C’est l’alerte rouge dans la wilaya de Annaba. Le directeur financier et de la comptabilité (DFC) du complexe sidérurgique d’El Hadjar et le chargé du suivi de la production (bobines) de l’unité du laminoir à chaud (LAC) ont été arrêtés dans la soirée d’avant-hier par les éléments de la brigade de recherche et d’investigation (BRI). Plusieurs éléments de la sûreté de wilaya de Annaba se sont déplacés, hier, au complexe pour remettre des convocations, adressées à des cadres de l’entreprise Sider El Hadjar, dont le directeur général adjoint chargé de l’administration (DGA), le secrétaire général du syndicat de l’entreprise et ex-président du comité de participation (CP) et plusieurs prestataires. Ils seront auditionnés, selon nos sources, par des enquêteurs à Alger. Tout porte à croire que ce branle-bas de combat a trait aux conclusions d’un audit, mené durant plusieurs semaines par une commission d’enquête, dépêchée par la Présidence. Les investigateurs ont pu interroger des personnes et éplucher tous les dossiers liés aux anciennes opérations d’investissements. Parallèlement, Kamel Fritah, le secrétaire général de l’Union générale des travailleurs de la wilaya de Annaba, a été arrêté, hier, avons-nous appris de plusieurs syndicalistes. De nombreux griefs sont retenus contre lui, à la faveur d’une minutieuse enquête menée par les limiers de sûreté de la wilaya de Annaba. En effet, il est présumé accusé, entre autres, d’avoir «détourné», en août 2021, l’argent d’une collecte de fonds au niveau de plusieurs entreprises en partenariat avec le Croissant-Rouge algérien (CRA), que l’UGTA a écarté au terme de la collecte.
A combien sont estimés les fonds collectés par l’UGTA auprès des travailleurs dans le cadre de l’opération de solidarité Covid-19 pour acquérir un générateur à oxygène ? Combien a coûté cet appareil de 27 m3/h, installé actuellement dans un hôpital pédiatrique (Sainte Thérèse) ? A combien est estimé le reste de la collecte et quelle a été sa destination ? Telles sont les questions posées par El Watan et des travailleurs de plusieurs entreprises ayant participé à cette action humanitaire à Kamel Fritah, membre du bureau national de l’UGTA. Ce dernier a refusé de rendre publics les fonds. En effet, dans ses multiples réactions, à travers des communiqués et autres précisions, il n’a avancé aucun chiffre, même si l’argent de cette opération appartient aux travailleurs qui, eux, exigent de l’UGTA des comptes. Ils ont même interpellé Labatcha, le désormais ex-SG de l’UGTA, pour briser l’omerta, en vain. Inquiets, des travailleurs et syndicalistes ont déposé, le 23 mai 2022, une plainte au niveau de la Gendarmerie nationale pour l’ouverture d’une enquête à l’effet de déterminer la destination de leur argent, collecté à l’appel de ce membre du bureau national de l’UGTA. «Nous sommes les propriétaires de cet argent, collecté dans le cadre d’une opération de solidarité dont on ignore une année après le bilan. Certes, il y a eu l’achat d’une machine de faible puissance 27 m3/h au lieu de 60 m3/h qui, en la comparant à la somme collectée, nous sommes dans notre droit d’exiger des comptes à l’UGTA qui, à travers une communication publique, doit nous détailler les chiffres des dépenses. Cela confirmera la transparence de l’opération et mettra fin aux doutes des uns et des autres», ont tonné des participants dans cette campagne de solidarité organisée l’année dernière durant la 3e vague de la Covid-19. Contacté pour connaître le prix de cet appareil, le représentant officiel en Algérie de la marque du générateur Goldberg-OxyGold Système, du constructeur turc Eryigit, nous a communiqué les chiffres. Le même générateur que celui acheté par l’UGTA, d’une capacité de 27 m3/h est facturé à 8 947 905,00 DA (79 185 dollars). Selon le dossier du fournisseur, le prix inclut l’achat, le dédouanement, le transport vers Annaba, l’installation et la mise en marche.
Le brancardier et le générateur à o²
Ancien brancardier à la morgue de l’hôpital Ibn Rochd, Kamel Fritah n’a certainement pas la compétence requise pour maîtriser techniquement le choix d’un tel ou tel générateur d’oxygène, encore moins son fonctionnement pour prétendre l’acquérir. Ce qui n’est pas le cas du CRA, dont la majorité des adhérents sont des médecins. Sa présidente aussi. Mais, ce membre du bureau national n’a pas expliqué la raison pour laquelle il a écarté le Croissant-Rouge algérien après la collecte des fonds, même si la vocation du CRA est légalement liée exclusivement à l’action sociale et humanitaire. Le CRA a tout simplement été éloigné sans préavis. Pourquoi alors mentionner la collaboration avec cette association d’aide humanitaire algérienne dans l’appel de l’UGTA aux travailleurs pour collecter des fonds ? Par ailleurs, les conclusions de l’audit du groupe Asmidal, datant de mai 2022, confirment le changement du bénéficiaire d’un don d’un million de dinars du partenaire anglais de l’entreprise Somias dans laquelle il détient 45% des participations. A suivre…