Dégradation générale à Annaba : Opacité et dilapidation des deniers publics

02/07/2023 mis à jour: 02:27
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Des travaux sont réalisés sans contrôle ni respect des normes (photo: El Watan)

En pleine saison estivale, la ville d’Annaba est en chantier. Au lieu d’accueillir les touristes et autres estivants dans les meilleures conditions possibles, le maire de l’ex-Coquette en a voulu autrement. 

D’aucuns se posent la question sur l’utilité d’engager des travaux d’hydraulique en été, sur la corniche et en plein centre-ville tels que l’installation des cunettes autour du Cours de la révolution, la plus importante  place publique de la ville et la rue Ibn Khaldoun, la plus commerçante. Pis, les citoyens d’Annaba s’interrogent : pourquoi changer des poteaux d’éclairage public près du rond-point d’El Hattab, en très bon état, pour les remplacer par d’autres ? 

Si l’APC d’Annaba s’occupe de l’entretien des poteaux électriques, quel est le rôle alors de l’EPIC Eclairage Annaba dont les travailleurs sont souvent sans salaires par manque de plan de charge? Le wali d’Annaba est-il au courant de ce gaspillage caractérisé? Jusqu’à preuve du contraire, n’est-ce pas là une dilapidation des biens publics ? 

Si l’on se fie aux besoins urgents et les graves insuffisances des autres cités de la ville abandonnées à leur sort,  les cunettes, encore moins le changement des poteaux récents n’est pas une priorité. Même la qualité des travaux engage la responsabilité de tous les responsables de la wilaya. «Les trottoirs comme les cunettes, encore moins les dos d’âne ne sont pas installés dans la majorité des cas dans les normes. 

Pour la réalisation d’un simple trottoir, nous occultons les recommandations techniques. Quant à la fameuse cunette qui doit joindre le bitume à la bordure pour déverser de façon étanche les eaux pluviales dans les avaloirs, sans infiltrations sous la couche de roulement, elles aussi ne sont pas, souvent, installées dans les normes. En effet, après chaque pluie, on voit l’eau stagner sur ces cunettes non inclinées suffisamment pour déverser l’eau. 

C’est le principal mal de nos voiries qui conduit à l’érosion de la chaussée et la déstabilisation des bordures de trottoir. Quant à la largeur variante d’un trottoir sur une même voie, c’est dans la majorité des cas une incompétence sinon une négligence d’un artisan, car chez nous c’est à des artisans que les APC confient ce genre de travaux», explique Mr Wahrani, un cadre des travaux publics retraité qui s’interroge, par ailleurs, sur la compétence sinon l’impunité dont jouit celui qui assure le suivi et le contrôle des travaux. 
 

Ras-le-bol des habitants 

Pratiquement, toutes les cités de la ville d’Annaba sont dans un état de dégradation avancée. Les habitants des cités Didouche Mourad, l’Orangerie, les Orangers, 8 Mai 1945, Oued Forcha, la Plaine Ouest crient à qui veut les entendre pour dénoncer un oubli caractérisé des services de la commune du chef-lieu. «Notre cité ressemble beaucoup plus à une agglomération post guerre. Outre un bidonville intra-muros, ses rues sont éventrées et non bitumées. 

La cité Orangerie souffre du même problème au même titre que plusieurs autres. Les routes sont parsemées de nids de poule et de fuites d’eau potable et usée. Y a-t-il un pouvoir qui contrôle les dépenses publiques ?» s’interrogent les habitants de la cité Didouche Mourad, l’une des plus anciennes de la ville. 

Sensée être l’image d’accueil de la ville, l’entrée Est en dit long sur la médiocrité qui règne à Annaba. Tous les palmiers plantés au milieu de la route nationale à l’occasion de la Coupe d’Afrique des joueurs locaux (CHAN) sont morts, renvoyant un paysage désertique. Tellement lugubre qu’ils ont déteint sur la beauté de l’ouvrage de la nouvelle gare maritime qui s’apprête à accueillir les éventuels touristes «européens». 

Révoltés face au silence assourdissant des autorités locales, les habitants d’Annaba interpellent le président de la République Abdelmadjid Tebboune à l’effet de dépêcher les enquêteurs de la présidence pour situer les responsabilités des unes et des autres autorités locales quant à la destination des énormes budgets mobilisés par le trésor public pour des projets structurants et l’amélioration urbaine puisqu’à Annaba, seul l’éclairage LED fonctionne. À suivre. 

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