Découverte de tortues marines à Jijel : Des espèces sérieusement menacées

20/08/2022 mis à jour: 17:00
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Les potentiels de nidifications et les dangers qui guettent les tortues marines présentes sur les côtes algériennes demeurent au centre des travaux de recherche au niveau de l’antenne locale du Commissariat national au littoral (CNL) en collaboration avec l’Association Ecologie sans frontières (ESF). 

Pour rappel, un réseau algérien de conservation des tortues marines (Alstnet) a été créé en 2018 par le ministère de l’Environnement et qui appelle à un engagement moral et volontaire des secteurs étatiques ou du mouvement associatif pour la protection de ce reptile. Au sujet de ce dernier, le commissaire de l’antenne de Jijel (Pôle Est) du CNL, Mahmoud Bouhrar rappelle qu’il est apparu il y a 200 millions d’années avec ses 7 espèces marines (Caouanne, verte, imbriquée, de Kemp, olivâtre, à dos plat et luth). 

Si dans la nature, les tortues et leurs œufs constituent une source nutritive pour les animaux, la plus grande menace vient des captures accidentelles, de l’utilisation des carapaces dans la décoration, l’encombrement des plages, la destruction des sites de ponte et les diverses pollutions. 

On ne peut sauter sur les déchets flottants tels que les filets de pêche abandonnés et les sacs en plastique qu’elles prennent pour des méduses et qui sont à l’origine d’occlusions digestives et d’asphyxies. Trois de ces tortues dont le sexe des nouveau-nés est déterminé par la température lors de l’incubation (mâle au-dessous de 29°C, femelle au-dessus de 29°C), sont présentes en Méditerranée. Il s’agit de la Caouanne (Caretta caretta) dont la préoccupation est jugée mineure, la verte (Chelonia mydas), cataloguée en danger et la tortue luth (Dermochelys coriacea) dont le statut de conservation, est «vulnérable». 

On peut identifier ces espèces grâce aux écailles préfrontales, nucales, costales et vertébrales, mais aussi des traces laissées sur le sable (symétriques, asymétriques, profondeur, largeur, marque de queue. 
 

Sensibilisation à l’adresse des plaisanciers
 

Avec une occurrence d’échouage de 13% à l’échelle nationale, la région de Jijel a enregistré depuis février 2016, dix échouages de tortues marines (6 tortues caouanne et 4 tortues luth) ont été recensés dont 5 étaient vivantes. Si quatre spécimens ont été relâchés en mer, la plus récente a été repérée au port de Boudis le 14 juillet dernier, mais n’a plus donné signe de vie depuis quelques jours. Le président de l’Association Ecologie sans frontières (ESF), Nadjib Benayad estimé que cette tortue ne pouvait vivre longtemps dans cet espace caractérisé par une forte présence d’hydrocarbures issus des carburants utilisés par les embarcations.

 Il reviendra sur la campagne de sensibilisation à l’adresse des plaisanciers, mais aussi des plagistes qui sont présents plus de temps sur les plages pour contacter le CNL ou l’association à la vue d’une tortue marine, tout en prévenant contre l’utilisation de flash d’appareil photo de nuit, ce qui fait fuir les tortues. Pour sa part, Mohamed Bourouis, le responsable de l’Agence locale de développement durable de la pêche et de l’aquaculture (ANDPA), évoque l’approche écosystémique pour la protection des tortues marines à Jijel où dira-t-il «plusieurs espèces marines d’importance écologiques ont diminué considérablement durant les dernières années.» 
 

Depuis 2002, ajoutera-t-il, plusieurs cas d’échouages de tortues marines ont été enregistrés, mais les informations restent insuffisantes pour faire un bilan fiable, d’où sa recommandation de renforcer la coordination intersectorielle. 

Pour la nidification, il parlera de témoignage de pêcheurs artisanaux de Sidi Abdelaziz y faisant état durant les années 1980 et 1990 sur la plage Essanawber et de conclure qu’il y a lieu de renforcer la protection et le suivi des zones propices à la ponte de la tortue caouanne. 

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