Déforestation : Une ONG pointe l’inaction de nombreuses grandes entreprises

16/02/2023 mis à jour: 01:55
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Au total, 40% des 500 entreprises sélectionnées pour être «les plus à risque d’accélérer la déforestation» n’ont «aucune politique» dans ce domaine, explique Global Canopy

De nombreuses grandes entreprises et institutions financières qui contribuent, directement ou indirectement, à la déforestation n’ont pas de politique pour protéger les forêts, a alerté mercredi une ONG, pointant le «terrible» retard du secteur financier.

Au total, 40% des 500 entreprises sélectionnées pour être «les plus à risque d’accélérer la déforestation» n’ont «aucune politique» dans ce domaine, explique Global Canopy.

Le rapport annuel s’intéresse à 350 entreprises consommatrices de matières premières liées à la déforestation (bois, huile de palme, bœuf, cuir, papier...) et aux 150 banques et fonds qui les financent le plus. L’étude intervient deux mois après un accord adopté par plus de 190 États sous l’égide de l’ONU pour tenter d’enrayer la destruction de la biodiversité, indispensable à l’humanité.

Ce «pacte de paix avec la nature», appelé «accord de Kunming-Montréal», vise à protéger 30% de la planète d’ici 2030 et à porter à 30 milliards de dollars l’aide annuelle pour la biodiversité dans les pays en développement. Et la Commission européenne a proposé en juin une loi imposant à chaque État membre des objectifs de restauration des écosystèmes (forêts, prairies, espaces marins...) abîmés par la pollution ou l’exploitation intensive. «En finir avec la déforestation tropicale est crucial pour atteindre les objectifs mondiaux» de protection du climat et de la nature, a commenté Niki Mardas, directeur exécutif de Global Canopy, dans un communiqué.

Volkswagen ou encore Savencia épinglés

Parmi les 200 entreprises n’ayant pas de stratégie claire sur la déforestation : le mastodonte de l’automobile Volkswagen et le géant allemand des chaussures Deichmann, ainsi que les groupes agroalimentaires français Savencia et Fleury Michon. Savencia, concerné à travers son utilisation du soja et de l’huile de palme, explique à l’AFP n’acheter «que de l’huile de palme durable» et «s’engage à favoriser les actions collectives menées contre la déforestation liée à la production de soja en Amérique du Sud». Interrogé par l’AFP, Fleury Michon n’a pas souhaité commenter.

Du côté des institutions financières, 92 sur 150 n’ont aucune politique pour limiter la déforestation, dont les plus grands fonds d’investissement du monde. En France, Global Canopy épingle notamment le Crédit Mutuel et le groupe BPCE.

Crédit Mutuel a annoncé en décembre qu’il allait «adopter une politique sectorielle de lutte contre la déforestation» avec des règles de financement publiées à la fin du premier semestre 2023. La banque, qui rassemble 14 des 18 fédérations régionales du groupe Crédit Mutuel ainsi que le réseau CIC, assure que «tous les financements qui pourraient participer, directement ou indirectement, à la destruction des forêts, notamment des forêts tropicales irremplaçables», seront exclus.Au total, les institutions financières scrutées par Global Canopy ont financé à hauteur de 527 milliards de dollars des entreprises sans aucune politique concernant la déforestation. Une centaine d’entreprises, dont Danone, LVMH et Unilever, ont défini des politiques pour endiguer la déforestation pour l’ensemble des matières premières à risque, selon Global Canopy.

Mais «seulement la moitié surveille activement» les fournisseurs et les régions concernés, relève l’ONG, dont le rapport relève toutefois «l’espoir de progrès». «Les entreprises n’ont jamais eu de meilleures données, d’outils et de lignes directrices pour les aider à éliminer la déforestation», note Global Canopy. «2023 est vraiment la meilleure année pour agir sur la déforestation», a expliqué à l’AFP Emma Thomson, autrice principale de l’étude. «Si les entreprises et institutions financières agissent, cela pourrait avoir un grand impact sur la crise climatique et naturelle.»

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