Dark Web, réseaux sociaux, cyberpharmacies… : Le trafic de drogue en ligne prospère

16/07/2024 mis à jour: 03:12
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Le trafic de drogue s'est sophistiqué ces dernières années - Photo : D. R.

La vente des drogues en ligne constitue le nouveau défi pour les gouvernements, selon l’Organe international de contrôle des stupéfiants.

Le trafic de drogue prospère sur la planète web. Les trafiquants, qui manquent rarement d’imagination, utilisent de plus en plus des plateformes numériques pour entretenir leur commerce illicite et échapper aux services de lutte contre les stupéfiants. Des moyens sophistiqués sont mobilisés pour développer davantage ce trafic qui pèse aujourd’hui plus de 1000 milliards de dollars dans l’économie mondiale, se plaçant juste derrière les hydrocarbures.

Selon le dernier rapport de l’Organe international de contrôle des stupéfiants (OICS), qui dépend des Nations unies, l’utilisation d’internet dans le trafic a entraîné une hausse de la disponibilité de drogues sur le marché illicite. Les méthodes de chiffrement, la navigation anonyme sur le darknet et les cryptomonnaies sont couramment utilisées pour échapper à la détection, de sorte qu’il est difficile d’engager des poursuites pour des infractions liées à un trafic en ligne.

Les personnes qui enfreignent la loi peuvent transférer leurs activités vers des territoires où elles s’exposent à une répression moins forte ou à des sanctions moins sévères, ou s’installer dans des pays qui leur permettent d’échapper à l’extradition, a alerté l’organe onusien.  L’ampleur qu’ont prise les activités en ligne complique davantage la situation.

«Dans le cadre d’une affaire survenue en France, les services de détection et de répression ont recueilli plus de 120 millions de messages écrits provenant de 60 000 téléphones portables», a relevé ce rapport pour souligner toute la complexité de la nouvelle mission des services de lutte contre ce fléau qui n’épargne personne. «Nous constatons que le trafic de drogues ne se fait pas uniquement sur le Dark Web.

Les criminels exploitent également des plateformes de commerce électronique légales», a indiqué Jallal Toufiq, président de l’OICS. «Les gangs criminels profitent de la possibilité d’atteindre de vastes audiences mondiales sur les réseaux de médias sociaux en les transformant en sites de commerce et en publiant des contenus inappropriés, trompeurs et ciblés par des algorithmes qui sont largement accessibles aux enfants et aux adolescents», a ajouté le même organe.

Cryptage

Pour l’ONU, la lutte contre la drogue à l’ère de l’internet constitue un défi majeur, surtout qu’il y a une disponibilité accrue de drogues illicites sur le web et que les groupes criminels exploitent les plateformes en ligne et notamment les médias sociaux pour écouler leur poison.

Ces nouvelles plateformes et ces instruments de vente permettent une meilleure circulation de la drogue, notamment les opioïdes synthétiques. En effet, l’utilisation des médias sociaux et d’autres plateformes en ligne permet aux trafiquants de drogues de proposer leurs produits à un large public à l’échelle mondiale.

Diverses plateformes de médias sociaux classiques sont utilisées pour le commerce local, et des contenus inappropriés sont largement accessibles aux enfants et au public adolescent, a alerté l’organe onusien qui a mis en évidence la manière dont les criminels déplacent leurs opérations vers des régions où les mesures d’application de la loi sont moins strictes ou les sanctions plus légères, choisissant souvent des pays où l’extradition peut être éludée.

L’usage de ces plateformes mais aussi l’utilisation de méthodes de cryptage dans les communications et les transactions et la navigation anonyme sur le darknet rendent  difficile la mission des enquêteurs qui peinent à remonter ces transactions. L’OICS estime que les gouvernements doivent renforcer leur coopération dans ce domaine tout en insistant sur une nouvelle stratégie de lutte   intégrant tous les aspects relatifs au web.

Car, les plateformes en ligne ont naturellement une portée mondiale. «Il  est d’une importance capitale d’engager une action concertée pour identifier les nouvelles menaces et concevoir des réponses efficaces», a souligné l’OICS qui dit encourager les gouvernements à travailler avec le secteur privé et à s’impliquer dans les projets relatifs à la prévention et à la détection du trafic de drogues et d’autres substances dangereuses en ligne. Ainsi, il est recommandé aux gouvernements d’utiliser les plateformes numériques et les réseaux sociaux pour sensibiliser aux méfaits de l’usage des drogues. 

 

 

 

 



 

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