La guerre a fait reculer le développement à Ghaza de 69 ans, révèlent des estimations du Programme des Nations unies pour le développement PNUD, et la Commission économique et sociale des Nations unies pour l’Asie occidentale (CESAO).
Les deux agences onusiennes soulignent que la part de la population palestinienne vivant dans la pauvreté va passer à 74%, soit 4,1 millions de personnes, dont 2,6 millions de nouveaux pauvres. La guerre a eu pour effet également de dévaster l’économie palestinienne devenant 35% plus petite qu’elle ne l’était avant l’invasion de l’entité sioniste il y a une année.
Les niveaux de développement dans la bande de Ghaza, révèle encore le rapport onusien, se sont effondrés pour revenir à la situation de 1955. L’Indice de développement humain IDH pourrait aussi chuter, d’ici la fin 2024, à un niveau jamais égalé depuis la constitution de l’Etat de Palestine. «Pour l’Etat de Palestine, l’IDH descendra à 0,643, un niveau estimé pour l’année 2000, faisant régresser le développement de 24 ans.
Et pour Ghaza, l’IDH devrait tomber à 0,408, soit un niveau estimé pour 1955, réduisant à néant plus de 69 ans de progrès. Quant à l’évaluation du même indice pour la Cisjordanie, elle se situerait à 0,676, soit un recul de 16 années de développement, et qui risque de s’aggraver à mesure que les incursions militaires s’étendront. «Les projections de cette nouvelle évaluation confirment qu’au milieu des souffrances immédiates et des horribles pertes en vies humaines, une grave crise du développement est en train de se produire- une crise qui compromet l’avenir des Palestiniens pour des générations à venir», estime Achim Steiner, administrateur du PNUD.
Le même rapport prévoit par ailleurs que le Produit intérieur brut PIB se contractera de 35,1% en 2024 par rapport à un scénario d’absence de guerre, alors que le taux de chômage pourrait atteindre 49,9%.
«Un plan global de relèvement et de reconnexion, combinant l’aide humanitaire à des investissements stratégiques dans le redressement et la reconstruction, ainsi que la levée des restrictions économiques et la promotion de conditions favorables au relèvement, pourrait contribuer à mettre l’économie palestinienne sur la voie de la relance afin de se réaligner sur les plans de développement palestiniens d’ici à 2034», indique la même source.
«Nos évaluations servent à tirer la sonnette d’alarme concernant les millions de vies qui sont brisées et les décennies d’efforts de développement qui sont anéanties», souligne Rola Dashti, secrétaire exécutive de la CESAO.
Malgré la fourniture de l’aide humanitaire chaque année, l’économie ne pourra retrouver son niveau d’avant la guerre que dans dix ans. «Le peuple palestinien a besoin dès maintenant d’une solide stratégie de relèvement rapide qui soit intégrée à la phase d’aide humanitaire et pose les fondements d’un relèvement durable», estime Steiner.