La scène politique nationale est dans l’expectative. Une semaine après l’annonce du président Abdelmadjid Tebboune de sa volonté d’organiser, durant son second mandat, un «dialogue national ouvert» pour «l’édification d’une véritable démocratie», rien n’est encore décidé sur la forme, la date et les objectifs de ce chantier politique.
Lors de son discours d’investiture, prononcé mardi dernier, le chef de l’Etat n’a pas donné de détails. «Nous allons intensifier les contacts avec toutes les forces vives de la Nation en vue d’organiser un dialogue national ouvert qui nous permettra de baliser ensemble le chemin qu’empruntera notre pays en matière de consécration de la véritable démocratie. Non pas celle des slogans, mais celle qui donne la souveraineté à ceux qui la méritent», avait-il lancé.
L’engagement a été accueilli favorablement par de nombreuses formations politiques, particulièrement celles de l’opposition qui ont vu, en cette démarche, un début de prise de conscience sur la gravité de la situation engendrée par «le séisme de la présidentielle du 7 septembre dernier». Depuis cette annonce, les services de la présidence de la République n’ont donné aucun autre détail sur le contenu du futur dialogue. Quand est-ce qu’il sera lancé ? Qui y participera ? Y aura-t-il une délimitation du champ de ce dialogue ?
En attendant des réponses à ces questions, la classe politique nationale continue d’exprimer sa vision sur le traitement nécessaire à cette «crise politique nationale», accentuée par un fort taux d’abstention lors du dernier scrutin présidentiel.
Plusieurs partis ont, en effet, insisté sur la nécessité «d’organiser un dialogue différent des précédents, avec comme préalable la libération des champs politiques et médiatiques, ainsi que la libération des détenus politiques et d’opinion». C’est ce que pense d’ailleurs le Parti des travailleurs (PT) qui estime que «même si les questions politiques sont du ressort des acteurs politiques (partis politiques et personnalités nationales), considérant qu’il s’agit d’une question fondamentale, nous pensons que ce dialogue doit inclure l’ensemble du peuple algérien sans exclusion ni exclusive dans un débat national libre et démocratique».
«Ce dialogue, ajoute ce parti, doit permettre de définir la forme et le contenu des institutions et instruments dont a besoin le peuple algérien pour exercer sa souveraineté pleine et entière.» «Mais la réussite d’un tel débat exige la levée de toutes les contraintes qui entravent l’exercice de la liberté d’expression politique, de presse… et donc l’ouverture politique et médiatique effective ainsi que l’arrêt de toute criminalisation de l’exercice des libertés», souligne le PT.
De son côté, le secrétaire national du RCD, «prend acte» de cet appel à l’ouverture d’un débat national. «Mais, en attendant que les contours de ce dialogue se dessinent pour mettre fin à la crise profonde que vit la nation, le RCD estime qu’il est urgent d’aller vers des mesures d’ouverture et d’apaisement avec la libération des champs politique et médiatique et des détenus d’opinion et politiques», note le parti. Même position est également exprimée par l’UCP de Zoubida Assoul.
Pour sa part, le MSP exige aussi «un dialogue national large et inclusif qui permettra l’expression de multiples points de vue», mais qui doit être «différent des dialogues précédents en termes de mécanismes et de résultats obligatoires». Ce dialogue, souligne cette formation, doit ouvrir «l’horizon de la discussion sur les options futures du pays, incarnant le partenariat politique requis, tout en mettant en place un consensus sur une vision centrale et globale pour une Algérie montante, dont le rôle sera central dans la région et dans le monde». «Il (ce dialogue, ndlr) doit déboucher sur des mesures pratiques visant à prendre en charge les problèmes posés, à ouvrir les médias à la libre expression et à convenir d’un programme politique et électoral urgent», précise cette formation.
Pour rappel, l’Algérie a connu, depuis 2011, plusieurs consultations politiques qui ont débouché sur «des réformes, mais sans pour autant vraiment satisfaire l’exigence de la classe politique nationale et de l’ensemble des Algériens». Le futur dialogue annoncé par Abdelmadjid Tebboune sera-t-il différent ?