Des centaines de voyageurs ont frôlé la mort sans le savoir, lorsqu'un incident évité de justesse s'est produit le samedi 24 février. Ce jour-là, un avion Airbus A350-900 d'Ethiopian Airlines, en route d'Addis-Abeba (Éthiopie) à Dubaï (Émirats arabes unis), a échappé de peu à une collision en plein ciel avec un Boeing 787 de Qatar Airways, effectuant le trajet de Doha à Entebbe en Ouganda.
À 12h32 heure locale, le vol Qatar Airways, maintenu à une altitude constante de 38 000 pieds, a reçu une directive erronée des contrôleurs de Mogadiscio (en Somalie, NDLR) pour monter à 40 000 pieds, selon un communiqué de l'aviation civile du Somaliland, un État limitrophe de la Somalie. À ce moment précis, l'A350 éthiopien se trouvait à 39 000 pieds d'altitude, se dirigeant en sens inverse.
Cette confusion a conduit les deux avions à se retrouver presque à la même altitude au-dessus du golfe d'Aden, créant une situation aérienne extrêmement dangereuse. Heureusement, les systèmes d'alerte de collision TCAS (Traffic Collision Avoidance System) des deux avions ont fonctionné correctement, signalant la proximité dangereuse entre les deux appareils.
Grâce au TCAS, les pilotes ont pu coordonner des manœuvres d'évitement verticales, l'un montant et l'autre descendant, évitant ainsi une collision imminente. Sans ces avertissements, une catastrophe aurait pu se produire. Une enquête a été ouverte par l'aviation civile somalienne pour comprendre les circonstances exactes de cet incident.
Cet événement met en lumière les tensions entre la Somalie et le Somaliland, une région séparatiste autoproclamée depuis 1991, non reconnue internationalement. Dans le ciel, les deux entités se disputent la gestion de l'espace aérien régional. En 2019, l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI) avait confié la gestion de l'espace aérien de la Somalie aux autorités somaliennes. Dans son communiqué, l'aviation civile du Somaliland accuse son homologue somalienne d'erreur, tandis que la Somalie a déjà accusé le Somaliland de mauvaise gestion des avions.
En Somalie, des efforts sont déployés pour rassurer la population. L'Agence somalienne de l'aviation civile (SCAA) assure sur Facebook que la sécurité des avions somaliens est pleinement contrôlée et qu'il n'y a aucune insécurité ni danger dans le ciel somalien, malgré l'incident récent.
Cette quasi-collision survient quelques mois après un incident similaire aux États-Unis, où un avion d'American Airlines et un appareil de Tradewind Aviation ont évité de justesse un accident lors de leur atterrissage simultané à l'aéroport JFK de New York en novembre dernier. Ce type d'incidents semble préoccuper les autorités américaines, comme en témoigne la reconnaissance par le secrétaire aux Transports américain Pete Buttigieg de son inquiétude et de l'engagement de son administration à analyser de près la situation. En effet, un rapport de l'Administration fédérale de l'aviation américaine (FAA) avait révélé 46 événements similaires évités de justesse aux États-Unis rien que pendant le mois de juillet 2023.