Le Centre de recherche en sciences islamiques et civilisations de Laghouat a découvert un document historique «rare dans sa version originale», la lettre d'un déporté algérien en Nouvelle-Calédonie, un des héros de la résistance populaire menée par Cheikh El Haddad et Cheikh El Mokrani, a fait savoir le directeur du centre, Ahmed Benseghir.
M. Benseghir a précisé, dans une déclaration à l'APS, que dans le cadre de ses recherches sur la vérification des manuscrits, il a découvert «un document historique rare dans sa version originale en rapport avec l'histoire nationale», ajoutant qu'«il s'agit d'une lettre historique adressée par un exilé algérien depuis l'Extrême-Orient, un des héros de la résistance populaire dans l'insurrection menée par Cheikh El Haddad et Cheikh El Mokrani, au calife de l'époque, le sultan ottoman Abdulhamid II».
Ce document rapporte «les souffrances endurées par les prisonniers musulmans algériens lors de leur déportation forcée et leur exil de leur pays vers la Nouvelle-Calédonie, relatant comment ils ont été transportés à travers les mers et les océans pendant cinq mois dans des conditions pénibles, parcourant des milliers de miles, et comment ils ont été abandonnés dans un pays étranger dont ils n'avaient aucun lien ni avec ses habitants, ni avec sa culture et sa langue, et encore moins sa religion».
Il a indiqué que ce document évoque également les tentatives d'évasion des exilés pour regagner leur pays, «certains ayant réussi» comme ce fut le cas pour l'auteur du document en 1298 de l'Hégire, dénommé «Aaziz Ibn Cheikh El Haddad», tandis que d'autres ont échoué, et peut-être avec des fins tragiques pour beaucoup d'entre eux.
Le document révèle, selon la même source, que son auteur avait pris la fuite de son lieu d'exil vers les Lieux saints en 1298 de l'hégire et y est resté. La lettre évoque les retrouvailles, huit ans plus tard, avec son frère (en 1300 de l'hégire), décédé sept ans après à La Mecque où il a été enterré en 1307 de l'hégire. Son sort était méconnu des historiens sachant que les écrits historiques soulèvent un «grand point d'interrogation concernant sa fin, car il était l'un des fils du Cheikh El Haddad», a-t-il dit.
Destiné au sultan ottoman, le document «contient quatre pages en calligraphie moyen-orientale», ajoute le chercheur, faisant remarquer qu'il y a, au moins «deux autres pages manquantes à la fin». Le document a fini dans la bibliothèque familiale de Cheikh Sidi El Hadj Benchaa Benali El Hazourli (Laghouat) qui regorge d'importants manuscrits, a rappelé le chercheur.