De nouveau la tension entre l’Algérie et la France : Une relation tumultueuse, entre crises et embellies

11/02/2023 mis à jour: 07:06
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La brouille diplomatique actuelle entre Alger et Paris, née de l’exfiltration de l’activiste Amira Bouraoui de Tunisie vers la France, s’inscrit dans une longue liste de crises politiques et diplomatiques, suivies généralement d’embellies. D’intensités différentes, ces crises caractérisent la relation particulière qui existe entre l’Algérie et la France, deux pays réunis par un lourd héritage colonial qui n’arrive pas encore à être surmonté.

De nouveau donc une brouille diplomatique entre Alger et Paris, cette fois à la faveur de l’exfiltration par les autorités françaises de l’activiste Amira Bouraoui de Tunis, où elle était détenue par la police, après son entrée jugée illégale sur le territoire tunisien. Cela a déclenché la colère des responsables algériens, qui ont rappelé l’ambassadeur d’Algérie à Paris et publié, par la voix du ministère des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, un communiqué qui «condamne la violation de la souveraineté nationale par des personnels diplomatiques, consulaires et de sécurité relevant de l’Etat français, qui ont participé à une opération clandestine et illégale d’exfiltration d’une ressortissante algérienne dont la présence physique sur le territoire national est prescrite par la justice algérienne». Pour le ministère, c’est un développement aux relations algéro-françaises.

Paris a réagi en estimant qu’«Amira Bouraoui est une ressortissante française et, qu’à ce titre, les autorités françaises exercent leur protection consulaire».

Cette nouvelle détérioration survient après une période d’accalmie, voire de «lune de miel» entre les deux pays. Le président français, Emmanuel Macron, avait effectué une visite de trois jours, en août dernier, se traduisant par la signature à Alger d’un accord de «partenariat renouvelé entre l’Algérie et la France». Le président Tebboune avait estimé que «la France et l’Algérie sont susceptibles d’aller loin», avant d’évoquer la tenue d’un sommet de très haut niveau réunissant, à Alger, les Présidents et les services de sécurité des deux pays, et cela pour la première fois depuis l’indépendance de l’Algérie en 1962.

Pour sa part, le chef de l’Etat français a déclaré que sa visite a permis de traiter de «tous les sujets sensibles» entre les deux pays. Il a estimé que l’accord de «partenariat renouvelé», qui a été signé, va permettre de faire en sorte que «l’intimité se renforce en ayant un dialogue permanent sur tous les sujets, y compris les sujets qui nous empêchaient d’aller de l’avant, car ils revenaient sans cesse», Emmanuel Macron citant notamment la question de «la mémoire» entre les deux pays et leur histoire qu’il voudrait commune. La visite d’Emmanuel Macron a été suivie de la signature, un mois après, de plusieurs accords de partenariat suite à la venue d’Elizabeth Borne, la Première ministre française.

tebboune au mois de mai à paris

Le président Abdelmadjid Tebboune a annoncé tout récemment une visite officielle à Paris au mois de mai prochain. Interrogé sur la possibilité d’une cérémonie de recueillement du président algérien sur les sépultures des membres de la suite de Abdelkader, héros de la résistance à la colonisation française, enterrés à Amboise, il a estimé que ce serait «un très beau et très fort moment» et qu’il le «souhaitait». «Je crois que cela fera sens dans l’histoire du peuple algérien. Pour le peuple français, ce sera l’occasion de comprendre des réalités souvent cachées», a-t-il encore dit.

Abdelkader (1808-1883) a été détenu à Amboise avec toute sa famille de 1848 à 1842. Emmanuel Macron avait estimé que la colonisation française est «un crime contre l’humanité, une barbarie». Il avait rendu hommage aux victimes de la répression par la police française de la marche pacifique des Algériens à Paris en Octobre 1961. Il a reconnu l’assassinat de Ali Boumendjel. Mais quelque temps après, dans un interview au journal Le Point, il avait estimé qu’il «n’a pas à demander pardon, ce n'est pas le sujet, le mot romprait tous les liens». «Le pire serait de conclure : ‘‘On s’excuse et chacun reprend son chemin’’», dit-il. «Le travail de mémoire et d’histoire n’est pas un solde de tout compte», poursuit-il. «C’est bien au contraire soutenir que dedans il y a de l’inqualifiable, de l’incompris, de l’indécidable peut-être, de l’impardonnable.» Un autre rétropédalage après celui, quelques mois avant, dans lequel il avait émis «des doutes sur l’existence d’une nation algérienne construite», à ses yeux, sur «une rente mémorielle», ce qui avait suscité à ce moment-là une autre crise diplomatique entre Alger et Paris. Toujours en matière d’histoire, il y eut le fameux rapport de l’historien Benjamin Stora, qui avait été jugé incomplet par l’Algérie car n’évoquant ni la question des excuses ni celle de la repentance des autorités françaises. Sur cette question, la relève a été prise par une commission d’historiens français et algériens. Un autre nuage gris est venu également relancer la tension entre les deux pays, mais pas de nature officielle, il s’agit d’un brûlot signé par l’ex-ambassadeur de France en Algérie, Xavier Driencourt, qui ne ménage pas les régimes politiques algériens et qui va plus loin en prédisant «l’effondrement» de l’Algérie, qui «entraînera la France dans sa chute»

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