De la glycémie à l’apnée du sommeil, les appareils connectés multiplient les promesses

08/01/2025 mis à jour: 18:53
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Alors que le marché des objets de santé connectés est florissant, les scientifiques restent sceptiques sur les bénéfices réels de ces technologies.

Les objets connectés envahissent le quotidien avec des promesses toujours plus ambitieuses. Autrefois limités au simple comptage des pas ou à la surveillance des battements cardiaques, ces dispositifs high-tech se diversifient rapidement. Près d'une décennie après le lancement de l'Apple Watch et de sa fonctionnalité ECG en 2018, les technologies portables proposent désormais des services bien plus sophistiqués : mesure du taux de glucose, suivi de l'oxygénation sanguine, détection de l'apnée du sommeil, prise de tension sans brassard, analyse urinaire à domicile, ou encore détection des émotions et gestion du stress. Ce marché mondial, estimé aujourd'hui à environ 60 milliards de dollars, pourrait dépasser les 100 milliards d'ici 2030.

Le boom des objets connectés pour la santé

L'engouement pour ces gadgets trouve un écho particulier dans le domaine de la santé. Selon Anna Barnacka, directrice générale de la start-up MindMics, les montres et autres accessoires connectés changent les mentalités. « Avant les montres connectées, personne n'aurait pensé à surveiller son rythme cardiaque. Aujourd'hui, tout le monde en comprend l'importance », affirme-t-elle. Présente au CES de Las Vegas, MindMics propose des écouteurs capables d'analyser l'activité cardiaque avec une précision comparable à celle d'un équipement médical. Lors d'essais cliniques, leurs oreillettes auraient même détecté des murmures cardiaques liés à une sténose aortique, une pathologie qui nécessite habituellement des examens approfondis.

De son côté, l'entreprise californienne DexCom a récemment introduit sur le marché Stelo, le premier patch connecté sans prescription permettant de surveiller en continu le taux de glucose. Initialement réservés aux patients diabétiques, ces dispositifs pourraient désormais séduire un public plus large, soucieux de comprendre les effets des aliments sur leur métabolisme. « Ce produit peut favoriser une prise de conscience importante », explique Jake Leach, directeur des opérations chez DexCom. Une sensibilisation cruciale alors que près de 100 millions d'Américains seraient prédiabétiques, souvent sans en être conscients.

Des innovations prometteuses, mais des questions subsistent

Malgré les avancées technologiques, de nombreux experts restent prudents quant à la fiabilité des données collectées par ces appareils. « Je suis convaincue que certains de ces produits apportent des bénéfices, mais le processus d'homologation reste déplorable », déplore Diana Zuckerman, présidente du Centre national pour la recherche médicale aux États-Unis. Contrairement aux médicaments, les objets connectés ne font pas l'objet de tests aussi rigoureux avant leur commercialisation.

Des dispositifs comme ceux de DexCom et MindMics ont cependant été validés par des études indépendantes, mais ces validations restent limitées. « Pour évaluer la qualité des mesures fournies par ces gadgets, un accès public aux données serait nécessaire, mais cela n'est généralement pas le cas », regrette Diana Zuckerman.

Tammy Brady, professeure à l'université Johns Hopkins et spécialiste de l'hypertension pédiatrique, partage ces réserves. « En théorie, il serait très utile de suivre la tension artérielle d'un grand nombre de personnes. Cependant, les dispositifs actuels sont trop imprécis pour une utilisation fiable », affirme-t-elle. Membre d'un comité chargé de la normalisation des tensiomètres, elle espère que l'adoption de normes ISO spécifiques aidera les fabricants à améliorer la fiabilité de ces appareils et facilitera leur approbation par la FDA, l'autorité de régulation américaine.

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