L’université algérienne revient sur la scène de la vie politique. C’est le chef de l’Etat qui a ouvert ce dossier lors du dernier Conseil des ministres. Cette institution stratégique du savoir est fréquentée par des millions de diplômés depuis sa démocratisation. Elle n’a de cesse de former des promotions successives dans les différentes disciplines de l’activité économique et sociale. De génération en génération de décideurs, le vœu de jeter une passerelle entre ce monde de l’apprentissage et celui de la concrétisation des projets a toujours été formulé avec fort insistance. Dans la réalité, rien n’a été entrepris pour atteindre cet objectif. Loin s’en faut, les réformes introduites dans les sphères universitaires ont éloigné davantage le monde du savoir de celui du travail. Les deux mondes ont ainsi évolué en lignes parallèles sans le moindre signe de se rencontrer. Les formations diplômantes ont cédé la place à un cursus théorique sans fin. Les seuls travaux manuels indispensables se réalisent dans des salles de laboratoire en intra muros. Le manque de moyens pédagogiques dont souffrent nos universités entame le peu de crédibilité qui reste encore à la recherche scientifique de nos facultés. L’isolement entretenu par rapport à tout ce qui se fait à l’échelle internationale déclasse, dans le rang mondial, le niveau de nos établissements universitaires. L’apport même des diplômés algériens revenus de l’extérieur est frappé de suspicion sous de fallacieux prétextes d’équivalence. La seule réforme introduite dans ce secteur remonte à l’année 2002. Il a été question de passer au système LMD calqué sur le modèle étranger. Cette vision a mis fin aux diplômes d’ingéniorat et de technicien supérieur pourvoyeurs de cadres opérationnels, particulièrement dans les secteurs industriels. La suite n’a pu être meilleure, du moment que nos universités forment des chômeurs diplômés ou des cadres sous-évalués dans la vie active.
La nouvelle dynamique engagée dans le plan de développement économique et social du pays par les pouvoirs publics tend à revoir plusieurs paramètres. C’est une vision globale qui met en lumière l’interdépendance des secteurs d’activité et agit à les équilibrer d’abord puis à les renforcer ensuite. La réforme universitaire répond à cet objectif de relier la formation des cadres universitaires et la recherche scientifique avec les besoins du marché du travail. Il n’est pas fortuit de remarquer que de plus en plus de projets innovants sont enregistrés à travers le tissu universitaire national. Il en est de même de l’émergence de start-up en quête de prise en charge financière. Le quantitatif ne doit plus primer sur le qualitatif, comme à l’accoutumée, peut-on comprendre donc de l’esprit de cette réforme. Pour la première fois, un tabou vient de tomber avec l’autorisation de la création d’universités privées, de standard international, susceptibles d’être financées par des banques publiques. Ce qui s’apparente à une véritable mutation qualitative du temple du savoir lance plusieurs chantiers. Ils s’accordent tous à dispenser une formation de haut niveau en adéquation avec les besoins du développement socioéconomique du pays. Il est à espérer que cet ultime remodelage de nos universités ne soit pas un autre épisode dans la série des expériences, menées presque par habitude, à travers le temps.