procès expéditifs, dans lesquels la présomption d’innocence est systématiquement violée et le droit à la défense formel», rappelle à cet effet le PT.
Pour le parti dirigé par Louisa Hanoune, «trois ans après le soulèvement révolutionnaire du 22 février 2019, qui a ébloui le monde entier par son caractère pacifique et sa profondeur, avec comme exigence centrale le départ du système et non son replâtrage qui signifie son sauvetage, les lois liberticides se multiplient traduisant une volonté assumée de la part des autorités d’encamisoler toute la société algérienne, de caporaliser l’activité politique et la presse pour imposer le maintien de l’ordre ancien rejeté par l’immense majorité, car responsable du désastre».
«Et ces atteintes sans précédent aux libertés, cette répression féroce ont ouvert la voie aux ingérences étrangères de façon inégalée», ajoute-t-on encore dans ce communiqué. Sur le plan socioéconomique, et tout en indiquant que «la récession frappe la production et le commerce des biens et services», le PT a estimé qu’il «ne saurait mépriser toute mesure qui peut soulager un tant soit peu les souffrances de l’immense majorité, corriger des orientations antisociales ou antinationales».
Le parti fait référence au «gel de certaines taxes contenues dans la LF-2022 et l’institution d’une indemnité de chômage de 13 000 DA». Cependant, ajoute cette formation politique, «la réalité est là, les prix continuent de flamber pour les produits de première nécessité, établissant l’impuissance des autorités, leur incapacité à réguler le marché faute d’avoir dégagé les moyens humains et matériels de contrôle, mais surtout parce que le gel de certaines taxes ne saurait à lui seul stopper le chaos lorsque la LF-2022 contient de nombreuses dispositions scélérates antisociales et antiéconomiques meurtrières toujours en vigueur, dont la suppression des transferts sociaux et le retour au bradage du secteur public et nationalisé, sur lequel l’Etat peut s’appuyer pour combattre la spéculation et les pénuries».
Le PT note, en dernier lieu, que «cette allocation chômage ne saurait ramener l’espoir pour les millions de chômeurs en détresse si le gouvernement n’adopte pas un plan d’investissement intensif, incluant l’aide de l’Etat aux entreprises publiques et privées, étranglées par les conséquences meurtrières du confinement, capable de générer massivement des emplois, combiné avec le dégel du recrutement dans la Fonction publique pour combler le déficit énorme en postes d’emplois dans les différents services publics (éducation nationale, santé, etc.)».