Les trois principales priorités des entreprises algériennes durant l’année en cours sont la poursuite de leurs processus de digitalisation, la conquête de marchés internationaux à l’export, ou encore l’amélioration de leur compétitivité par l’investissement. Une année qui s’annonce très encourageante, voire très bénéfique avec des prévisions supérieures aux attentes.»
C’est du moins ce qui ressort d’une récente étude réalisée par le cabinet conseil AGS, basé à Alger. Sous la direction de l’économiste Nazim Sini, auteur de plusieurs études sur l’économie algérienne, le baromètre «Dz500 index» est une étude indicielle élaborée auprès de 500 opérateurs privés et publics les plus représentatifs de l’économie algérienne.
Constitué d’un panel de TPE, PME/PMI et de grands groupes, l’objectif de cet indice est de dresser un panorama de l’environnement économique et des perspectives d’évolution de l’activité selon ces entreprises, indiquent les rédacteurs de l’étude. Cela concerne les entreprises de toute taille, qui évoluent dans divers secteurs d’activités.
Cette première étude a été réalisée de manière ciblée du 5 janvier au 30 mars 2024. L’analyse permet de dégager les résultats des entreprises en 2023, mais aussi les attentes et les projections des opérateurs économiques pour l’année en cours, ajoute-t-on. 75% du tissu économique sont représentés par des entreprises de petites ou de moyennes tailles, c’est-à-dire moins de 500 salariés.
Parmi les résultats de l’étude, il y a lieu de relever que les perspectives d’embauche sur le marché de l’emploi sont globalement positives, puisque 54% des sondés déclarent vouloir recruter cette année au moins 1 salarié. Autres enseignements clés de l’étude, il y a lieu de noter que les entreprises algériennes se sont adaptées et ont fait preuve d’une grande résilience durant l’année 2023. Elles ont réussi à surmonter sans grandes difficultés les menaces qui pèsent sur le marché mais ont été obligées de répercuter la hausse des prix. L’année écoulée fut une année positive en droite ligne avec les objectifs des entreprises. «C’est globalement une bonne année en matière de croissance. L’année en cours offre des perspectives intéressantes, les sondés déclarent dans leur immense majorité être confiants pour le prochain exercice», précise-t-on.
Par ailleurs, et selon les sondés, il a été relevé un manque de diversification dans différents secteurs économiques du pays. Les entreprises qui ont été créées ces dernières années sont essentiellement dans le secteur de l’agroalimentaire, des services et du commerce (restauration, textile, matériels …). Des secteurs dont les taux de rentabilité sont élevés, d’où leur attractivité. Les secteurs à haute valeur ajoutée ne représentent cependant que 15%.
L’immense majorité des sondés ont déclaré que l’année 2023 fut satisfaisante, voire prolifique pour certains d’entre eux. Les opérateurs eux-mêmes s’étonnent d’une telle vigueur et résilience économique pour une année 2023 qui semblait être une année de transition après deux années de crise sanitaire.
Pour ce qui a trait aux principales difficultés durant l’année écoulée pour les entreprises, la difficulté a préserver leurs parts de marché et gagner de nouveaux clients ont été les plus répandues. «On peut dès lors en déduire qu’il y a eu un renforcement de la concurrence», notent les rédacteurs de l’étude. Mais aussi un manque d’innovations dans la conception des offres.
D’ailleurs il y a une progression moins marquée des parts de marché des entreprises pour certaines d’entre elles. La seconde difficulté est la gestion du cycle d’exploitation et de la trésorerie. Les entreprises déclarent avoir eu des décalages de trésorerie. Beaucoup d’entre elles évoquent l’absence d’accompagnement bancaire et la difficulté à placer une partie du cash flow généré lors des précédents exercices (avant Covid). La dernière raison citée est le poids de l’inflation qui a véritablement impacté les marges des entreprises, les poussant à répercuter sur leur prix final cette hausse.
Amélioration du climat des affaires et une réglementation plus souple
Pour les prévisions de croissance en 2024, 66% des entreprises questionnées estiment que leurs prévisions pour cette année sont excellentes, très bonnes ou assez bonnes. Les 2/3 des sondés se disent optimistes pour les mois à venir. Ils prévoient une vraie dynamique de croissance, ce qui devrait se traduire par une croissance visible dans les comptes de résultats. Il s’agit en réalité plus qu’une simple perception mais d’une vraie tendance de fond, chiffrée et inscrite dans les recettes prévisionnelles des entreprises.
Quant aux attentes des opérateurs économiques, qu’ils soient privés ou publics, elles sont majoritairement orientées vers deux exigences : l’amélioration du climat des affaires et une réglementation plus souple. «C’est dire à quel point la législation qui entoure les activités économiques reste parmi les principales préoccupations des entreprises.
Cela s’explique du fait qu’elles ont conscience que leur réussite tient énormément au cadre réglementaire. Si celui-ci est incitatif et attractif, alors elles prospéreront. Ce qui est étonnant, c’est le nombre d’entreprises qui réclame une baisse des impôts de production. Elles ne représentent dans le sondage que 15% du panel. Cela signifie que le problème numéro un des entreprises ne réside pas dans la fiscalité», explique-t-on.
Par ailleurs, la plupart des entreprises déclarent avoir retrouvé leur niveau de chiffre d’affaires d’avant la Covid en ayant rattrapé les pertes de l’époque. Encore plus surprenant, 43% des sondés se disent non concernés par la question, ce qui signifie qu’ils ont été peu affectés par la crise sanitaire ou qu’ils ont très rapidement repris le chemin de la croissance. Cependant 20% des sondés restent tout de même marqués par la crise sanitaire et ont du mal à se relever totalement de la pandémie.
Concernant les perspectives d’embauche, un des indicateurs clés de la bonne santé de l’activité économique, il est plutôt encourageant, même s’il reste loin des intentions d’embauche que l’on pouvait observer par le passé (2016-2020). Cependant, plus de la moitié des sondés déclare avoir pour projet d’embaucher au moins un salarié, ce qui représente un chiffre «tout à fait louable», contre 24% qui temporisent par manque de visibilité. Si les prévisions de croissance se confirment et que l’activité se maintient, il y a de fortes probabilités pour que ces entreprises puissent convertir leur attentisme en intention d’embauche réelle, indique-t-on.
Enfin, et pour les opérateurs sondés, la plus grande crainte pour 2024 est, selon 27% d’entre eux, est que la géopolitique mondiale puisse impacter négativement leurs activités. Les craintes et incertitudes qui pèsent sur le moral des chefs d’entreprise pour cette année se matérialisent autour de trois axes, selon les entreprises sondées : une pression concurrentielle de plus en plus forte ; une inflation mondialisée qui paralyserait l’économie ; un ralentissement global de l’activité dû à une demande en baisse.