L’impact bénéfique du télétravail sur le capital provient de la libération à long terme de l’espace de bureau pour d’autres usages, comme l’habitation et le commerce. Si les employés sont basés à la maison deux ou trois jours par semaine, la société a besoin de moins d’espace de bureau, et cet espace peut être utilisé pour d’autres activités.
Le télétravail a été multiplié par dix depuis le début de la pandémie et s’est stabilisé à un niveau quintuplé par rapport à celui d’avant la pandémie. Cela pourrait contrecarrer le ralentissement de la productivité et entraîner une forte croissance économique au cours des prochaines décennies.
Et conjuguée à l’intelligence artificielle (IA) qui génère des résultats supplémentaires, l’ère de la croissance lente pourrait être révolue. Telles sont les conclusions d’une récente étude d’économistes américains de l’université de Stanford en Californie.
Selon cette étude, le moyen le plus simple de comprendre l’impact du travail est de consulter les données d’enquêtes menées aux États-Unis, en Europe et en Asie, qui montrent que le travail hybride représente une augmentation de salaire d’environ 8 %.
Le travail hybride est le modèle typique des employés de bureau, des cadres et des autres professionnels, impliquant généralement deux ou trois jours par semaine loin du bureau.
«Pour comprendre pourquoi les employés considèrent que cela vaut 8 % de leur salaire, notez que les travailleurs typiques passent environ 45 heures par semaine au bureau, mais qu’ils passent près de 8 heures supplémentaires par semaine dans les transports. Ainsi, travailler à domicile trois jours par semaine leur fait gagner environ cinq heures par semaine, soit environ 10 % de leur temps de travail et de trajet hebdomadaire total», a-t-on souligné.
Cette valeur du travail à domicile a un impact considérable sur l’offre de travail. Dans l’économie mondiale, des dizaines de millions de personnes sont en marge du marché du travail. Ainsi, de petits changements dans l’attrait du travail peuvent amener des millions d’entre elles à trouver un emploi.
Cette main-d’œuvre marginale comprend les personnes ayant des responsabilités en matière de garde d’enfants ou de soins aux personnes âgées, les personnes proches de la retraite et certaines personnes vivant dans des zones rurales.
Un exemple de l’impact du télétravail sur l’offre de travail est le nombre d’employés handicapés supplémentaires aux États-Unis, qui a augmenté de 2 millions depuis la pandémie. Cette augmentation de l’emploi des personnes handicapées s’est produite principalement dans les professions où le télétravail est fréquent.
Les employés handicapés en bénéficient de deux façons : d’abord, en évitant les longs trajets domicile-travail et ensuite, en ayant la possibilité de contrôler leur environnement de travail à domicile. Un autre exemple est l’emploi des femmes d’âge mûr aux États-Unis, qui a augmenté d’environ 2 % plus vite que celui des hommes d’âge mûr depuis la pandémie.
Le rôle plus important des femmes dans la garde des enfants pourrait être à l’origine de cette augmentation de la participation des femmes au marché du travail via le télétravail, selon une étude récente. Collectivement, ces effets pourraient augmenter l’offre de main-d’œuvre de plusieurs pour cent.
Libération de l‘espace bureau et moins de recours aux transports
L’impact bénéfique du télétravail sur le capital provient de la libération à long terme de l’espace de bureau pour d’autres usages, comme l’habitation et le commerce. Si les employés sont basés à la maison deux ou trois jours par semaine, la société a besoin de moins d’espace de bureau, et cet espace peut être utilisé pour d’autres activités.
Cela réduit également le trafic pendulaire, limitant le besoin d’infrastructures de transport supplémentaires. Une utilisation plus intensive de notre capital domestique – l’espace et l’équipement de nos maisons et appartements – peut permettre à la société d’économiser sur l’utilisation des transports et du capital de bureau, qui peut être redéployé vers d’autres usages.
Dans les grands centres-villes, environ la moitié du territoire est occupée par des bureaux, et étant donné que le taux d’occupation des bureaux est désormais de 50 % inférieur aux niveaux d’avant la pandémie, il existe un grand potentiel de réduction de l’espace de bureau.
Des données récentes sur la vitesse de conduite montrent que le trafic se déplace désormais d’environ 2 à 3 miles par heure plus vite pendant le trajet du matin, ce qui réduit le besoin d’infrastructures de transport supplémentaires et fait gagner au navetteur typique quelques minutes par jour.
À plus long terme, permettre aux employés de travailler partiellement ou totalement à distance permet également de libérer des terrains actuellement sous-utilisés pour le logement, augmentant ainsi l’offre de terrains utilisables. De nombreuses grandes villes sont très encombrées car la plupart des employés ne veulent pas vivre à plus d’une heure de trajet du centre-ville.
S’ils ne sont au travail que quelques jours par semaine, des trajets plus longs deviennent possibles, ce qui libère de l’espace plus loin des centres-villes pour l’utilisation du logement. Collectivement, ces apports en capital pourraient également augmenter la production de quelques pour cent au cours des prochaines décennies.
Réduction du trafic pendulaire de 10%
En outre, des études classiques menées auprès des entreprises et des particuliers montrent généralement que le travail hybride, qui est le modèle habituel pour environ 30 % de la main-d’œuvre américaine, européenne et asiatique, a un impact à peu près nul sur la productivité.
Le télétravail est bénéfique pour les travailleurs en leur évitant des trajets domicile-travail épuisants et offre généralement un environnement de travail plus calme. Mais en réduisant le temps passé au bureau, il peut également réduire la capacité des employés à apprendre, à innover et à communiquer. Ces effets positifs et négatifs se compensent à peu près, ce qui ne génère aucun impact net sur la productivité du télétravail hybride, selon l’étude.
Le télétravail présente également un autre avantage macroéconomique en termes de productivité: il a un impact positif sur la pollution liée aux transports. Le télétravail a permis de réduire le trafic pendulaire d’environ 10 % aux États-Unis et en Europe.
Cela a permis de réduire la pollution, en particulier les émissions de particules lourdes de faible intensité. Des études sur la santé ont établi un lien entre la pollution et les dommages cognitifs et de productivité. La réduction de la pollution améliore non seulement notre qualité de vie, mais peut également accroître la croissance. Une longue histoire d’effets de taille de marché en économie montre comment les entreprises s’efforcent d’innover pour servir des marchés plus vastes et plus lucratifs.
Lorsque l’on passe de 5 à 50 millions de personnes travaillant à domicile chaque jour, les grandes entreprises de matériel informatique et de logiciels, les startups et les bailleurs de fonds en prennent conscience. Cela conduit à une accélération des nouvelles technologies pour servir ces marchés, améliorant ainsi leur productivité et leur croissance.
Cette boucle de rétroaction a déjà commencé, a-t-on indiqué. La part des nouvelles demandes de brevet déposées auprès de l’Office américain des brevets et des marques qui utilisent à plusieurs reprises les expressions «travail à distance», «travail à domicile» ou des termes similaires est restée stable jusqu’en 2020, mais a commencé à augmenter.
Cela met en évidence l’amélioration des technologies. En somme, les economistes de Stanford estiment qu’en adoptant le télétravail, les gagnants l’emportent largement sur les perdants. Les entreprises, les employés et la société en général en ont tous tiré d’énormes bénéfices.
Le télétravail n’était pas envisageable pour la plupart des gens avant le 11 mars 2020, lorsque la vie professionnelle et la vie privée se sont soudainement confondues. Désormais, les entreprises disposent de données leur permettant de s’en tenir au modèle de travail hybride, a-t-on conclu.