Depuis Marseille, une tribune internationale : «La Méditerranée se meurt et nous ne pouvons rester silencieux»

13/02/2022 mis à jour: 11:26
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«La Méditerranée se meurt»

C’est le journal Le Monde, version papier et numérique, qu’a choisi un collectif de maires du pourtour méditerranéen pour publier une tribune lancée comme une bouée de secours pour sauver «la Méditerranée, mer de tous les passages et de tous les commerces depuis l’Antiquité».
 

Outre des élus français, des édiles tunisiens, espagnols, italiens, égyptiens, chrypriotes, libanais, marocains (et britanniques pour Gibraltar) et même croates (bien que non méditerranéens puisque Split et Dubrovnik donnent sur la mer adriatique). Par contre, aucun élu de la bande littorale algérienne n’est signataire. Nous avons posé la question au service communication de la Ville de Marseille, sans réponse. On ne saura donc pas si les communes algériennes n’ont pas été approchées ou si, contactées, elles n’ont pas souhaité signer.
 

Cela n’empêche pas que le message porté dans la tribune est d’une réalité écologique très actuelle : «Nous, maires des villes et ports méditerranéens, ne pouvons plus accepter la pollution massive engendrée par la circulation de navires obsolètes et dangereux, qui nuit gravement à la santé des populations, contribue au réchauffement climatique, participe à la perte de la biodiversité et mine l’attractivité de nos territoires».
 

Les signataires rappellent que la Grande bleue représente «1% de la surface des mers du globe, mais elle concentre 25% du trafic maritime et 30 % du trafic pétrolier».
 

Rappelant que la biodiversité méditerranéenne est unique au monde, les élus soulignent que «500 millions de personnes peuplent ses côtes et, pourtant, le retard pris dans la protection de la nature et des populations est majeur. Notre jardin commun se meurt, et nous ne pouvons rester silencieux», clament-ils.
 

«UN JOYAU EN PÉRIL»
Le drame écologique est là. Il n’est pas nouveau. Il avait clairement été rappelé en septembre 2021 lors du congrès de l’Union internationale pour la conservation de la nature (à Marseille) sous le thème «la mer Méditerranée est un joyau en péril», en présence de nombreux élus aujourd’hui signataires de la tribune d’alerte.
 

Le constat est là sous les yeux de tous : «Le bassin méditerranéen est en première ligne face aux changements climatiques : canicules, inondations, sécheresses, incendies dévastateurs, montée des eaux. S’ajoute à cela la pollution de l’air causée par les bateaux, parfois hors d’âge, qui la traversent, et ceux qui y sont à quai».
 

La nature en est affectée mais aussi la nourriture avec les ressources halieutiques polluées et tragiquement contaminées, faisant peser des menaces sur le monde vivant de manière générale et les êtres  humains en particulier.
 

Pour la circulation maritime, les élus souhaitent «l’adoption au plus vite d’une zone de réglementation des émissions de polluants atmosphériques, dite zone ECA, en Méditerranée, pour lutter contre la pollution de l’air des navires et réduire les pluies acides qui s’abattent sur notre mer et notre littoral. 
 

Une décennie après la mise en place de zones ECA sur les côtes est et ouest de l’Amérique du Nord, après également les Caraïbes, les mers Baltique, du Nord et de Chine, il est urgent d’agir».
 

Et ils concluent, qu’«est temps d’agir pour tourner la page de l’irresponsabilité écologique» soulignant l’action patiente et résolue des ONG et citoyens en ce domaine sensible et vital.

Paris
De notre bureau  Walid Mebarek

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