Déplacements forcés, utilisation de boucliers humains et raids meurtriers : Israël s'acharne sur le nord de Ghaza

22/10/2024 mis à jour: 09:24
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La guerre génocidaire menée par l’armée d’occupation à Ghaza s’est poursuivie, hier, avec des raids intensifs de l’aviation, des tirs de drones et d’obus de l’artillerie lourde contre la population civile.

Alors que l’armée américaine annonçait l’installation en Israël d’une batterie de défense aérienne, par une centaine de soldats chargés de la faire fonctionner et une aide militaire urgente de 3,5 milliards de dollars (sur les 8,7 milliards de dollars validés) à l’armée sioniste, 57 Palestiniens ont été tués par des raids aériens et des tirs de l’artillerie lourde contre des bâtiments résidentiels et des centres pour déplacés à Ghaza, dont 44, au nord de l’enclave, où la population est assiégée, coupée du monde, de nourriture, d’eau et de soins, depuis plus de deux semaines. 

Ensevelis, des dizaines d’autres personnes n’ont pu être extraites des décombres en raison du refus de l’armée d’occupation de laisser les équipes de secours d’atteindre les lieux bombardés et d’apporter les premiers soins aux nombreux blessés, notamment dans le  camp de déplacés de Jabaliya et dans les zones de Beit Lahia et de Beit Hanoun, où la population  a été soumise à de nombreux ordres de déplacement forcés vers le Sud. Les tirs intensifs de l’artillerie lourde ont visé, dès l’aube d’hier, une école abritant des déplacés, gérée par l’Unrwa, située près de Birket Abu Rashid à Jabaliya, tuant, selon des sources médicales locales, dix Palestiniens et blessant une trentaine d’autres, selon des sources médicales, citées par l’agence de presse palestinienne Wafa, faisant grimper le bilan des victimes des frappes aériennes et des obus de chars d’assaut, à 57 morts et des dizaines de blessés, au milieu de l’après-midi d’hier. 

La Défense civile palestinienne a confirmé, quant à elle,  que plus de 600 Palestiniens ont été tués depuis le début de l’offensive militaire israélienne à Jabaliya, le 6 octobre dernier, en précisant que «des  dizaines de martyrs sont encore sous les décombres et sur les routes», pendant que l’armée sioniste «mène une politique de famine et d’épuisement que certaines des familles rencontrées par les équipes de la Défense civile,  n’ont pas mangé pendant 5 jours». 

Selon des témoins, repris par l’agence Wafa, «les victimes s’étaient rassemblées sur ordre militaire israélien à l'école Kreism gérée par l’UNrwa, lorsqu’un char d’assaut israélien a tiré un obus dans leur direction, tuant dix personnes et blessant plusieurs dizaines d’autres». Quelques kilomètres plus loin, à proximité de l’hôpital Al Yemen Al Sayed, dans le camp des réfugiés de Jabaliya, quatre Palestiniens ont été visés par des tirs de drone, les tuant sur place, alors que trois autres ont été assassinés par des tirs de missiles, tandis que d'autres ont blessé de nombreuses personnes à l’école Al Shawa, refuge des civils déplacés dans la ville de Beit Hanoun. Hier,  des images choquantes de centaines de personnes, parmi lesquelles des femmes et des enfants,  marchant côte à côte à pas lents, après avoir été forcées, par l’armée israélienne,  de quitter leurs maisons. La décision a dû être extrêmement difficile à prendre. Ceux qui ont exprimé leur refus d’abandonner leur terre, ont été exécutés par des tirs d’armes à feu ou de drones, documentés par de nombreuses vidéos, diffusées sur la toile.  Publiée hier, une enquête réalisée par l’Observatoire euro-méditerranéen des droits de l’homme fait état de preuves accablantes de ces crimes de guerre, avant l’affiliation des victimes alors que le journal britannique The Guardian, fait état de graves révélations sur l’utilisation par l’armée d’occupation de prisonniers palestiniens comme bouclier humain lors de leurs opérations militaires. 


560 palestiniens tués en deux semaines

Durant ces 17 jours de siège, 560 Palestiniens ont été tués par l’armée sioniste et au moins 20 000 habitants ont été forcés de quitter les lieux vers le Sud, avec l’incertitude d’arriver à destination et encore moins de retourner à leurs maisons. Dans un post oublié hier sur X, Phillipe Lazzarini, commissaire général de l’UnrwA, a écrit : «La guerre continue sans relâche à travers Ghaza. Nos collègues sur le terrain rapportent que 20 000 autres personnes ont été contraintes de fuir le camp de Jabaliya en quête de sécurité, notamment dans des abris de l’Unrwa.» 

Pour le responsable de l’agence onusienne, «les gens ont tout perdu. Ils ont besoin de tout, de nourriture, d’eau, de couverture et de matelas : le strict minimum». Selon lui, aux perturbations généralisées des communications et d’Internet «signalées» dans la ville de Ghaza et au Nord, s’ajoute  «une grave pénurie de carburant et fournitures médicales» dans «les derniers hôpitaux restants», en précisant que  les pénuries de carburant «affectent aussi l’accès à l’eau».  

