Les Gardiens de la révolution, l’armée idéologique de la République islamique d’Iran, ont lancé hier des exercices navals près d’îles stratégiques du Golfe contrôlées par Téhéran, mais revendiquées par les Emirats arabes unis, rapporte l’AFP citant un média d’Etat. «Les exercices navals du corps des Gardiens de la révolution islamique ont commencé mercredi matin pour la défense des îles iraniennes dans le golfe Persique», a rapporté l’agence de presse iranienne officielle Irna.
Le commandant de la marine de l’armée idéologique, Ali Ozmaee, cité par l’agence, a déclaré que les exercices se sont «déroulés près de l’île d’Abou Moussa et autour des îles de la Grande et la Petite Tomb». La durée des exercices n’a pas été précisée dans l’immédiat. Irna a indiqué que les navires des Gardiens de la révolution sont équipés du système de missiles de croisière Ghadir et de missiles balistiques Fath 360. L’armée a également déployé des navires de surface sans pilote, dotés d’intelligence artificielle, ainsi que des avions de guerre, des hélicoptères et des drones aériens, selon l’agence de presse.
Ces trois îles, situées à l’entrée du détroit stratégique d’Ormuz, où transite un cinquième du pétrole transporté par voie maritime dans le monde, sont source de discorde entre les Emirats et l’Iran depuis des décennies. Le Conseil de Coopération du Golfe (CCG), qui regroupe six pays de la péninsule arabique, accuse l’Iran de les «occuper» illégalement depuis 1971.
A la mi-juillet, un haut responsable du ministère iranien des Affaires étrangères a convoqué l’ambassadeur de Russie à Téhéran pour protester contre le soutien exprimé par Moscou aux revendications des Emirats sur ces trois petites îles. La marine américaine a annoncé début juillet que l’Iran a saisi un navire marchand dans les eaux internationales du Golfe, un jour après avoir empêché les forces iraniennes de s’emparer de deux navires pétroliers au large d’Oman. Selon Téhéran, il transportait «plus d’un million de litres de carburant de contrebande».
Quelques jours plus tard, les Etats-Unis ont indiqué déployer un navire de guerre de type destroyer et des avions de combat F-35 et F-16 au Moyen-Orient pour dissuader l’Iran de saisir des embarcations dans le Golfe.
Des différends frontaliers opposent la République islamique à des pays du Golfe. Dimanche, le ministre iranien du Pétrole a indiqué que l’Iran «fera valoir ses droits» sur un champ gazier revendiqué aussi par l’Arabie Saoudite et le Koweït, en l’absence d’une «volonté de coopération» de ces deux pays.
«L’Iran fera valoir ses droits et ses intérêts concernant l’exploitation et l’exploration» du gisement «s’il n’y a pas une volonté de compréhension et de coopération», a déclaré le ministre Javad Owji, cité par l’agence de presse officielle iranienne Shana. Avec des réserves estimées à 220 milliards de mètres cubes, le champ, connu sous le nom d’Arash en Iran et de Dorra au Koweït et en Arabie Saoudite, fait l’objet d’un différend de longue date entre les trois pays. Un accord sur une exploitation conjointe a été signé en mars 2022 entre le Koweït et l’Arabie Saoudite, et qualifié d’«illégal» par Téhéran. Fin juin, l’Iran a annoncé que la compagnie nationale iranienne se préparait à «commencer le forage dans le champ conjoint d’Arash» et le Koweït a appelé, début juillet Téhéran, à s’asseoir à la table des négociations.
Jeudi, le ministre koweïtien du Pétrole, Saad Al-Barrak, cité par la chaîne de télévision SkyNews Arabia, a indiqué que son pays commencerait «le forage et la production» sur le champ gazier, sans attendre un éventuel accord avec l’Iran sur les lignes de démarcation. «L’Iran ne tolérera aucune violation de ses droits», a affirmé dimanche le ministre iranien du Pétrole, assurant que l’Iran a cherché «la voie de la négociation» avec ses voisins.
Le différend à propos de ce gisement remonte aux années 1960 : le Koweït a alors accordé une concession à Dorra à l’Anglo-Iranian Petroleum, devenue plus tard une part de BP, tandis que l’Iran a donné une concession à la Royal Dutch/Shell. Les deux concessions se chevauchent dans une partie du gisement gazier.
Les deux pays ont tenu des négociations durant des années pour résoudre ce désaccord, en vain. En 2001, l’Iran a entrepris des travaux de forage dans le champ, ce qui a poussé le Koweït et l’Arabie Saoudite à fixer définitivement leur frontière maritime et à se mettre d’accord pour exploiter conjointement le champ de Dorra.