Il a souligné que la «douzaine de camions de farine autorisés à traverser la ville de Ghaza cette semaine est loin d’être suffisant», avertissant que «peu de boulangeries de la ville de Ghaza pourraient augmenter leur production de pain pour distribuer aux personnes hébergées dans les abris de l’Unrwa», a écrit Lazzarini avant de lancer cet appel : «Il est temps de mettre fin à la guerre (…). Il est temps de mettre fin au chaos  et à la destruction.» Dans une déclaration à la presse, le responsable des médias de l’Unrwa, Enas Hamdan, a révélé qu’Israël avait «rejeté une demande urgente, soumise par l’agence, d’évacuation des personnes coincées sous les décombres» des bâtiments bombardés par l’armée sioniste. Selon lui, «la famine s’aggrave dans le Nord». 

Il a expliqué qu’au cours  des deux dernières semaines, «nous avons averti à plusieurs reprises que le renforcement du siège de Jabaliya et du gouvernorat du Nord en général rendrait la situation encore plus désastreuse. La poursuite des opérations militaires israéliennes expose des dizaines de milliers de civils à un grave danger». Le responsable  a indiqué par ailleurs que «l’offensive militaire dans le nord de Ghaza coupe l’accès de la population aux produits de première nécessité nécessaires à sa survie, notamment à l’eau», avant de faire ce constat alarmant. 


«Des habitants courant pour sauver leur vie… »

«Le camp de Jabaliya est assiégé depuis plus de deux semaines et nous recevons des informations sur des familles coincées dans leurs maisons, et l’eau et la nourriture sont sur le point de manquer. Des images provenant du camp montrent des habitants courant pour sauver leur vie, sans avoir un endroit sûr où se réfugier.» Abordant la situation du système médical, le responsable a affirmé que «deux des trois hôpitaux restants dans le gouvernorat du nord de Ghaza, l’hôpital Al Awda et l’hôpital indonésien,  ont été directement visés le 18 octobre dernier par des attaques  qui  ont considérablement exacerbé la crise humanitaire que traverse le pays. Le gouvernorat du nord de Ghaza est confronté à une situation  très inquiétante». 

Il a souligné, en outre, que dans «l’hôpital indonésien, des patients sont morts à cause de coupures de courant et du manque de fournitures, et depuis hier (samedi dernier), une demande urgente de l’Onu,  visant à atteindre le nord de Ghaza pour secourir les blessés coincés sous les décombres n’a pas été mise en œuvre par les autorités israéliennes». Le responsable a appelé l’Etat hébreu à «permettre aux équipes humanitaires et de secours d'atteindre sans délai les malades, les blessés et les assiégés, car chaque minute de retard aggrave la catastrophe». 

Entre temps, 18 Palestiniens ont été tués et des dizaines d’autres blessés, par des bombardements ayant ciblé le centre et le sud de Rafah,  et une école de déplacés à Jabaliya. Un bilan qui a grimpé en fin de matinée pour atteindre 26 personnes tuées, dont 18 à Jabaliya, puis ce nombre  a vite grimpé pour atteindre en milieu d’après-midi 57 morts et plus d’une cinquantaine de blessés. Pour sa part, l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a réussi à obtenir une autorisation israélienne «pour évacuer 1000 femmes et enfants palestiniens pour des soins médicaux». 

Dans un communiqué rendu public hier, l’OMS a annoncé que «jusqu’à 1000 femmes et enfants ayant besoin de soins médicaux seront prochainement évacués de Ghaza vers l'Europe». Dans une déclaration à l’AFP, Hans Kluge,  directeur régional de l’OMS, pour l’Europe, a précisé que l’Etat hébreu «s’est engagé à procéder à 1000 évacuations médicales supplémentaires dans les prochains mois vers l'Union européenne» et souligné que «les évacuations seraient facilitées par l’OMS et les pays européens concernés». 

Le Haut-Commissariat de l’Onu aux droits de l’homme (HCDH) a,  de son côté,  exprimé hier son «inquiétude croissante» face à l’offensive militaire contre le nord de Ghaza et a averti que la «combinaison d’attaques incessantes, de déplacements forcés et de restrictions sévères à l’aide humanitaire pourrait équivaloir à une destruction totale de la population palestinienne dans la région». 

Pour le responsable onusien, «la vie est devenue  impossible  pour les civils pris au piège dans le Nord»  en raison «des ordres répétés de se déplacer et de l’accès sévèrement limité aux fournitures humanitaires essentielles, laissant de nombreuses personnes au bord de la famine», ajoutant par ailleurs : «Alors que l’armée israélienne a exigé que tous les civils quittent le nord de Ghaza, elle a continué à bombarder et à attaquer sans relâche la zone, en particulier dans et autour du camp de Jabaliya. 

Ces attaques ont rendu la fuite des civils extrêmement dangereuse», avant d’évoquer : «Les craintes des Palestiniens selon lesquelles leur départ pourrait signifier qu’ils ne seront jamais autorisés à retourner chez eux.» Le responsable a affirmé  que «les forces israéliennes ont détruit des maisons et des écoles servant d’abris, laissant de nombreux civils sans refuge à l’approche de l’hiver», rappelant au passage qu’une «frappe aérienne meurtrière a touché samedi dernier un bloc résidentiel à Beit Lahia, tuant au moins 87 personnes, selon le ministère de la Santé de Ghaza». 

Il a constaté que «les souffrances se sont encore aggravées» alors que les hôpitaux «sont confrontés à de graves pénuries» de carburant et de fournitures médicales, et que les équipes de secours «signalent avoir été bloquées ou attaquées alors qu’elles tentaient de sauver des vies». 
 

 

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